Après des études de vente et une expérience professionnelle d’aide comptable pour un journal ariégeois, Christelle ressent le besoin de revenir sur son lieu de naissance et l’envie de travailler dans la production agricole, pour contribuer à apporter une alimentation la plus saine possible.
Elle obtient ainsi son BPREA en 2010 et reprend l’année suivante l’exploitation de son père, suite à son départ à la retraite. Elle rachète le foncier et constitue son propre troupeau pour mettre en place une production de veaux sous la mère. En effet, elle souhaitait avoir un contact privilégié avec les animaux et s’orienter vers un produit fini, de qualité et à bonne valeur ajoutée. La reproduction se fait intégralement par insémination artificielle, sur toute l’année, ce qui lui permet d’avoir des naissances, et donc des ventes, étalées dans le temps.
Aujourd’hui, Christelle possède 26 mères Limousines et 14 tantes Brunes des Alpes. Elle commercialise une trentaine de veaux par an à un abatteur de Saint-Gaudens, dont les produits sont ensuite acheminés au marché de Rungis (et notamment servis sur les meilleures tables parisiennes). Quatre ou cinq veaux sont aussi vendus à une boucherie locale ariégeoise.
L’éleveuse travaille seule sur son exploitation, mais cela ne l’a pas empêchée de se diversifier en 2012, en créant un atelier de cueillette et vente directe à la ferme. Elle produit et commercialise des légumes et des petits fruits. Elle se dit satisfaite de cette activité, qui lui permet de dégager un revenu supplémentaire, même si elle s’avère chronophage: «je propose des produits de saison et de qualité, et ça répond à une vraie demande locale.»
Un outil très fonctionnel
L’éleveuse réfléchit en permanence à l’amélioration de son outil de production et de ses conditions de travail. Elle possède un bâtiment fonctionnel qui lui permet de travailler efficacement et en toute sécurité. En effet, elle a fait construire le bâtiment d’élevage pour que l’espace de tétée soit directement dans la stabulation libre.
Les cases des veaux sont situées à une extrémité du bâtiment. Lors de la tétée, un système ingénieux de couloirs et de barrières facilite la circulation des veaux et l’accès à leur mère (ou tante). Les veaux ne tètent pas tous en même temps (trois ou quatre à la fois). Cela permet à l’éleveuse de s’assurer du bon déroulement de la tétée, d’observer ses animaux, etc.
Par ailleurs, elle accorde beaucoup d’importance au bien-être de ses animaux et à la qualité du produit fini. Christelle a ainsi récemment fait remplacer les barrières galvanisées des boxes des veaux par des barrières en inox. En effet, en léchant le métal galvanisé, les veaux absorbaient du fer, ce qui rendait leur viande plus rouge.
Cela va à l’encontre de ce que recherche le consommateur pour un veau de lait, soit une viande la plus blanche possible. Ce problème ne se pose plus avec l’inox. Elle a également construit un plafond sur les cases à veaux, recouvert de bâches, afin de les protéger du froid et des courants d’air.
Des projets
Mais Christelle n’a pas l’intention de s’arrêter en si bon chemin! Elle prévoit d’aménager une vraie salle de tétée dans le bâtiment existant, et de perfectionner le plafond des cases à veaux, en construisant un vrai plafond en bois, qui serait entièrement paillé pour une meilleure isolation thermique.
Au-dessus de chaque case, une ouverture facilitera le paillage, puisqu’il s’agira simplement pour l’éleveuse de faire tomber la paille du plafond, et ensuite de la remplacer. Enfin, elle envisage d’acheter un buggy électrique qu’elle équiperait d’un racloir afin de nettoyer les boxes des veaux plus facilement, tâche réalisée manuellement aujourd’hui. Cela serait une solution efficace pour gagner du temps et réduire la pénibilité du travail.
Profondément attachée à ses animaux et à la qualité des produits issus de son exploitation, Christelle n’hésite pas à se remettre en question et à échanger avec d’autres éleveurs pour progresser dans ses pratiques et optimiser son travail. «Je travaille à faire un outil le plus performant possible, en vue de la préparation à la transmission.» Prévoyante, même si elle n’en est pas encore à transmettre l’exploitation, et se concentre sur d’autres projets, comme celui de rénover et reconvertir un vieux bâtiment d’élevage de l’exploitation en résidence étudiante à l’année, et touristique en été.
Aurélie Rivière travaille pour le GIE Elevage Occitanie. Elle écrit cet article dans le cadre du projet “Organisation du travail en élevage : diffusion d’expériences réussies en Occitanie”, un projet financièrement soutenu par l’Union Européenne (FEADER) et la Région Occitanie, et porté par le GIE Elevage Occitanie, le Service de Remplacement Occitanie, la FRcuma Occitanie, l’Association des Salariés Agricoles d’Occitanie, Interbev Occitanie, la Chambre d’Agriculture de la Haute-Garonne et les JA d’Occitanie.
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