La cuma des Éleveurs du Bergeracois, dans le département de la Dordogne couvre un territoire important. Les adhérents les plus éloignés sont distants de plus de 40 km du site de méthanisation. Une donnée primordiale prise en compte lors de la construction du projet. « Il n’était pas question de transporter du fumier ou du digestat sur une si grande distance », témoigne Joël Fréret, membre du conseil d’administration de la cuma et cogérant de l’installation de méthanisation.
Plus de Cive dans la ration du méthaniseur
En conséquence, un adhérent voisin dont l’exploitation compte 150 vaches laitières approvisionne en effluents d’élevage le site. Il amène ainsi plus de 50 % des intrants. De la même manière, cet agriculteur utilise le digestat comme fertilisant sur son exploitation.
« Mais pour le plan d’épandage, il fallait des surfaces plus importantes. Le digestat est donc également épandu chez des agriculteurs voisins du site qui ne sont pas forcément adhérents. Ils payent uniquement une partie du transport du digestat », indique Joël Freret. À l’avenir, la part des intrants qui n’est pas issue des effluents d’élevage de l’exploitation voisine devrait être amenée à évoluer.
Jusqu’alors cette fraction de matière organique provenait essentiellement des déchets d’industries agroalimentaires du secteur. « Mais avec la montée en puissance de la méthanisation dans le secteur, il y a de plus en plus de tension sur ces intrants, prévoit l’administrateur. Nous allons sûrement devoir inclure plus de culture à vocation énergétique (Cive) dans la ration du méthaniseur. »
Une activité méthanisation qui profite à tous les adhérents de la cuma des Éleveurs du Bergeracois
Bien qu’une partie des adhérents ne puisse pas profiter du digestat et n’apporte pas leurs effluents, le méthaniseur est tout de même bénéfique à l’ensemble des membres de la cuma. « En 2021, nous avons pu baisser de 10 % les factures de toutes les activités de la cuma grâce aux bénéfices des énergies renouvelables, incluant la méthanisation et les panneaux photovoltaïques », se félicite Joël Freret.
Une EURL, dont la cuma est actionnaire exclusive, gère l’activité de méthanisation. L’EURL reverse un loyer à la cuma qui correspond aux remboursements du prêt contracté. En parallèle, la cuma en sa qualité d’actionnaire de l’entreprise percoit les éventuels bénéfices générés par l’activité.
Un modèle en cogénération
Lorsque la cuma des Éleveurs du Bergeracois monte le projet en 2011, la cogénération a le vent en poupe. À l’époque, les tarifs de rachat de l’électricité lui offrent de belles possibilités de rentabilité. Pour valoriser la chaleur, les adhérents décident de construire une serre sur le site. Elle est actuellement utilisée pour sécher des effluents. Notamment ceux d’origine viticole de nature très humide afin de faciliter leur épandage par la suite.
Pour le deuxième projet de méthanisation de la cuma, actuellement en pause, l’injection est privilégiée. « Nous voulions concevoir un deuxième site en cogénération pour sécher du fourrage grâce à la chaleur. Mais l’Ademe nous a redirigés vers l’injection car la production d’électricité et de chaleur n’a plus aucune possibilité de rentabilité. Alors que pour la production de gaz, nous avons encore espoir que le projet puisse se faire. À la condition que les prix des matériaux soient amenés à diminuer », témoigne Joël Freret.
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