Elevages laitiers : de plus en plus de capitaux à reprendre

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Elevages laitiers : de plus en plus de capitaux à reprendre

Le repreneur peut raisonner aussi la valeur économique de l’exploitation en fonction de sa capacité de remboursement.

Selon les réseaux d’élevage Inosys, la valeur nette comptable des exploitations laitières progresse en moyenne de 15 000 €/UTA/an. Une situation qui complique la transmissibilité des élevages. Analyse.

Quatre représentants des chambres d’agriculture des Pays de Loire, de Normandie et de l’IDELE ont analysé à partir des données du réseau Inosys, la valeur de l’exploitation laitière. Ce sujet est de plus en plus aigu. Alors que bon nombre d’exploitations laitières seront à reprendre dans les dix prochaines années, la question du financement du capital d’exploitation se complique. En 2012, le montant du capital dans une exploitation laitière s’élevait en moyenne à 220 000 € par unité de travail annuelle dans le Grand-Ouest. En 2022, on en est à 380 000 €. Cela correspond à une augmentation moyenne de 15 000 €/UTA/an.

380 000 €/UTA en 2022

Cette évolution est d’autant plus problématique qu’en parallèle, la rentabilité du capital mobilisé baisse. Celle-ci atteint généralement 16 à 20 %. Florine Gervais, Guillaume Chevalier, Jean-Claude Huchon et Julian Belz qui ont planché sur ce sujet, ont présenté la liste des critères de transmissibilité. Ce qui permet de mieux cerner la valeur de « reprenabilité » de son exploitation.  Les cédants peuvent ainsi positionner leurs exploitations sur différents points de comparaison.

Plusieurs calculs de valeur de l’exploitation laitière

  • Le contexte de l’exploitation : dynamique laitière, sensibilité aux aléas (climatiques, économiques, sanitaires, …), débouchés (valeur ajoutée, AOP, lait de foin, potentiel de vente directe, …), la pression foncière.
  • L’outil de production : proportion de foncier en location (plus il y en a, moins l’investissement sera élevé en début de carrière …), surface et parcellaire (potentiel agronomique, éclatement parcellaire), nombre de propriétaires, état de l’outil de travail (bâtiment et matériels, surfaces, santé et génétique du troupeau).
  • Les résultats technico-économiques : la production (l/VL), prix de revient, EBE/1000 l, marge brute de l’atelier (€/1000 l hors aides), revenu disponible par UMO, nombre de litres par UMO, présence d’une activité de diversification (culture à forte valeur ajoutée, méthanisation, …).
  • Les conditions de travail : nombre de jours de congés (week-end, semaines de vacances), temps de travail (heures d’astreinte, pics saisonniers), facilité de remplacement.

Valeur nette comptable, patrimoniale, ou valeur de rentabilité ?

On utilise peu la première méthode, plutôt favorable au repreneur. Mais elle sert souvent de base de calcul. « La valeur patrimoniale correspond à une approche plus détaillée calculée sur la base d’estimation réalisée par des experts » notent les auteurs de cette étude. Cette méthode est plutôt favorable au cédant. Enfin, la valeur de rentabilité de l’exploitation repose sur une approche globale de l’outil de production. Et en filigrane, sa capacité à dégager de la rentabilité. Cette troisième méthode est plutôt favorable au repreneur.

En société, l’estimation de la valeur d’entreprise est transférée en valeur de la part sociale. Au moment de la cession de l’exploitation, on tiendra compte aussi des montants des comptes-courants associés qui devront être repris tôt au tard par la société, indiquent les observateurs du réseau Chambre et de l’Idele.  Avec cette trame d’indicateurs, l’enjeu est d’objectiver la valeur réelle de la ferme laitière à reprendre.

Valeur de l’exploitation laitière et capacité de remboursement du repreneur

Celle-ci peut être raisonnée également en fonction de la capacité de remboursement de l’acquéreur liée à son objectif de rémunération (1, 2 ou 3 SMIC), de ses annuités de remboursement (montant, durée et du taux d’emprunt). S’ajoutent à ce chiffrage, deux autres postes de charges à ne pas négliger :

  • La marge de sécurité nécessaire pour sécuriser son projet (10 % de l’EBE).
  • Les annuités supplémentaires consécutives à la remise en état de l’outil. Cela peut être par exemple un chaulage à prévoir, des clôtures à envisager, une mise au normes à faire …

Ce dernier critère peut faire évoluer considérablement la valeur de l’exploitation. Exemple type d’ une exploitation laitière spécialisée des Pays de Loire avec 40 % de maïs dans la SFP, 2 UMO à 2 SMIC chacun (soit 66400 €), un EBE de 148 000 € et 665 000 litre vendus. Sa valeur économique va varier de :

  • 0,9 €/litre si l’on prévoit des annuités de remise en état équivalentes à 5 % de l’EBE.
  • 0, 8 €/litre avec des annuités de remise en état de 10 % de l’EBE.
  • 0, 5€/litre avec des annuités de remise en état de 20 % de l’EBE.

Dans cet exemple, la valeur de l’exploitation agricole laitière peut aller quasiment du simple au double, notent les auteurs de l’étude.

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