Les valeurs de débit de chantier d’un tracteur de 215 ch « à dire d’expert » qu’on trouve dans la littérature s’avèrent bien pratiques pour une première approche. Mais pour confirmer un projet d’investissement, et chiffrer un volume d’activité prévisionnel, mieux vaut affiner les données. Les déplacements entre l’exploitation et les parcelles, et éventuellement la cuma, représentent en effet des temps improductifs non négligeables.
Débit de chantier d’un tracteur de 215 ch : chiffrer les pertes de temps
Pour y voir plus clair, le service agroéquipement de la fncuma suit, avec l’appui des animateurs du réseau, une population de compteurs connectés. Le but : chiffrer les débits de chantier réels, en tenant compte des temps morts et des trajets sur la route. Une précision : l’enregistrement des surfaces prend en compte chaque séance de travail et non pas chaque parcelle, qui peut être travaillée en plusieurs fois.
Dans cette étude Rayons X portant sur les tracteurs autour de 215 ch, nous avons pris comme matériel témoin l’exemple d’un broyeur multi-rotors repliable de 4,60 m. Il a réalisé une saison de 684 ha. Premier constat : il a passé 58 % de son temps en parcelle, et 42 % sur la route. Soit un total de 1 268 km de trajets. Autre manière de voir : pour broyer 1 ha, il lui a fallu parcourir 3,1 km sur le bitume. Quant à son débit de chantier, il s’est élevé à 2,8 ha/h, si on ne compte que le temps de présence dans les parcelles. Ce chiffre tombe à 1,7 ha/h si on considère aussi les trajets.
Un effet surface jusqu’à 5 ha
Autre enseignement de ce suivi : l’effet surface. Chacun sait qu’on perd moins de temps dans une parcelle grande et de forme régulière que dans une autre petite et biscornue. Mais ici, l’effet est chiffré précisément.
En dessous de 5 ha de surface travaillée, le débit réel instantané atteint seulement 2,3 ha/h. À partir de 5 ha, il monte à 3 ha/h. Il semble qu’il ne serve à rien de viser plus haut : au-dessus de 10 ha, on ne gagne presque plus rien, le débit ne monte qu’à 3,1 ha/h. Pas besoin de remembrer pour si peu ! La vitesse de travail moyenne dans la parcelle traduit bien le phénomène. En effet, de 7,1 km/h dans les chantiers de moins de 5 ha, elle dépasse les 8 km/h au-delà. Autre indicateur intéressant : il faut parcourir 5,2 km sur route pour broyer 1 ha dans les chantiers de moins de 5 ha, contre seulement 1,1 km pour ceux de plus de 10 ha.
Ces observations doivent aider à mieux organiser les travaux, à arbitrer plus rationnellement l’ordre de passage entre parcelles ou entre les adhérents de la cuma. Le but ultime étant de réduire le coût de la mécanisation.
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