Le carnet de notes agricole connecté, Karnott , doit permettre de consigner informatiquement et automatiquement les travaux des machines et localiser le matériel. Autrement dit, c’est un capteur gros comme une boite de chaussure qui se fixe sur un déchaumeur, une charrue, un tracteur ou tout autre matériel agricole.
L’ensemble des données collectées (localisation, surface travaillée, nombre d’heures d’utilisation, vitesse des outils) sont transmises quasi-directement sur une plateforme en ligne (bientôt l’appli pour 2018) afin de notifier et d’archiver les travaux réalisés par les utilisateurs. En gros, le capteur risque de faire perdre quelques centaines de milliers d’euros aux éditeurs de cahier papier, car il a vocation de libérer les adhérents de cuma de la saisie manuelle dans le traditionnel carnet de notes (qui sert de tableau de bord de chacun des outils utilisés en cuma).
Cet essai est à l’initiative de Guillaume Tranquart de la fédération des cuma Landes – Béarn – Pays Basque.
Données fiables
Une fois réceptionné et installé sur le rotalabour de la cuma du Born (Landes), l’essai du Karnott commence. Le protocole est simple pour les adhérents de la cuma: ne changez rien à vos habitudes. Remplissez le cahier de bord comme si aucun capteur n’était installé sur l’outil. L’objectif: tester la fiabilité des données captées par Karnott et tenter de mesurer les gains de temps. Notez qu’il faut impérativement intégrer son parcellaire à la plateforme en ligne Karnott pour que le suivi de la traçabilité soit véritablement opérationnel. Le plus simple, c’est d’importer son parcellaire Télépac. Sans ça… l’outil n’a pas grand intérêt.
Un mois plus tard, c’est l’heure du constat. Le capteur est passé du roto labour, au tracteur et au pulvérisateur traîné de la cuma. «L’utilisation du boîtier a été jugée très simple, la fixation par aimant permet de le poser facilement sur n’importe quelle surface métallique. La coque a protégé correctement ses composants puisqu’ils fonctionnaient après les nettoyages à haute pression, la pluie, la poussière», constate Guillaume Tranquart.
Pour vérifier la qualité des données, les adhérents se sont mis en mode conseil d’administration «facture». Autrement dit, l’objectif est de comparer les données enregistrées sur la plateforme en ligne et les informations relevées dans les cahiers de notes des adhérents.
Concernant la répartition du travail. RAS. Rien à dire, les données sont correctes à quelques pourcentages près si on les compare avec les données du rotalabour saisies sur le carnet de bord. Le delta dans les données provient de l’absence de saisie du parcellaire de certains adhérents et à des phases de transport non attribuées. Rien d’alarmant, le capteur doit encore évoluer. Concernant le comparatif des surfaces d’hectares travaillées, le capteur parait fiable.
Pour Guillaume Tranquart: «Les résultats du boîtier sont très proches de ceux des carnets, aussi bien sur le total du travail que sur la ventilation par adhérent. L’interface de visualisation des données de Karnott permet de travailler en heure, distance ou surface, de séparer les temps de transport du travail au champ.»
Comparer au carnet de notes
Sans rentrer dans les détails, la solution fonctionne, lorsque le roto-labour entre dans l’une des parcelles de Bastien Perrin, président de la cuma. L’algorithme de la plateforme associe logiquement le trajet entre le lieu de départ de l’outil à l’agriculteur. Puis, il associe les 14 ha travaillés par exemple, d’après la même logique. Ils sont attribués à Bastien, puisque ce dernier a importé son parcellaire en version numérique sur la plateforme en ligne et que pour l’instant, c’est la seule possibilité pour identifier qui travaille avec quoi.
Côté temps de saisie des données avec la méthode classique «carnet – stylo bic», il aura fallu à Bastien près de 2heures et demie pour saisir et valider les données collectées dans le cahier de bord papier de l’ensemble des outils.
Avec le boitier, tout est saisi automatiquement, il ne reste plus qu’aux différents adhérents à vérifier ligne par ligne la bonne attribution des travaux. Hormis les problèmes liés au transport et à la non identification des parcelles travaillées, tout se déroule assez facilement. Il faudra 35minutes pour valider et comprendre les données enregistrées par le capteur fixé sur le roto-labour. Un peu moins pour le pulvérisateur. Soit une heure pour un mois d’utilisation. Au final, c’est moitié moins de temps pour pouvoir préparer la facturation.
La cuma estime que les informations du Karnott sont plus précises que celles du carnet, les adhérents arrondissant souvent les chiffres. «D’après le test, le gain de précision est de l’ordre de 5%», précise l’animateur en charge de l’essai.
Des données à valider
Dans l’état actuel de la plateforme, Ivan Alquier précise que sur l’ensemble des 40outils utilisés par la trentaine d’adhérents de la cuma, ce sont près de 21jours de travail à l’année pour déchiffrer les carnets, saisir les données et réaliser la facturation. «Si on peut déjà réduire ce temps par deux… nous sommes preneurs», insiste-t-il.
Afin de réduire encore ce temps de vérification des données enregistrées par le capteur, Bastien Perrn considère qu’il est essentiel de se connecter régulièrement à la plateforme afin de vérifier la pertinence des données saisies et enregistrées afin d’éviter le casse-tête de retrouver qui a fait quoi six mois plus tôt. «Il ne faut pas tout déléguer au boitier.»
Au global, le ressenti des adhérents de la cuma est bon. Ils prévoient d’investir dans 4 ou 5 boitiers. Par contre, ils maintiendront, durant la première campagne, une double saisie cahiers/capteurs sur les machines afin de se familiariser et d’éviter certains problèmes liés au transport (pas de possibilité d’identifier qui utilise la machine) ou si les adhérents n’ont pas saisi leur parcellaire.
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Économiquement intéressant 1.000euros/an
Solution Karnott: entre 200 et 250€ à l’achat, plus 6 à 10€/mois pour chaque boîtier tout compris.
En prenant l’hypothèse que le temps de saisie et d’analyse des données pour l’établissement des factures à la cuma du Born sur une année nécessite 1 mois de travail (équivalent 21 jours) le coût de cette tâche serait, si l’on prend le montant du SMIC en référence, d’environ 1.600€ (charges patronales incluses).
L’investissement dans 5 boîtiers serait de 1.850€ (250€ par boitier + 120€ d’abonnement annuel) sur trois années d’utilisation, soit environ 600€/an. A cela, il faut ajouter un temps de validation des données estimés au tiers des 21 jours de traitement (le gain de temps), soit 400€ pour obtenir un coût total par an d’environ 1.000€ pour l’utilisation de la solution. Un coût théorique malgré tout plus intéressant dans le cadre de cette utilisation.
Les plus et les moins du capteur
Les plus du capteur Karnott
- Réduction du temps passé sur les carnets papier
- Sécurisation des bulletins de travaux (plus de pertes de carnets)
- Comptage avec précision des travaux pour chaque adhérent
- Très simple à utiliser
Les moins du capteur Karnott
- Rien n’est magique, il faut paramétrer l’application avant une utilisation optimum
- Peu adapté aux activités de transport