La date de la récolte de la culture précédente, comme la météo, font varier les stratégies de semis. Vous en avez identifié trois, quelles sont-elles ?
Il y a une première stratégie à utiliser lorsque la période de développement du couvert est assez restreinte, soit un ou deux mois avec des températures nécessaires à leur croissance. C’est souvent le cas lorsque les étés sont pluvieux et que les céréales tardent à être récoltées. On constate un excès d’eau dans le sol ainsi que son tassement.
Dans ce cas, il faut favoriser les espèces à croissance rapide comme la moutarde blanche, à une dose de 10 kg/ha. Accompagnée de graminées qui prendront le relais lorsque la précédente sera assez développée. On peut alors ajouter de la vesce velue massa (30 kg/ha) ou du seigle, ou du triticale à 80 kg/ha. Pour ce scénario, on peut espérer obtenir entre 2 et 3 tMS/ha. Pour rappel, lorsqu’il y a un mélange, il faut diviser la dose pleine par le nombre d’espèces que l’on multiplie ensuite par 1,2.
Qu’en est-il pour les autres scénarios ?
Lorsque l’été est sec, la vie du sol est au point mort. Même si la date de semis est précoce, autour du 15 août, les graines risquent de ne pas germer rapidement. Raccourcissant ainsi la période de développement de ce couvert à deux mois, voire deux et demi. Dans ce cas, le mélange d’avoine à 100 kg/ha, de féveroles à 130 kg/ha, de radis fourrager à 10 kg/ha, de phacélie à 8 kg/ha, est idéal. On peut y ajouter du tournesol à 20 kg/ha pour l’image de l’agriculture auprès des riverains.
Enfin, quelle stratégie adopter lorsque les conditions sont idéales ?
Cela correspond à un printemps et un été secs jusqu’à mi-juillet. La moisson se termine tôt et laisse le temps à l’agriculteur de semer ses couverts rapidement autour de la mi-juillet. L’humidité de la fin d’été permet un bon développement des cultures pendant trois mois à trois mois et demi. On peut alors viser une récolte de 3 à 4 tMS/ha.
Là, on pourra implanter de l’avoine (100 kg/ha) ou du ray-grass italien (25 kg/ha). On peut y ajouter du trèfle incarnat (15 kg/ha), de la phacélie (8 kg/ha) ainsi que de la moutarde d’Abyssinie (8 kg/ha). Celle-ci permet, avec ses racines pivots fines, de s’infiltrer dans le sol et de fissurer la semelle de labour.
Une fois le bon mélange déterminé, quelles sont les bonnes pratiques d’implantation ?
Selon moi, il faut être opportuniste pour ces types de semis. C’est-à-dire s’adapter aux conditions climatiques. Et donc guetter le meilleur moment pour implanter ces couverts et ne pas le laisser passer. Il y a toujours un bon créneau à prendre. Cela demande d’anticiper ses besoins en semences et de disposer d’un large panel d’espèces. Toutefois, il faut éviter de prendre une espèce de la même famille que la culture suivante. Je pense qu’il faut avant tout privilégier les mélanges d’espèces locales afin de maîtriser les coûts et mettre toutes ses chances de son côté.
Quel travail du sol et type de semis préconisez-vous ?
Il faut faire simple. On peut privilégier un travail du sol superficiel, sauf si le sol est tassé à certains endroits. Le sol doit être meuble en surface. Le semis en un seul passage direct peut très bien convenir. Ou on peut aussi opter pour un déchaumage, un semis à la volée et un passage de rouleau pour rappuyer la graine.
Sur quels aspects ne faut-il pas faire d’impasse ?
Il faut, selon moi, avoir en tête l’objectif de cette interculture longue. Est-ce un aspect réglementaire, une amélioration de l’état biologique du sol, de sa structure, un apport d’engrais, des économies d’herbicides ou une source de fourrage ?
Une fois déterminé, il sera plus facile de choisir les espèces nécessaires pour atteindre cet objectif. Mais il ne faut pas oublier la phase de destruction de ce couvert. Quand l’interculture fleurit, elle a fait son job, c’est le bon moment de la détruire et ainsi éviter qu’elle monte en graine. Il ne faut pas s’interdire de la détruire, chimiquement ou mécaniquement. Il faudra rester vigilant envers les cultures qui restent dans la parcelle jusqu’en février. En cas de période sèche, la culture peut rentrer en concurrence à la suivante concernant la ressource en eau.
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Le constat est positif chez les viticulteurs qui sèment des couverts végétaux