Comme le rappellent les experts d’Elvup, l’enjeu d’un ensilage de maïs réussi monte facilement à 5.000 ou 10.000€ dans une exploitation laitière. L’organisme de contrôle de performances mène depuis 2014 des essais et des actions de sensibilisation auprès des éleveurs. Le discours qui dit que le grain de maïs ensilage doit être pulvérisé commence à être entendu, et en parallèle les constructeurs améliorent leurs machines. Il est prouvé que les restes d’amidon dans les bouses diminuent quand l’éclatage augmente.
En 2020, Elvup a mené un nouvel essai d’ensilage, avec 23 variétés en comparaison. Une seule machine était en lice, une Krone BigX780 réglée à 14mm de longueur de coupe et 1mm à l’éclateur avec un différentiel de 40% entre les rouleaux. Les organisateurs ont mesuré l’IFG, indice de fragmentation du grain, comme les années précédentes.
Eclateur et chauffeur
Au terme de cette édition 2020 et des précédentes, Elvup met en évidence neuf points de vigilance pour obtenir un bon éclatage du grain. Les plus importants sont l’éclateur et le chauffeur. Sur la plage de 1 à 3mm d’écartement de l’éclateur, une différence de 1mm équivaut à 3-4 points d’IFG. Une différence de 10 points de différentiel de vitesse joue quant à elle sur 5 points. Il faut également prendre en compte la largeur de l’éclateur, le diamètre des rouleaux, le type et le nombre de dents, la pression sur les rouleaux. Le chauffeur tient quant à lui un rôle important selon Elvup, dans la mesure où il doit respecter une vitesse d’avancement raisonnable, sans pousser la machine dans ses retranchements. C’est le gage d’un régime moteur régulier et donc d’une coupe homogène. Qualité de l’ensilage et course de vitesse ne font pas bon ménage.
Usure, variété et temps
À un second niveau arrivent trois facteurs: l’usure de l’éclateur, la variété de maïs et la durée de fermentation de l’ensilage. «Une année de trop avec des rouleaux usés se voit immédiatement dans le silo!», explique un des expérimentateurs. L’effet de la variété est, lui, palpable, jusqu’à 10 points entre deux extrêmes. Malheureusement, il s’avère difficile à prévoir. La fermentation accentue pour sa part le délitement des grains. Entre 0 et 4 mois de silo, le maïs gagne 5 à 10 points d’IFG. Une ouverture trop précoce du silo réduit donc l’accès à l’amidon pour les animaux.
Un conseiller au silo
Enfin, quatre autres points ne jouent qu’un rôle secondaire, selon la série d’essai d’Elvup: l’ensileuse (marque, modèle), la longueur de coupe, la teneur en amidon et la matière sèche de l’ensilage. Pour mettre toutes ces notions à disposition des éleveurs, Elvup lance un «service récolte». Il associe une visite de parcelle avant récolte, un diagnostic au moment du chantier voire des analyses à différents stades. À partir de 230€.
Analyse du maïs grain
À côté de l’ensilage, Elvup poursuit le développement de ses critères de jugement des fourrages et a lancé une analyse granulométrique du maïs grain sec. Le résultat permet de calculer une dégradabilité théorique de l’amidon dans le rumen, dont il s’avère qu’elle est bien plus variable que ne le laissent entendre le stables d’alimentation. Il prend en compte à la fois la taille moyenne des particules et leur homogénéité. Il a été récompensé d’un Innov’Space 2020.
Maïs épi, attention
L’actualité montre qu’il faudra aussi se pencher un jour sur le maïs épi, qui semble avoir du succès. Elvup n’a pas encore d’outil dédié, mais ses spécialistes alertent d’ores et déjà sur les risques de mauvaise conservation quand il est récolté à plus de 65% de MS. Dans ce cas, ils conseillent d’amener de l’eau sur le silo (100l /t) pour créer les conditions d’un départ en fermentation, et de ne pas ouvrir le silo trop tôt. Deux mois d’activité biologique est un minimum, quatre mois l’idéal.
En complément : le comparatif de variétés réalisé en 2019 par Elvup, les enseignements des essais d’éclateurs d’ensileuse organisés par le réseau cuma en 2018 et 2019.