Le «programme national de réduction des polluants atmosphériques» (PREPA), adopté en 2017, vise à réduire les émissions d’ammoniac et de particules. Il vient d’être complété par un «guide des bonnes pratiques agricoles», réalisé par le Citepa pour le compte de l’ADEME. Ce document a pour but d’aider les agriculteurs à choisir les mesures les plus efficaces dans ce domaine. Par nature, il n’est pas contraignant mais il faut toutefois noter qu’en cas d’épisodes de pollution de l’air, les préfets pourront s’appuyer sur ce référentiel pour limiter, conditionner ou interdire des matériels ou des manières de travailler sur un territoire.
14 fiches
Le guide, dans sa version synthétique (développements à venir), compte 14 fiches. Elles couvrent une série de sujets: ajuster l’alimentation des bovins, des porcins, des volailles; adapter la gestion des fumiers/lisiers au bâtiment pour les bovins, les porcins, les volailles; réguler l’ambiance du bâtiment: laveur d’air et brumisateur; couvrir la fosse à lisier; augmenter le temps passé au pâturage par les bovins; introduire des légumineuses dans le système cultural afin de limiter le recours aux engrais azotés; optimiser les apports d’azote; utiliser les meilleures techniques d’apport des produits organiques; choisir des engrais azotés minéraux simples moins émissifs; utiliser les meilleures techniques d’apport des engrais azotés minéraux simples.
Enfouir les effluents
Voyons ce qu’il en est pour les épandages de fumier et de lisier, qui sont abordés dans la fiche n°12, pages 42 à 44 du guide. Contrairement à ce qui a pu être dit sur le terrain, la loi PREPA n’interdit formellement aucun matériel «en général» et en particulier, les buses palettes. Cette fiche n°12 développe trois axes:
- utiliser une rampe à pendillards pour épandre l’effluent liquide,
- enfouir le lisier,
- incorporer les lisiers et fumiers dès que possible après l’épandage.
Elle indique par exemple qu’une incorporation immédiate réduit de 90% les émissions d’ammoniac et que dans les 4 heures, ce taux tombe à un niveau de 45 à 65%. L’enfouisseur est pour sa part crédité d’une réduction des émissions de 70 à 90%. On peut donc imaginer que le choix resterait par exemple entre la buse palette suivie immédiatement d’un cover-crop (donc chantier à 2…) et l’enfouisseur.
Quoi acheter?
Cette évolution en faveur de la qualité de l’air rejoint celle touchant les eaux de surface (nitrate) voire localement des contraintes sanitaires, en production avicole. Elle va questionner les agriculteurs et Cuma ayant un projet d’investissement en matériel d’épandage de lisier. Peuvent-ils se contenter d’une buse palette? Au service agroéquipement de la Fncuma, la réponse est «oui, mais». Les experts préconisent depuis 2017 de choisir au minimum une tonne dont le châssis peut recevoir ultérieurement une rampe ou un enfouisseur. C’est un atout dans la perspective de la revente, pour ces matériels qui restent longtemps sur le marché. Tout en sachant bien qu’un rétro-équipement n’est pas simple et s’accompagne notamment de besoins nouveaux en hydraulique. Ils soulignent aussi que l’ammoniac retourné au sol représente autant d’engrais minéral économisé, ce qui facilite l’achat d’un équipement plus performant économiquement et écologiquement. Par ailleurs, ces investissements peuvent aujourd’hui être subventionnés par les Régions, ce qui allège la facture. Une aide appréciable pour franchir le pas.