L’herbe hivernale présente des valeurs alimentaires intéressantes
Premier constat, la qualité de l’herbe était au rendez-vous, avec des valeurs entre 16 et 21 % de matière azotée totale. En hiver, des lots de ruminants étaient mis au pâturage avec très peu d’apports de fourrages et concentrés. Ils y ont trouvé « une herbe feuillue et jeune avec de très bonnes valeurs alimentaires », résument les ingénieurs qui ont conduit les essais. Côté zootechnie, les génisses et les bœufs (jusqu’à 24 mois) ont eu des croissances « conformes aux objectifs ».
Pour l’éleveur et ses tâches d’astreinte, l’analyse relaye que le volume de travail diffère d’un site expérimental à l’autre. Globalement, le temps économisé sur la distribution d’aliment et le paillage se reporte largement sur la surveillance et les déplacements d’animaux. À Trévarez par exemple, le lot ‘pâturage’a mobilisé 10 à 20 minutes de travail par jour, contre les 5 à 10 minutes quotidiennes nécessaires pour le lot témoin qui est resté en bâtiment.
2 kg/j de lait en plus par vache
À la ferme expérimentale de Trévarez, un essai a été conduit avec des vaches laitières en production. Et dans ce système en agriculture biologique, les premiers enseignements sont tout aussi prometteurs.
Trois heures par jour, un lot de 25 vaches pâturait l’hiver. En moyenne, chacune a produit 2 kg/j de lait en plus que celles du lot témoin. Les expérimentateurs ajoutent avoir observé cette différence tout au long des huit semaines d’essais et que production supplémentaire s’est faite sans disparité en revanche au niveau des taux.
Dans le même temps, le pâturage hivernal permettait d’économiser, pour chaque vache, 1,3 tonne de matière sèche de fourrage conservé.
Attention à l’état des chemins
Ces résultats notamment présentés au dernier Space sont donc concluants. Il reste toutefois un point de vigilance à propos duquel l’étude alerte. La qualité des chemins et des entrées de parcelles doit suivre.
Cela « peut être un vrai frein à la mise au pâturage », observe ainsi Claire Caraes. La chargée d’études en production laitière biologique à la ferme expérimentale de Trévarez constate ensuite que, concernant le piétinement, cette première année d’expérimentation est plutôt encourageante. « Il n’y a pas eu de dégradation du couvert, la même biomasse était disponible ».
La pousse du printemps n’a pas pâti du pâturage hivernal
Cette conclusion vaut pour les trois sites où ont été conduits les essais. « L’impact du pâturage hivernal n’a pas eu d’effet négatif sur la dynamique de repousse au printemps », abonde Julien Fortin, de la ferme expérimentale bio de Thorigné-d’Anjou. Autrement dit, à même unité, on produit autant de biomasse par surface de prairie. Et la composition botanique des prairies ne semble pas avoir subi de modification.
Mais tous les hivers ne se ressemblent pas. Les essais de l’hiver 2023-2024 permettront d’obtenir davantage de données, notamment sur l’impact du piétinement.
Pour plus d’information, retrouvez aussi ces articles sur www.entraid.com :
- L’entretien hivernal des prairies lance la production du printemps.
- Le fourrage d’automne d’origine herbagère se consomme rapidement.
- Les brebis pâturent et valorisent le couvert d’interculture.
- L’herbe, une culture pérenne, qui se valorise bientôt toute l’année.
- L’autonomie au service d’une rentabilité durable de la production laitière