La coopérative du Sud-ouest (productions végétales, volailles/gastronomie, jardinerie…) a sondé ses 8.000 adhérents (1, 3 milliard de CA et 5.400 salariés) pour connaître leurs attentes. La décision de créer une direction «adhérents» découle directement du récent baromètre BVA-Maïsadour.
Missions attitrées à ce nouveau poste de direction? «Anticiper les attentes des adhérents envers leur coopérative et imaginer les nouveaux modes d’interaction entre les adhérents», répond Céline Peillod qui assumera cette fonction. Elle a rejoint la coopérative Maïsadour en 2013, en tant que responsable des productions végétales contractuelles et des cultures biologiques. La directrice «adhérents» sera membre du comité de direction. Le sondage est venu confirmer la nécessité de renforcer ce lien «adhérent-coop» tout en privilégiant davantage l’approche globale des exploitations.
Approche globale de l’exploitation
L’approche de l’adhérent ne sera plus conduite seulement production par production, mais elle sera aussi globale. « Je suis chef d’entreprise et il y a des moments où j’aimerais faire un point. Etre en mesure d’avoir une vision globale de l’exploitation, c’est-à-dire l’intégralité des activités de l’exploitation pour pouvoir répondre de manière adaptée. Illustration: quand j’étais en culture, je ne voyais pas l’élevage et quand j’étais en élevage, je ne voyais pas les cultures. Vais-je proposer à un producteur une nouvelle culture alors que son assolement ou que ces techniques ne le lui permettent pas? Ainsi, si l’irrigation est obligatoire pour certaines nouvelles cultures, c’est évident que je ne le proposerai pas sur une zone non irriguée.»
Eloignement progressif
Le desserrement des liens d’appartenance à la coopérative est plutôt indicible. «Est-ce que le taux de fréquentation des assemblées de section traduit un éloignement ou un lien distendu entre l’adhérent et sa coop? Je ne suis pas sûre que cela soit le meilleur indicateur. Parfois, quand cela va moins bien, il peut y avoir des participations aux assemblées de section qui remontent. Ce lien distendu, c’est plutôt des interrogations récurrentes de la part de certains adhérents. Parfois des questions du type: ‘Vous allez à l’international et en quoi moi, adhérent du territoire historique, ça m’impacte?’ (…) ou: ‘N’êtes vous pas en train de regarder ailleurs alors que votre adhérent historique est sur votre territoire?’ Ce sont des questions de ce type-là qui traduisent cette distanciation», analyse Céline Peillod.
Mieux expliquer où va la coop?
«On doit améliorer la communication, j’en suis convaincue. Elle doit permettre à nos adhérents de comprendre les tenants et aboutissants plus rapidement. Il est évident que, sur chaque dossier ou orientation stratégique, on ne présentera pas l’intégralité de la réflexion de A à Z qui amène à prendre la décision. Mais dans une communication efficace, on doit avoir des éléments-clé qui nous permettent de comprendre pourquoi Maïsadour a pris cette décision.» Le rôle du conseiller terrain est essentiel dans la circulation de l’info.
Les outils de com, classiques ou numériques, seront également optimisés: «On va renforcer les outils extranet de manière à ce que le producteur retrouve toute son activité de l’année avec Maïsadour. Egalement le lien papier avec notre revue trimestrielle pour laquelle notre première idée était de la digitaliser mais les répondants ont dit non! Enfin, il existe Proxima, une plate-forme téléphonique où le producteur peut faire des commandes de réappro, peut avoir des infos sur son compte… Demain, il pourra demander tout. Même si la réponse ne sera pas immédiate, on saura vers qui orienter le producteur!»
Sécuriser l’exploitation
Autre levier susceptible de consolider l’attachement à sa coopérative: la sécurisation des exploitations, à l’image de ce qui se passe sur les cultures contractuelles (pois, maïs doux, semences, haricots verts…) où le prix est déterminé avant récolte. En production animale, ce sont plutôt des outils d’indexation qui sont mis en oeuvre. «Les prix de reprise des animaux et les prix d’alimentation animale sont indexés sur les prix des matières premières pour que le producteur puisse absorber leurs variations de cours. Nous avons aussi des caisses de compensation. Cela permet de compenser des pertes chez certains producteurs», détaille la directrice «adhérents».
Assurance climatique groupée
Dans ce registre de «sécurisation» des exploitations, des négociations ont été menées également à l’échelle de Maïsadour avec différents assureurs pour bénéficier d’une assurance «aléas climatiques». Groupama été retenu avec des modalités de taux de cotisation négociés pour les adhérents. «La force du groupe est de dire: nous, on ne vous amène pas 40 ha, on vous en amène 45.000! On a ce poids qui permet de bénéficier aux producteurs de taux le plus bas possible et cela permet de sécuriser le producteur pour ses cultures», argumente Céline Piellod.
Constituer un groupe «relais»
La feuille de route est ambitieuse. La directrice «adhérents» entend prioriser les chantiers. Une des pistes de travail va être d‘ identifier un groupe de producteurs qui soient des relais de Maïsadour «sur qui on peut s’appuyer pour échanger sur la stratégie, les modifications opérationnelles du quotidien…» En parallèle, une réflexion sera menée aussi sur des actions de renouveau des assemblées statutaires. «Tout en respectant les obligations réglementaires de ces assemblées, on peut envisager un format plus adapté aux attentes d’aujourd’hui.»
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