Semaine humide pour les agriculteurs du Pas-de-Calais

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Semaine humide pour les agriculteurs du Pas-de-Calais

Le bassin réservé à recueillir les eaux de pluie a débordé.

Les inondations qui ont touché une partie du Pas-de-Calais ont mis les agriculteurs à rude épreuve. Certains tentent de sauver leurs parcelles, d'autres leurs troupeaux sans oublier de porter secours aux riverains qui ont subit quatre crues en une semaine dans le Boulonnais et le Montreuillois. Du jamais vu pour la plupart d'entre eux.

C’est la quatrième fois en une semaine que les agriculteurs du Pas-de-Calais voient les lits des rivières déborder et affrontent les inondations. « C’est reparti pour un tour, tempête un agriculteur exaspéré de Hubersent, commune du Boulonnais, ce vendredi matin. La cour est de nouveau inondée, le bassin de rétention des eaux de pluie a encore débordé hier soir. Le village est pourtant déjà bien abîmé. » Après avoir reçu l’équivalent de trois mois de pluie en trois semaines, les habitants ne voient la situation s’améliorer.

272 mm en une semaine

En effet, lundi, après de fortes pluies, ce sont d’abord l’Aa et la Liane qui ont débordé. Pendant toute la semaine, les pluies se sont abattues sur le Boulonnais et le Montreuillois sur des sols déjà gorgés d’eau. « Depuis le 1er novembre je compte 150 mm d’eau, lance un agriculteur le 9 novembre dans le ternois. Sans compter qu’il y en a eu autant les deux dernières semaines d’octobre. »

Sur ce point, c’est un peu la guerre des chiffres. Mais quelle que soit la localisation, les cumuls battent les records depuis cette semaine. « En une semaine, il est tombé plus de 250 mm, comptabilise Guillaume Carlu, agriculteur à Parenty et président de la cuma desilex. Et depuis le 18 octobre notre compteur affiche 450 mm. C’est ce qui tombe entre octobre et décembre normalement. » 270 pour un éleveur du village d’à côté.

Compliqué de travailler avec les inondations dans le Pas-de-Calais

Si personnellement, Guillaume Carlu n’est pas touché par les crues, les rues en bas du village sont inondées et les routes qui l’encercle sont barrées. « C’est mieux que lundi, relativise-t-il. Aujourd’hui il y a 60 cm d’eau, lundi c’était un mètre. » À un tel niveau, impossible de passer même en tracteur. Pourtant cet agriculteur le souligne, il est au début de la vallée de la course, petit cours d’eau qui traverse le pays des sept vallées.

inondations Pas-de-Calais

Les prairies en fond de vallée sont inondées.

Chez Thierry Picque, éleveur laitier à Doudeauville, à quelques mètres de la Course, le constat est identique. « Nos étables sont au sec car l’exploitation est un peu surélevée, raconte-t-il. Mais l’avenue d’accès est remplie d’eau depuis lundi. C’est compliqué pour le laitier et l’inséminateur de venir jusqu’ici. »

Des sources qui rejaillissent

Depuis plusieurs jours, une digue de la course menace de s’effondrer, laissant les habitants des villages en aval en suspens. « Pour le moment, elle tient, explique-t-il. Les agents ont essayé de la consolider. On croise les doigts pour qu’elle ne cède pas. » Mais pour ces deux agriculteurs, c’est un peu difficile d’évaluer les dégâts. « On ne sort pas trop, j’estime qu’il y a une dizaine de maisons inondées dans le village », imagine Thierry Picque.

D’un point de vue de l’exploitation, Guillaume Carlu a encore quatre bœufs dans une prairie assez pentue. Pour lui, c’est impossible d’y accéder. Il devra attendre que l’eau s’infiltre ou s’évacue par la rivière. « Mis à part ce cas, lundi après-midi, je me suis dépêché de rentrer le reste des animaux dans les prairies, ajoute-t-il. Nous étions beaucoup d’éleveurs dans ce cas. »

Mais une fois rentrés, les animaux n’étaient pas sauvés pour autant. Dans certaines exploitations, il y a eu des traversées d’eau dans les aires paillées des bâtiments. « J’ai même un collègue de la cuma qui a vu une source rejaillir dans une de ses stabulations », raconte Guillaume Carlu.

La solidarité sur le terrain face aux inondations du Pas-de-Calais

Tous ont en tête les images diffusées à la télévision de deux exploitations à Frencq, à quelques kilomètres de là. Ce mardi, Francis Tardieu n’avait pas pu traire ses vaches laitières depuis deux jours. Et avait perdu dix veaux dans la soudaine montée des eaux. Un autre éleveur, non loin, faisait constater que ses vaches allaitantes ne s’étaient pas couchées depuis 48 heures car elles avaient de la boue jusqu’aux genoux.

inondations Pas-de-Calais

Inondations dans le Pas-de-Calais : certaines stabulations sont remplies d’eau. Crédit :  Ferme St Kilien

Ces agriculteurs se veulent optimistes: s’il y a beaucoup d’eau dans les parcelles et dans le village, ils sont au sec. D’autant que pour le moment, il n’a pas été victime de coupures d’électricité. Une chance quand il faut traire ses animaux. Ni avec la tempête, ni avec les crues. « C’est sûrement parce qu’ils ont refait la ligne électrique qui va jusqu’au méthaniseur. Faut bien qu’il y ait un avantage quand même », ironise-Guillaume Carlu. « Ils annoncent un orage qui vient de la mer, redoute Thierry Picque. Il est mauvais. Alors je me presse de traire mes vaches avant que le déluge n’arrive. »

Les pompes en action

Dans les alentours plus éloignées, le Calaisis ou l’audomarois, les canaux et les parcelles sont gorgées d’eau. Les précipitations sont telles que les routes de campagnes sont barrées ponctuellement. Dans les Flandres, pays des watteringues (canaux), les syndicats de gestion ont actionné deux pompes à eau pour tenter d’évacuer l’eau des canaux à raison de l’équivalent d’une piscine olympique tous les quarts d’heure.

inondations Pas de Calais

Ici, impossible de faire la différence entre les champs et les canaux. Crédit: Fdsea 59-62

Mais une fois encore, la solidarité entre agriculteurs et riverains vient mettre du baume au cœur. « Forcément, avec nos tracteurs, ont essaye de rapatrier des personnes bloquées, reconnaît l’agriculteur de Parenty. Nous sommes sollicités pour créer des digues ou faire des ornières dans les champs pour tenter de retenir l’eau. » Thierry Picque, lui essaye de canaliser l’eau mais en vain. « On donne aussi un coup de main pour vidanger les vides-sanitaires. »

Une semaine qui a mis a l’épreuve les agriculteurs du Pas-de-Calais. Ils espèrent entrevoir une accalmie ces prochains jours. Mais une chose est certaine, la moindre goutte d’eau qui tombe est susceptible de faire déborder le vase.

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