Après l’élevage du vin, vient l’embouteillage. Comment s’organisent les vignerons ? Très peu ont la possibilité de s’équiper en propre car il faut produire plusieurs centaines de milliers de bouteilles par an pour amortir une chaîne d’embouteillage. La grande majorité fait donc appel à un prestataire et seulement une petite cinquantaine de viticulteurs en Gironde et Lot-et-Garonne font le choix de passer par une cuma. Pourtant, l’embouteillage en cuma présente de gros avantages et cette activité mériterait d’être développée.
Une organisation du travail facilitée par la cuma
Nous avons interrogé quatre cuma : la Saint Magnaise, Saint Fiacre et Coteaux de l’Isle en Gironde, et la Gasconne en Lot-et-Garonne. Tous les cumistes sont unanimes : la cuma apporte énormément de flexibilité aux adhérents par rapport à une entreprise.
Pour obtenir un créneau auprès d’un prestataire, il faut généralement s’y prendre à l’avance et tout anticiper en conséquence. En cuma, on ne peut pas dire que cette activité est source de stress. Même avec une vingtaine d’adhérents engagés sur l’embouteillage en cuma comme à la cuma des Coteaux de l’Isle, chacun a accès au matériel quand il le souhaite et presque la veille pour le lendemain. Adhérer à une cuma pour cette activité permet aussi la mise en bouteilles de très petits volumes. C’est notamment le cas de Thierry Calbo, secrétaire de la cuma la Gasconne qui produit une gamme variée de vins, avec parfois des petites mises pour lesquelles l’entrepreneur refuserait de se déplacer.
Moins de 2 centimes par col en cuma
Un prestataire facture au moins 10 centimes par col et généralement entre 12 et 14 centimes. Les cuma facturent quant à elles moins de 2 centimes par col. Ces deux chiffres ne sont pas comparables car le prestataire fournit le service du rinçage jusqu’au bouchage et le client n’a pas besoin de mettre de salarié à disposition, si ce n’est pour le rangement en sortie de chaîne. En revanche, en cuma, il faut être quatre autour de la machine pour la faire tourner au rendement de 2 000 bouteilles par heure. Si on estime qu’un ouvrier viticole coûte environ 15 euros par heure, alors la main-d’œuvre reviendrait à 3 centimes par col. Soit un total de 5 centimes par col, plus de deux fois moins cher qu’avec le prestataire.
Embouteillage en cuma : des machines qui durent
Après 18 ans de bons et loyaux services, l’embouteilleuse de la cuma Saint Magnaise a été renouvelée en 2022. Elle aurait pu durer plusieurs campagnes de plus mais les responsables ont opté pour une nouvelle technologie. Une machine équipée d’un système de rinçage et d’azote, qui permettra notamment la mise en bouteille de vins sans sulfites. Amortie sur 10 ans et avec entre 500 000 et 700 000 bouteilles par an, le tarif devrait passer à 4 centimes par col, un coût largement supportable par les adhérents.
À Saint Fiacre, la chaîne d’embouteillage en cuma date de 2015 et arrive en fin d’amortissement. La question du renouvellement s’est posée mais les responsables ont fait le choix de la conserver. Une remise à neuf a été faite avec le changement du système de bouchage, entre autres. D’après Vincent Boule, le président, la machine a encore de nombreuses années devant elle, à condition de bien l’entretenir. Cela sous-entend une révision annuelle ainsi que beaucoup de pédagogie auprès des adhérents qui ne l’utilisent pas souvent et donc ont du mal avec certains réglages.
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