Épandre oui, mais avec parcimonie

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Épandre oui, mais avec parcimonie

La difficulté réside souvent dans le choix d'un équipement polyvalent. Ici, chargement de l'épandeur de la cuma des Princettes.

Dans un contexte environnemental et sociétal délicat, les épandages d’effluents doivent être maîtrisés et contenus. Ce travail passe avant tout par des équipements spécifiques et coûteux. C’est pourquoi, il est important d’être vigilant lors de ces investissements.

Dans l’objectif de maîtriser l’épandage et de déposer la juste dose au bon endroit, les agriculteurs choisissent de valoriser les effluents jugés ‘faciles’ à épandre.

Les lisiers et compost en tête de liste

Qu’ils soient liquides pour les lisiers ou plus homogènes pour les composts généralement normés, ces effluents sont appréciés pour leur stabilité lors des épandages. En effet, il est plus aisé de contenir leur passage dans les différents équipements qui permettent leur bon dosage. Que ce soit via une rampe ou dans une table d’épandage, les effluents sont ainsi canalisés et maîtrisés. Les équipements en tonne à lisier et épandeurs intègrent généralement des dispositifs de débit proportionnel à l’avancement.

Des équipements supplémentaires indispensables

Le choix de la rampe d’épandage doit être aussi important que celui de la tonne à lisier. En effet, il est primordial de prendre en compte le type de lisier et le parcellaire, pour faire ce choix. Qu’elle soit à simple pendillards, à patins ou à enfouisseurs, la rampe sera l’élément final qui permettra la bonne répartition et limitera les nuisances visuelles et olfactives. L’ajout d’une rampe sur une tonne à lisier doit être bien étudié. Que ce soit sur une tonne neuve ou en service, la rampe va impacter la structure de celle-ci. Il est important de vérifier ce point afin d’éviter des risques structurels importants qui peuvent nuire à la sécurité des utilisateurs et des usagers de la route par exemple. Du côté des épandeurs à table d’épandage, la difficulté réside dans le choix d’un équipement « polyvalent ». En effet, certains épandeurs sont prévus pour épandre uniquement des composts normés et fins. Il faudra inspecter soigneusement la table d’épandage et les modes d’entraînement de celle-ci et du tapis, pour éviter les casses futures en cas d’épandage d’effluents trop grossiers par exemple.

Simple et solide

Nous avons rencontré deux cuma qui ont pris en compte ces éléments pour l’achat d’une tonne à lisier avec rampe pendillards pour l’une et d’un épandeur viticole à table d’épandage pour la seconde. La cuma des Rocs à Juillé a renouvelé sa tonne à lisier en 2019. Dans la perspective d’un possible durcissement de la réglementation, les adhérents ont ajouté une rampe à pendillards. Ce choix s’est réalisé aussi pour améliorer la qualité et la répartition de l’épandage et pour limiter la diffusion des odeurs. La rampe permet également d’épandre directement dans les cultures en place. Le responsable de l’activité, Guillaume Dardillac, revient sur les étapes qui ont permis le choix de leur tonne Pichon TCI de 15 700 litres, avec une rampe de 12 m. Le but était d’avoir une tonne aussi solide que la précédente Joskin, avec un rapport qualité/prix cohérent. Rapidement, le groupe d’éleveurs concerné a mis de côté les marques proposant des équipements inutiles et onéreux. « Nous avons aussi rapidement écarté les offres trop alléchantes avec des tonnes visiblement trop fragiles pour une utilisation avec rampe et utilisé collectivement en cuma. Nous sommes partis sur une machine simple et sans options superflues » explique le responsable.

Une tonne à lisier doit être configurée de façon solide de manière à bien 'supporter' ses équipements. Ici, la tonne à lisier Pichon de la cuma des Rocs.

Éviter les options superflues

Pour le choix final, le groupe de réflexion est allé voir des utilisateurs. L’ensemble de ces démarches a conduit le groupe à choisir une tonne correspondant au rapport qualité-prix souhaité initialement. Après quatre campagnes complètes d’épandages de divers lisiers (lapin, bovin, et porcins), les utilisateurs sont très satisfaits de leur tonne à lisier. Celle-ci a un châssis et des équipements (double essieu, bras de pompage latéral et rampe) solides. Il y a eu néanmoins quelques pannes. Mais ces dernières sont liées à de l’usure (tuyaux pendillards et broyeur) et à une mauvaise utilisation (vitesse excessive sur route et débit hydraulique) par les adhérents. Par rapport à ces points négatifs, Guillaume conseille de prévoir une unité hydraulique indépendante pour éviter les soucis hydrauliques. Quant aux excès de vitesse qui usent prématurément les pneumatiques et exposent les adhérents à des accidents routiers, il est délicat de les gérer sans installer des boîtiers traceurs, et instaurer un règlement intérieur dissuasif.

Pouvoir épandre une diversité d’effluents

Les viticulteurs de la cuma des Princettes à Saint- Eugène [17], ont également renouvelé leur épandeur viticole en 2022. La particularité du groupe était de disposer d’un épandeur à table d’épandage pouvant gérer une diversité d’effluents. La présence d’éleveurs locaux donne accès à du fumier. En parallèle, la champignonnière de Pons commercialise du compost local normé. L’épandage de ce dernier ne pose pas de difficultés particulières aux épandeurs viticoles à compost. Mais il est important de disposer d’une table d’épandage bien dimensionnée avec une alimentation de préférence mécanique pour pouvoir passer les fumiers. Actuellement, le marché des épandeurs « à fumier » étroits, équipés d’une table d’épandage pour intervenir dans les vignes, est restreint. En effet, l’offre est plus orientée vers des appareils spécifiques aux composts et/ou bouchons organiques normés. Ces derniers appareils sont parfois incompatibles avec des composts « maison » trop grossiers.

Un épandeur robuste

La cuma des Princettes connaît bien la situation. C’est pourquoi rapidement, le groupe de viticulteurs s’est orienté vers la marque Dangreville qui propose un épandeur robuste avec des hérissons bien dimensionnés. « Nous avons fait un état du marché fin 2021. Malgré l’apparition de nouvelles marques et d’autres modèles qui pouvaient répondre à nos attentes, nous avons fait le choix de la robustesse et de la proximité avec le renouvellement par le même concessionnaire. Cet épandeur étroit à table d’épandage propose une transmission 100 % mécanique qui est un gage de sécurité pour un matériel partagé en cuma et recevant tout type de fumiers. Par rapport au précédent épandeur acheté en 2017 au nouveau, il y a eu des évolutions notables qui ont également convaincu les viticulteurs de la cuma. En effet, le nouvel appareil dispose d’une véritable table d’épandage à hérissons horizontaux et d’un volume plus important tout en gardant un gabarit intéressant dans les vignes. Nous avons également ajouté l’option du DPAE qui est malgré tout sous-utilisée aujourd’hui » indiquent les responsables de la cuma.

La cuma des Princettes a opté pour un matériel Dangreville avec DPAE.

Le choix de la sécurité

Quelle que soit la filière concernée, les cuma doivent sécuriser leur achat autour de l’épandage des effluents. Ces outils sont en effet très sollicités, tant sur la parcelle avec des effluents parfois délicats à épandre, qu’au transport avec des outils remorqués chargés et manœuvrées à des vitesses importantes. Il en va de la sécurité des usagers de la voie publique et des utilisateurs lors des chantiers d’épandage. Un outil bien dimensionné et robuste est gage de satisfaction pour les adhérents.

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