Léo Berard, éleveur de brebis et cochons, vient de créer le Gaec de Saulnier à Bourdeaux avec son père François. Il n’a pas vraiment choisi la formation : «Notre cuma, les Cénobites Tranquilles, venait d’acheter du matériel de travail du sol, si bien que tous les membres devaient suivre une formation pour bénéficier des subventions.»
S’il n’avait pas vraiment de motivation, Léo a tout de suite mordu : «Il s’agit d’une rupture forte avec les méthodes conventionnelles. Je n’ai pas perdu ma journée, c’était passionnant ! Le spectre des TCS est assez vaste : à terme, on obtient un gain de temps et de fortes réductions en coûts de mécanisation. En formation, nous avons abordé le matériel, nous sommes allés sur le terrain étudier un profil de sol, et avons discuté des techniques à mettre en place.»
A la cuma, ils sont cinq adhérents : «Tous en bio, dont un paysan boulanger, plus un exploitant forestier qui nous a rejoints pour le tracteur et une machine
d’agro-foresterie.» Devenus adhérents pour l’épandeur à fumier, Léo et son père ont suivi pour le premier déchaumeur, puis le tracteur…»
Préserver le sol
Auparavant, ils faisaient faire le labour par un voisin. «On est passé au semis direct depuis 6 ans : on déchaume deux fois, après on sème. C’est moins de travail, et le sol est préservé.»
De nombreux paysans alentours travaillent sans labour, innovent. «Nous sommes plus ou moins avancés, on échange beaucoup». De son côté, Jordan Magnet, de la cuma de Roche-Colombe, s’est installé comme naisseur-engraisseur de porcs en plein air sur de la lande, à Soyans, et a récupéré 20ha de son oncle parti à la retraite : 10 en conventionnel, et 10 en reconversion bio, consacrés aux céréales tournesol, orge, blé.
«Je suis plus éleveur que céréalier, le labour n’est pas une activité à laquelle je tiens. Le côté simplifié des TCS m’attire. J’ai vu ce qui peut se faire. C’est compliqué en bio, mais intéressant. Il faut passer plus de temps au champ, moins sur le tracteur.»
Des cochons dans la rotation derrière une céréale
Il a commencé : « Sur 20 ha labourés, j’en maintiens 12, et je me contente de déchaumer le reste. De là à tout semer en couverts végétaux…» Son implantation de luzerne n’a pas été concluante, mais il y avait tellement d’eau…
«Avec une seule saison de récolte, je n’ai pas de recul, et je sais que tout ne se fera pas du jour au lendemain. Nous avons un gros travail de tests à mener sur notre sol.»
Prochaine étape : intégrer ses porcs dans la rotation derrière une céréale. Ils vont déjà sur des parcelles de son père, éleveur de chèvres. Motivé pour se former ? «Je vais tout le temps à la recherche d’info», note Jordan.
Quant à Léo, il repart bientôt en stage avec son père dans le Gers approfondir les TCS. «Comme on travaille tous les deux sur les terres, autant le suivre ensemble. On ira deux fois plus vite !»
Le B-A BA des TCS avec Frédéric Thomas
La coupe étudiée au champ en creusant sur 50 cm a impressionné les stagiaires. À travers les différentes couches, bien distinctes à l’oeil, elle a révélé l’histoire de la parcelle, commentée par Frédéric Thomas. Chacun doit redécouvrir son sol, comprendre son fonctionnement agronomique, et bien mesurer les effets de chaque intervention. Avec une bonne pratique des TCS, la rotation des cultures, les couverts végétaux, la biodiversité, le semis direct…, cette distinction des couches s’efface peu à peu, signe que la vie du sol est restaurée.
Pour aller plus loin sur notre thématique « formation », vous pouvez retrouver notre article :