Formation initiale : l’enseignement agricole au diapason coopératif

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Formation initiale : l’enseignement agricole au diapason coopératif

Lors des journées périgourdines, les questions sont parfois très techniques, mais ils s’interrogent aussi sur les bonnes pratiques du vivre et travailler ensemble.

Sur le terrain, il y a bien longtemps que cuma et établissements scolaires travaillent ensemble. Depuis quelques années, l’enseignement fait l’objet d’actions plus larges, destinées à donner à voir concrètement aux élèves ce que gagnent les agriculteurs à travailler ensemble. Baisses de charges, accès à l’innovation, emploi partagé : des cordes supplémentaires à l’arc des futurs installés.

Agriculteur, agricultrice ? Un métier passion s’il en est. Les futurs nouveaux installés, de plus en plus, souhaitent vivre « normalement ». Ils souhaitent rester maîtres de leurs choix, se dégager des revenus corrects et du temps libre. Trois demandes auxquelles cuma et coopératives peuvent répondre concrètement. Ces organisations sont pourtant peu connues des futurs agriculteurs non issus du monde agricole, voire parfois déconsidérées par ceux qui en proviennent.

Voici comment les cuma sont en train de renverser la vapeur, avec le concours des enseignants.

Dordogne : dissection des charges de méca « en live »

Pour la quatrième édition de cette journée d’initiation à la coopération auprès des jeunes, c’est le Lycée agricole de Labrie à Monbazillac qui a accueilli les quatre ateliers du matin, auxquels ont participé les élèves du lycée de Coulounieix et Ireo, les maisons familiales de Thiviers et Vanxain. Les élèves de terminale et Bts ayant déjà participé à ces journées les années précédentes ont bénéficié d’une formation spécifique à la maîtrise des charges de mécanisation sur le logiciel de diagnostic Mécagest. Des simulations ont permis d’approfondir cet aspect primordial sur une exploitation grâce à l’exploitation anonyme de vrais chiffres, issus de vraies exploitations.

Les trois autres ateliers, sur la maîtrise des charges, le travail partagé et la coopération en général, se sont adressés aux élèves des classes de Cfa et Cfppa. L’après-midi a été consacrée aux visites dans des cuma, ou chez les maraîchers du groupe de Serres & Monguyard de la cuma Pays’en Graines.

Landes – Pays Basque : dynamiter les idées reçues

La fibre coopérative n’est pas innée. Il revient aujourd’hui aux responsables professionnels de cuma et des autres coopératives de la transmettre aux jeunes. Cela nécessite d’écouter leurs attentes et de prendre du temps pour expliquer ce qu’est la coopération et de ce qu’elle apporte en dehors d’un prix.

Pour dynamiter les idées reçues – des deux côtés – et intéresser les futurs exploitants au fonctionnement coopératif au plus tôt, la fédération des cuma organise depuis 4 ans un Forum de la Coopération, destiné à tous les élèves des établissements agricoles publics et privés. Objectif : faire découvrir aux étudiants mais également à leurs enseignants le fonctionnement des coopératives, quelle que soit leur échelle ou leurs activités.

Cette année, pour alimenter les échanges, les élèves ont mené une enquête auprès de leurs maîtres d’apprentissage, afin d’apprécier leur vision de la coopération à travers le prisme de toutes les structures auxquelles ils adhèrent. Un travail qui a permis d’alimenter le débat, lors du Forum, avec les professionnels. Anne Detaille, directrice du Legta de Pau-Montardon, témoigne :

«C’est un partenariat qui s’inscrit dans la durée, suite aux échanges que nous avons à la suite du forum. Cela s’est avéré particulièrement intéressant, parce que les élèves ont fourni un travail de préparation de qualité, en interrogeant leurs maîtres de stage, et parce le débat leur a permis d’échanger avec des gens qui comptent dans la profession.»

«Ces intervenants ont apporté un éclairage très direct, très clair. Ce temps d’échange a permis à la fois d’apporter une vraie vision du monde coopératif aujourd’hui et d’alimenter le débat. Nos jeunes, qui sont fils et filles d’agriculteurs en majorité, connaissent parfois la coopération, et parfois il faut aussi casser les idées reçues.»

«On ne connaît pas bien les modèles de production de demain. Ce qui est sûr c’est que s’il n’y a pas un minimum de compréhension des phénomènes collectifs et de la solidarité. Ces futurs professionnels ne pourront pas bien s’y insérer. Notre public -élèves, apprentis, stagiaires adultes – a aussi besoin de voir et d’entendre que ces démarches concertées, collaboratives, sont extrêmement constructives.»

«Ils ont vraiment intérêt à bien comprendre le mécanisme et les bénéfices de la coopération. Ils peuvent leur apporter à de multiples niveaux, bien sûr financier, mais aussi intellectuel, au niveau des échanges sur les pratiques… le collectif et la collaboration sont très riches. Après il fait bien comprendre ce que l’on fait, et ce type de travail y contribue.»

Aude – métiers agricoles : ouverture de la chasse aux clichés

Stop aux clichés sur les métiers de l’agriculture. Les établissements scolaires sont de plus en plus nombreux à participer aux journées Hype, organisées chaque année dans l’Aude pour casser les stéréotypes. Une douzaine d’établissements, publics et privés, participe à cette opération ludique et pédagogique, organisée par la chambre d’agriculture, le lycée agricole Charlemagne, la fédération des cuma, les JA et l’Arefa.

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En 2015, lors des journées Hype, la fédération des cuma de l’Aude a mobilisé la cuma de Villalier. Elle a déplacé son chef d’atelier avec une machine à vendanger et une moissonneuse batteuse. Objectif : montrer aux élèves que l’informatique embarquée est très présente dans le monde agricole.

Au-delà des jeux, des ateliers thématiques (machinisme agricole, horticulture, viticulture, grandes cultures…) permettent à des professionnels de s’exprimer sur leur quotidien. Ils font part aux élèves de la diversité, de l’autonomie et des compétences qui sont nécessaires dans les métiers agricoles. L’occasion aussi de montrer que l’agriculture est aussi pourvoyeuse d’emplois qualifiés, mais aussi dits classiques, par exemple de secrétaires de cuma.

Basse-Normandie : groupe tracteur et innovation au menu

La fédération des cuma a invité l’hiver dernier les établissements scolaires agricoles bas normands à la rencontre des cuma les 1er, 2 et 4 février. Trois d’entre elles ont accueilli plus de 350 jeunes en formation agricole, de la seconde jusqu’au Btsa, en passant par des Bprea en formation adulte. Au chaud sous les hangars, les étudiants avec leurs professeurs ont pu suivre trois ateliers d’une vingtaine de minutes.

  1. Qu’est-ce qu’une cuma ? Organisation, valeurs, facettes des cuma, métier de salarié de cuma,…
  2. Economie et sensibilisation aux charges de mécanisation et au fonctionnement des groupes tracteur.
  3. Machines et innovations en cuma avec un focus sur les critères de choix de son tracteur, les résultats d’essais…

A l’issue de ces ateliers, les étudiants ont pu poser des questions aux responsables et salariés.

Indre-et-Loire : des cuma examinées sous toutes les coutures

Le concours ‘‘À la rencontre des cuma’’ est destiné à faire connaître les cuma auprès des jeunes des établissements d’enseignement agricole. Il est organisé tous les ans par la fdcuma Indre-et-Loire en partenariat avec la Banque Populaire. L’année dernière, huit groupes étaient en compétition. La classe de seconde BacPro Cgea du Cfaad des Fondettes, a remporté le premier prix (1.000€) grâce à son dossier très argumenté sur la cuma du Colombien. Deuxième prix : la classe de première année Bts agroéquipement du Cfa de Sorigny. Elle a rencontré et «étudié» la cuma très dynamique du Val de Veude, qui vient de renouveler sa désileuse automotrice RMH.


Pour aller plus loin sur la formation de salarié et l’enseignement agricole, vous pouvez retrouver nos articles :

« Prendre des risques, c’est plus facile à plusieurs »

  • Formation agriculteurs Dordogne

Une formation loin des certitudes

  • Stage en agriculture de conservation, animé par Frédéric Thomas, dans le cadre du réseau cuma Auvergne Rhône-Alpes

Avancer plus efficacement en groupe

  • Stage en Lorraine prometteur : « améliorer le fonctionnement de ma cuma »

Formation : de la qualité de la récolte aux réglages sur moissonneuse-batteuse

  • Témoignages dans l’Ain et les Hautes-Pyrénées sur la formation des agriculteurs sur la qualité de la récolte et sur les réglages de moissonneuses-batteuses.

Supplément formation Entraid' paru en février 2018.

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