La fissuration : le secret d’un lifting efficace pour les prairies

Partager sur
Abonnés

La fissuration : le secret d’un lifting efficace pour les prairies

L'outil comprend un disque ouvreur permet de sectionner le chevelu racinaire, une dent droite et plus fine que celle d’un décompacteur évite le bouleversement des horizons.

La fissuration des prairies aide à redonner de la vigueur aux prairies un peu abîmées ou vieillissantes. Plusieurs études ont été menées pour mettre en lumière cette technique encore peu répandue.

Prairie peu productive, difficultés de démarrage au printemps, couverture hétérogène du sol… Retourner sa prairie n’est plus une fatalité. En effet, quelques études menées en Normandie, dans la Manche plus précisément, montrent l’intérêt de la fissuration de prairies. On vous explique.

Tassement en cause

Si l’agriculteur constate sur sa prairie les symptômes décrits, c’est sûrement le résultat d’un tassement du sol. « La multiplication des chantiers d’ensilage, d’épandage d’effluents dans de mauvaises conditions peut altérer la structure du sol, explique Gabriele Fortino, référent système à la chambre d’agriculture de Normandie. Mais il ne faut pas oublier que le chargement des prairies excessif peut être une des causes », entraînant un nouveau semis ou carrément un abandon de ces parcelles enherbées.

Chez un agriculteur bio, un test de fissuration a été réalisé à l’automne, faute de bonnes conditions météo au printemps. Quatre mois et demi plus tard, plus aucune trace de passage n’est à remarquer et l’avantage est aux légumineuses. « Avec le tassement, les prairies s’appauvrissent en trèfles et laissent la place aux espèces indésirables, estime le référent. L’effet de fissuration redonne de la vigueur aux trèfles, fétuques et ray-grass. »

Fissuration de prairies pour la booster

À cela s’ajoute une amélioration de la structure du sol en profondeur, ce qui permet une exploration verticale des racines. Cela évite aussi l’hydromorphe. Dans certains cas, le rendement en fourrages est doublé. Un autre essai a eu lieu à la ferme expérimentale de la Blanche maison dans la Manche également. Dans le cas d’un passage de fissurateur, on observe un gain de 0,8 tMS/ha lors de la troisième coupe, par rapport au témoin où aucun outil n’est passé. « On constate une meilleure minéralisation de la matière organique, il y a un réel effet de redémarrage au printemps », souligne Gabriele Fortino.

La cuma Lolivaise, située dans la Manche, a trouvé une parade pour faire durer plus longtemps ses prairies. Elle s’est équipée d’un fissurateur Herbasol H305 de trois mètres de largeur, équipé de cinq dents, autant de disques et un rouleur à pneu à cinq roues pour niveler le sol. Chaque élément de l’outil est constitué par un disque ouvreur qui permet de sectionner le chevelu racinaire, une dent droite et plus fine que celle d’un décompacteur qui évite le bouleversement des horizons. L’outil peut aller jusqu’à 10, voire 15 cm de profondeur.

Passage optionnel et onéreux

Acheté en 2017 au prix de 10 220 euros, le fissurateur travaille une cinquantaine d’hectares chaque année. Une surface minimum selon les sept adhérents qui l’utilisent, mais aussi qui varie selon les conditions météo. En effet, le contexte météo est un élément déterminant à la réussite de ce passage. « Il doit être anticipé afin de bien l’inclure dans le planning des chantiers de printemps, mais aussi pour trouver le meilleur créneau, explique le référent. Le sol ne doit pas être trop humide, mais il ne faut pas hésiter à décaler l’intervention si une période de chaleur suit le passage. »

Pour cette intervention, la cuma a choisi d’utiliser un tracteur de petite puissance, 130 chevaux suffisent, pour éviter le patinage. Pour la fissuration, il faut compter environ 55 €/ha, carburant non compris. Le débit de chantier est estimé à 1,5 ha/h.

Fissuration de prairies : peu connu mais efficace

Lorsque l’intervention est faite dans de bonnes conditions, la pratique de la fissuration est efficace. Elle permet d’allonger la durée de vie des prairies.

Toutefois, le passage reste onéreux. « Il est important de se poser les bonnes questions, insiste Gabriele Fortino. Mais aussi de tenter de comprendre pourquoi la prairie est tassée et agir pour l’éviter. » Prévenir au lieu de guérir. L’autre levier est l’achat en commun de ce type d’outil afin de rentabiliser l’achat.

Fissurer avant de semer du maïs

Une partie des essais menés à la ferme expérimentale portait sur le passage d’un fissurateur avant le semis direct d’un maïs. « Les résultats sont favorables à la technique de fissuration, car on a estimé une hausse de 4 tMS/ha par rapport à aucune action aux préalables, annonce Gabriele Fortino. C’est sûrement grâce à une meilleure infiltration de l’eau dans le sol. » Mais aussi une à moindre concurrence avec l’herbe affaiblie par l’outil.

En revanche, si l’indicateur de fréquence de traitements phytosanitaires (IFT) diminue un peu, le temps de travail et la consommation de carburant ne sont pas négligeables. Comptez 35 min/ha et 10 l de GNR/ha.

Pour plus d’information, retrouvez aussi ces articles sur www.entraid.com :

Sélectionner deux matériels de la même famille pour les comparer