Négociations avec les banques
« Au sein de notre structure qui compte 27 adhérents répartis entre le sud de la Charente-Maritime et le nord de la Gironde, 26 exploitations ont pris la grêle, témoigne Frédéric Rabiller, président de la cuma du Marais. L’activité de la cuma concerne à plus de 90 % les grandes cultures, maïs, soja, tournesol. Tout était par terre. »
Pour faire face à cette situation délicate, les responsables de la coopérative tentent depuis plusieurs semaines de négocier le report des emprunts de fin 2022, début 2023.
« Nous espérons obtenir un délai de six mois, pour permettre à chaque adhérent de rentrer ses cultures et de payer les factures. C’est très compliqué. Les banques sont peu réceptives, car elles nous considèrent comme un fournisseur unique, alors que ce n’est pas tout à fait le cas. »
Des aléas climatiques de plus en plus fréquents
Autre incidence de ces aléas climatiques qui ont tendance à s’intensifier et à devenir plus fréquents, le risque des arrêts d’activité devient réel. Au sein de la cuma, un adhérent, non assuré, victime plusieurs fois de la grêle, décide d’arrêter son activité. N’ayant pas l’âge de la retraite, il sera salarié l’an prochain. « Pour deux ou trois autres situations délicates, nous ne savons pas », ajoute Frédéric Rabiller. Dans l’immédiat, il attend le retour des banques. « On est un peu dans le flou pour la saison prochaine. »
Grêle sur les cultures
Au sein de la cuma des coteaux de la Gélise, à Mézin (47), plutôt orientée grandes cultures et élevage, ce sont surtout les adhérents ayant des vignes qui ont été impactés.
« Au final, la cuma proprement dite intervient peu sur le secteur viticole, elle a été peu impactée, indique Jérôme Chapolard, président de la structure. Ce sont surtout les viticulteurs du secteur qui ont subi des dégâts. Les cultures endommagées par la grêle, qui étaient proches de la récolte, ont été traitées en priorité. Nous avons organisé les chantiers en conséquence. Certaines pertes de récoltes, en blé ou en maïs, ont été prises en charge par les assurances, même partiellement. »
Sauver la récolte en dépit des aléas climatiques
Au sein de la cuma, l’entraide humaine a joué mais aucune disposition financière n’a été prise. Fin août, le secteur de Condom a subi un autre épisode de grêle. Par chance, la coopérative a à disposition un cueilleur à tournesols, ce qui a permis de sauver la récolte.
Mélanie Chenard, secrétaire de la cuma des Barils, spécialisée dans le traitement des effluents viticoles, à Montagne (33), apporte un autre éclairage sur une situation tout aussi difficile. « La zone a été fortement touchée par le gel au printemps 2021. Nous sommes 25 adhérents pour une superficie de 400 hectares. Les pertes sont hétérogènes, en fonction des parcelles. La moyenne des rendements est faible : 18 hectolitres à l’hectare. » Ce n’est pas la première fois que cette cuma est touchée aussi durement par le gel.
Pallier les mauvais rendements
Avec des rendements moyens de 12 hl/ha, l’année 2017 est restée dans les mémoires. La cuma des Barils est une structure qui fonctionne bien. Elle reste stable au niveau du nombre de ses adhérents et saine financièrement.
« Par chance, nous avions des réserves financières. Collectivement, nous avons décidé de ne pas facturer que les coûts fixes pour l’exercice 2022, pour permettre de couvrir les charges structurelles de la cuma. Les coûts variables, facturés à l’hectolitre vinifié par le viticulteur, ont été réduits à zéro, pour mieux les accompagner. »
À conditions exceptionnelles, mesures exceptionnelles
Au bilan comptable, la structure a donc créé un déficit. « C’est une mesure exceptionnelle qu’on ne peut pas se permettre chaque année. Sur l’exercice, cela représente une somme de 23 000 euros, sachant qu’en année normale les produits représentent 50 000 euros, poursuit Mélanie Chenard. Nous avons connu une situation similaire sur l’exercice 2018 en raison du fort épisode de gel de 2017. Le même choix « politique » avait été fait. Heureusement, la récolte 2022 s’annonce un peu meilleure, avec des volumes un peu plus importants. »
Report des investissements
À cause des aléas climatiques, « l’année est catastrophique, tant au niveau des exploitations que de la coopérative », indique Rolland Grenouilleau. Président de la cuma des Grands cèdres, qui regroupe une trentaine d’adhérents pour 220 000 euros de chiffre d’affaires, il ajoute avoir pris le gel et, surtout, la grêle, dans un contexte de marché viticole qui n’est déjà pas bon.
« Certains collègues sont touchés à 100 %, avec 80 %, voire 90 % de pertes, souligne-t-il. La solidarité humaine joue, mais le principal souci, ce sont les aspects financiers. Certains adhérents ne sont pas en mesure de payer leur part compte tenu de leur situation individuelle. Notre structure investit très régulièrement. Nous avons des annuités en cours, que nous ne sommes pas en mesure d’honorer actuellement. »
S’adapter face aux aléas climatiques et à la crise viticole
La banque a tendance à nous répondre de voir avec nos adhérents comment ils peuvent payer. Pour le moment, malgré des discussions, il n’existe pas d’accord concret sur d’éventuels reports d’échéances.
« Nous attendons également le versement de subventions dans les trois ou quatre mois qui viennent », poursuit-il, avant d’expliquer que : « Obtenir un décalage de quelques mois sur le règlement de certaines échéances nous donnerait une bouffée d’oxygène. » Conséquence immédiate, le programme d’investissements en matériels de la cuma est stoppé. « Le prochain exercice s’annonce compliqué, observe Rolland Grenouilleau. Il faut voir comment le groupe va réagir. Les aléas climatiques, ajoutés à la crise viticole, viennent renchérir la problématique de l’amortissement des matériels. La cuma va sonder prochainement ses adhérents pour trouver des solutions. Cela peut être un arrêt de certaines activités, une restructuration, du renouvellement ou non de matériels. »
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