Après avoir calculé le coût de détention de 4 modèles de moissonneuse-batteuse, cette étude Rayons X s’intéresse au coût d’un chantier de moisson. Ce dernier s’appuie sur une valeur moyenne de prix d’achat constatée sur le terrain (achats récents en cuma), qui va servir à différentes simulations. Nous partons d’une moissonneuse de 460 ch à 6 secoueurs, dotée d’une coupe à céréales de 7,70 m. L’ensemble coûte 290 000 € et va tourner 180 heures batteur par an, sur environ 500 ha. Il en résulte un coût de détention de 178 €/h, pour une machine détenue 8 ans.
Composition du coût d’un chantier de moisson
Le chantier affiche alors 98,60 €/ha, carburant et main-d’œuvre compris. Avec 40 % du total, la décote constitue le premier poste, suivie du carburant, qui pèse 25 %. Les frais d’entretien arrivent juste derrière, 18 %, devant la main-d’œuvre et les frais financiers à quasi égalité.
Pour qui n’intègre pas son temps de conduite, le coût de détention de notre moissonneuse-batteuse étalon s’élève à 90,40 €/ha.
Effet surface sur le coût d’un chantier de moisson
Première question : que se passe-t-il si la moissonneuse fait plus ou moins que les 180 heures batteur prévues ?
Prenons par exemple un volume annuel de 40 h en plus ou en moins. Soit 22 % d’écart dans les deux sens. Dans le premier cas, il peut s’agir d’une région au climat plus favorable, avec des cultures diverses mais accessibles à la coupe à céréales, ou bien des parcelles de précocité différente. Dans tous les cas avec des dates de récolte plus étalées. À un rythme de 220 ha/an, le coût total du chantier descend de 8,5 %, pour atteindre 90,20 €/ha.
Dans l’autre sens, on imagine une région maritime où les créneaux de travail pour battre des céréales sont très réduits. Ou bien d’un utilisateur voulant sécuriser à tout prix sa capacité à récolter dans les temps. Si la moissonneuse-batteuse ne tourne que 140 h/an, la facture s’alourdit forcément. Elle monte à 112 €/ha, soit un surcoût de 14 %.
Un deuxième équipement
L’étape suivante pour mieux rentabiliser une moissonneuse-batteuse consiste à la doter d’un second équipement de récolte, en particulier un cueilleur à maïs si elle possède de base une coupe à céréales. Elle fera ainsi deux saisons au lieu d’une dans l’année. Le phénomène inverse peut également arriver, par exemple dans le Sud-Ouest, avec des machines acquises d’origine avec un cueilleur à maïs et qui s’en vont récolter des céréales suite à l’achat d’une coupe. La formule de l’intercuma se prête notamment à ce type de fonctionnement.
Nous gardons notre moissonneuse de 460 ch à 6 secoueurs, mais dotée cette fois d’une coupe à céréales de 7,70 m et en plus d’un cueilleur à maïs 8 rangs. L’ensemble est acquis pour 350 000 € et va tourner 220 heures batteur par an, sur environ 620 ha. Il s’agit d’une hypothèse prudente, car on peut espérer gagner plus en volume d’activité. En première estimation, nous restons sur les mêmes bases horaires de frais d’entretien ou de consommation de carburant et sur un même débit de chantier moyen (2,8 ha/h). On pourrait effectivement affiner les calculs et introduire des différences entre céréales et maïs.
Le coût de détention de la moissonneuse avec sa coupe et son cueilleur, sur 8 ans, s’élève alors à 176 €/h, quasiment au même niveau que précédemment. Même équivalence pour le coût unitaire : 98,10 €/ ha tout compris, et 89,90 €/ ha hors conduite. Ainsi, dès lors que notre moissonneuse assurerait ses 180 h/ an de céréales et dépasserait 40 h/an de maïs, et donc le seuil des 220 h/an au total, le coût du chantier baisserait. Il resterait toutefois à savoir si les surfaces de maïs à gagner se situent dans l’environnement habituel de la machine, ou s’il faut prévoir des frais de déplacement pour aller à l’autre bout du département ou plus loin encore.
Effet débit de chantier sur le coût d’un chantier de moisson
Nos calculs se basent ici sur un débit de chantier de 2,8 ha/h. Il est important de savoir comment ce critère influence le résultat, notamment dans le cas où les déplacements entre adhérents/parcelles influencent ce paramètre. Faisons-le donc varier de 15 % en plus ou en moins.
En situation favorable : grandes parcelles régulières, petit rendement, fauche haute, vidange en marche, le débit passe par exemple à 3,2 ha/h. Le potentiel de la machine est dans ce cas de 580 ha/an. Le coût du chantier avec main-d’œuvre tombe à 86,30 €/ha, soit 12,5 % en moins. En excluant la conduite, la facture s’élève à 79,10 €/ha. Dans l’autre sens, il se peut que le débit soit limité par le parcellaire, un gros rendement ou un gros volume de paille, de la verse ou des pertes de temps à la vidange.
Partons sur 2,4 ha/h au lieu des 2,8 prévus. À fenêtres climatiques égales, le potentiel de la machine tombe à 430 ha/an. Le coût total du chantier monte dans ce cas à 115,10 €/ha, soit 17 % en plus. Sans la main-d’œuvre, ce chiffre atteint 105,50 €/ha.
D’autres critères d’évaluation pour le chantier de moisson
Dans un chantier de moisson, le transport et la logistique jouent également sur les coûts. Mais les situations s’avèrent trop diverses pour imaginer des chiffres moyens. Il reste toutefois que les agriculteurs s’en soucient et raisonnent aussi l’investissement dans des équipements comme les bennes, transbordeurs, caissons, etc.
Ils font aussi la relation avec le rendement des cultures pour ramener les chiffres à la tonne de grain, qui demeure l’ultime juge de paix dans les comparaisons.
Enfin, n’oublions pas que le coût de main-d’œuvre retenu dans nos hypothèses représente un plancher, puisqu’il n’intègre pas les heures non facturables (attente, organisation, entretien, etc.).
Pour plus d’information, retrouvez aussi ces articles sur www.entraid.com :