Dans le Rhône, la cuma de Saint-Clément-les-Places utilise quatre autochargeuses spécifiquement pour les chantiers d’ensilage d’herbe. « L’autochargeuse est à l’origine de la création de la cuma en 1991, suite au départ à la retraite d’un entrepreneur qui réalisait l’ensilage d’herbe », indique son président Frédéric Reynard. L’autre choix était de rentrer dans une cuma avec un groupe ensileuse. Mais le manque de main-d’œuvre pour former les équipes à fait pencher la balance en faveur des autochargeuses. Démarrée avec deux machines d’occasion et neuf adhérents, l’activité comporte aujourd’hui quatre matériels d’un volume de 26 m3, soit 45 m3 avec une densité moyenne de chargement. Le groupe a aussi évolué passant à quinze adhérents.
Une certaine souplesse pour les chantiers d’ensilage d’herbe
Après 20 ans de chantiers d’ensilage d’herbe à l’autochargeuse, les adhérents ne reviendraient pas en arrière. La surface récoltée tourne autour de 400 ha avec environ 300 ha en première coupe. Le groupe d’adhérents est divisé en deux. D’un côté, les éleveurs laitiers, et de l’autre des allaitants, ovins et bio. « Les premiers récoltent plus tôt car ils sont à la recherche d’une marchandise de qualité. Les seconds privilégient souvent le volume et récoltent donc plus tard. Cela permet d’étaler la période de travail. » L’avantage est qu’un chantier nécessite une seule personne pour la récolte et le transport.
Une question de distance
En revanche, les débits de chantiers sont vite influencés par la distance. « En moyenne, celui qui ramasse près du silo à moins d’un kilomètre peut réaliser trois voyages par heure. » À une distance de 7 km, la moyenne tombe à seulement un voyage par heure. « Pour les chantiers éloignés, nous pouvons mettre deux autochargeuses durant quelques heures. L’avantage est qu’avec quatre machines on peut faire quatre chantiers d’ensilage d’herbe différents.
On peut choisir de ramasser seulement 5 ha suivant le stade de maturité. C’est de la souplesse qui est aussi obtenue par le nombre de machines. Avec seulement trois autochargeuses, ce serait suffisant. Mais il y a le confort de travail et la possibilité d’aller plus vite et d’intervenir dans les bonnes fenêtres météo. » Chaque machine permet de récolter 1 ha par chargement en première coupe. De fait, le tarif est fixé à l’hectare et est de 41,60 € pour l’autochargeuse seule.
Une activité complémentaire
Dans le Puy-de-Dôme, la cuma de Rénovation du Livradois Forez possède six ensileuses qui récoltent environ 1 200 ha d’herbe chaque année. Depuis quelques années, l’autochargeuse vient complémenter l’activité. « Sur les exploitations, la main-d’œuvre a diminuée. Certains adhérents ne faisaient plus appel à la cuma, car il était difficile pour eux de réunir une équipe pour les chantiers d’ensilage », reconnait Henri Allard président de la cuma. « L’autochargeuse a trouvé sa place dans les parcelles difficiles d’accès pour l’ensileuse ou pour les petits chantiers proches de l’exploitation.
L’activité est relativement stable avec en moyenne 160 ha par an. » L’activité est proposée en service complet. Le tarif était de 40 €/voyage pour l’autochargeuse et 95 €/h pour le tracteur et la main-d’œuvre. « Cette année, le tarif va évoluer pour pallier aux différentes hausse des prix dont le GNR. Le tarif tracteur restera identique, mais l’autochargeuse devrait subir une augmentation de 10 €/ voyage.
Une recherche de qualité
En Aveyron, dans le périmètre Roquefort, la cuma Roquecourbe pratiquait la récolte dissociée presse / enrubanneuse. « À cette époque, chacun se débrouillait avec la presse et l’enrubanneuse », décrit Pierre Bodot, président de la cuma. « L’arrivée du salarié dans la cuma nous a fait faire un bond en avant. Nous avons investi dans le premier combiné presse enrubanneuse en 2009 et le second est arrivé en 2011 et est conduit par un chauffeur saisonnier. »
Pour les 25 adhérents, les chantiers sont réalisés en service complets. « On vise la qualité. Les adhérents veulent des bottes bien tassées, sans air et avec une bonne couverture de plastique. La moindre moisissure joue sur la qualité du lait et en périmètre Roquefort, les pénalités sont dissuasives. » Pour cela, chaque machine réalise des chantiers de seulement 10 à 15 ha/jour avec une moyenne de 15 bottes/h. « Au-delà on considère qu’on ne fait pas un travail de qualité. »
Une organisation des chantiers d’ensilage d’herbe bien rodée
Pour un bon déroulement de la saison, l’organisation est anticipée. Une réunion de pré-campagne est généralement organisée « pour rappeler à chacun les règles. » Une semaine avant la fauche, les adhérents appellent le président pour annoncer les hectares à réaliser. « Les adhérents doivent aussi appeler le jour de la fauche et confirmer la surface qui doit être la même que celle annoncée une semaine avant. C’est important pour la fluidité des chantiers sachant que la zone d’intervention s’étend sur près de 80 km. Chacun doit avoir accès au service en temps et en heure. Aussi, en cas d’annonce de pluie, on connait le nombre d’hectares fauchés et on sait ce qui doit être rentré en priorité. »
Le liage film plébiscité
Traditionnellement en liage filet, la cuma propose le liage film depuis l’année dernière. « Une méthode plébiscité par les adhérents car nous faisons beaucoup de luzerne. Le film de liage en 20 microns a une largeur de 1,38 m pour une botte de 1,25 m. Avec 3,5 tours, les arêtes des bottes sont couvertes et les tiges agressives de la luzerne sont aplaties.
C’est un avantage car dans nos parcelles en pente, nous faisons une dépose de la botte droite. C’est lors de cette manipulation qu’il y a des risques de trouer le plastique. » Le retour des adhérents est aussi positif sur la conservation du fourrage. « Avec le filet, la botte a tendance à reprendre du volume et donc de l’air avant l’opération d’enrubannage. Elle reste compacte avec le liage film. »
Des précautions à prendre
Le liage film semble aussi un peu plus capricieux que le liage filet. « Le plastique est fragile et il faut être déjà méticuleux lors de la mise en place de la bobine. Il peut aussi arriver qu’on ramasse un caillou ou un bout de branche qui viennent se placer en périphérie de la botte. Cela fait que le plastique peut se déchirer et la botte éclate. » Les combinés sont équipés de capteurs qui renseignent le chauffeur sur la bonne réalisation du liage.
« Il arrive parfois que le capteur donne l’information que le liage film est réalisé alors que l’opération ne s’est pas déroulée. La porte s’ouvre et on se retrouve avec un tas d’herbe sur la plateforme. Si l’opération d’enrubannage démarre c’est une catastrophe. » Pour cela, une caméra installée dans la chambre surveille l’opération et évite les erreurs.
Des prix à la hausse pour les chantiers d’ensilage d’herbe
En service complet, le prix de la botte est facturé 12 € pour 5 000 bottes réalisées en moyenne par machine chaque année. « Tout est mutualisé. Quel que soit le nombre de couches de plastique, le type de récolte ou l’éloignement des chantiers, il n’y a pas de ristourne ou de supplément. » Dans le prix, la traction compte pour 1,16 €, la main d’œuvre pour 2,02 €, les combinés pour 3,41 €. Viennent ensuite le carburant pour 0,68 € et les consommables avec le plastique pour 4,73 €.
Ces deux derniers postes devraient conduire à une augmentation du tarif. « Le film a subi une augmentation de 30 % cette année et on payera certainement le GNR deux fois plus cher que l’année dernière. Si on répercute ces augmentations, cela nous donne des bottes autour de 14 €, soit une augmentation supérieure à 15 %. Nous avons en réserve encore plusieurs palettes de plastique de l’année dernière. Nous allons nous en servir pour moduler l’augmentation. »
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