Myriam Chevillon, à la tête de l’exploitation La ferme des vaches à la rue, emploie deux salariées. L’exploitation compte un troupeau de bretonnes pie noir, de froments du Léon et de jersiaises. Elle transforme le lait en yaourts, crèmes dessert, fromage blanc, gwell* et skyr. Elle adhère pour cela à deux cuma : l’Union (Romillé) et les Exploitants réunis (Langan). La première propose une prestation avec chauffeur. La seconde, quant à elle, lui procure des matériels. Lorsqu’on l’interroge sur les principaux atouts des cuma, l’agricultrice répond spontanément « l’accès à du matériel performant, l’échange avec les salariés », ou encore la technicité des chantiers réalisés, « par exemple, pour le désherbage mécanique ».
Mutualisation des compétences et des matériels
Ainsi, l’andaineur double, la conditionneuse, le plateau, l’aérofaneur ou encore le vibroculteur… qu’utilise Myriam Chevillon sont ceux de la cuma de Langan. L’exploitante apprécie la mixité de ce matériel. La variété d’activités des adhérents permet, finalement, de trouver du matériel adapté à tous. D’autre part, le groupe associe nombre de ses voisins. Myriam souligne l’esprit d’entraide qui y règne.
Et pour d’autres travaux sur la quarantaine d’hectares qu’elle conduit en agriculture biologique, c’est donc la cuma l’Union qui intervient, sous la forme d’une prestation avec chauffeur. Myriam Chevillon lui confie par exemple le labour, les semis, la moisson ou l’épandage de fumier… Au début de son activité, Myriam a dû faire sa place pour être « prise au sérieux », du fait notamment de son élevage atypique.
Mieux intégrer les femmes dans les cuma
Le fait d’être une femme ne facilite les choses. Car « culturellement les femmes ne sont pas associées au matériel agricole mais plutôt à l’élevage », relève-t-elle. Selon elle, il faut aller « vers un changement de mentalité. Cela permettrait de mieux intégrer les femmes dans le monde agricole local. Et cela favoriserait également l’installation des jeunes agricultrices ». Myriam Chevillon pense en particulier à des stagiaires qu’elle a accompagnées sur son exploitation et qui sont confrontées, parfois, à un milieu peu ouvert sur la place des femmes en agriculture.
L’éleveuse n’exclut pas de s’investir davantage dans une cuma, en tant que membre du bureau, par exemple. Pour cela, elle estime qu’il faut « acquérir de l’expérience pour se sentir légitime et avoir des disponibilités pour s’impliquer, tout en jonglant avec la vie de famille ». Mieux intégrer les femmes dans les groupes cuma est un enjeu fort pour l’avenir. Les conditions d’accueil sont primordiales si on souhaite que, demain, des femmes agricultrices s’investissent dans les systèmes coopératifs. L’ambiance dans les groupes, notamment, reste un facteur clé pour faire vivre une bonne dynamique de cuma.
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* Gros-lait traditionnel de Bretagne.