Quel est le débit de chantier réel d’un semoir monograine 6 rangs ?

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Quel est le débit de chantier réel d’un semoir monograine 6 rangs ?

Concernant le débit de chantier d'un semoir 6 rangs, quels sont les chiffres réels observés sur le terrain ?

À dire d’experts, il est estimé entre 1,6 à 1,8 ha/h. En vrai, il est à peine d'1 ha/h si on intègre les déplacements sur route et temps morts. Voici l’analyse exclusive de données issues de compteurs connectés de cuma sur semoirs monograine 6 rangs lors des printemps 2023 et 2024.

Concernant le débit de chantier réel d’un semoir monograine, tout le monde se croit lièvre, alors que tout le monde est tortue. C’est en tout cas ce qui ressort de l’étude des données enregistrées par un compteur connecté durant les deux dernières campagnes de semis de printemps. Les déplacements entre l’exploitation et les parcelles représentent en effet un temps loin d’être négligeable. La saison 2024 très humide a aussi pu compliquer l’organisation de chantiers. Quoi qu’il en soit, il faut tenir compte de ces débits pour organiser et prévoir l’activité d’un nouvel investissement dans un semoir monograine et aussi le répercuter dans la facturation.

À peine 1 ha/h en 2023 et 2024 !

Pour y voir plus clair, le service agroéquipements de la fncuma, avec l’appui des animateurs du réseau, a analysé des données de compteurs connectés Karnott des statistiques précises sur les vrais débits de chantiers, mesurés à partir de données terrain issues de semoirs 6 rangs… Le but est de chiffrer les débits de chantier en tenant compte du temps passé sur la route et des temps morts, en plus du temps de semis effectif dans la parcelle.

Le verdict est sans appel. À peine 1 ha/h de débit de chantier en intégrant les déplacements et les temps morts. Le chauffeur ne s’est même pas endormi au volant. Blague à part, ce chiffre est le résultat du suivi durant deux campagnes de semis de printemps dans une cuma, en 2023 et 2024. En tout, 89 chantiers ont été comptabilisés. La surface totale mesurée pour cette activité est de 367 ha.

Débit de chantier réel d’un semoir monograine : 29 % du temps au transport

Après traitement et analyse des enregistrements, il ressort que les déplacements représentent 29 % du temps total d’activité moteur allumé. La distance aller et retour entre base et parcelle s’élève, elle, en moyenne, à 11 km. Soit presque 1 000 km parcourus sur ces deux printemps pour un seul semoir. En moyenne, 4,2 km sur route ont été nécessaires pour semer un hectare. Au jeu des mille bornes, Il vaut mieux dépoter sur les hectares à engager.

Le débit de chantier dans la parcelle atteint 1,6 ha/h, en ne considérant que les phases productives. Le semoir emblave alors à une vitesse moyenne de 4,3 km/h, temps de manœuvre inclus. C’est 1,1 km/h de moins que lors de notre dernière analyse il y a trois ans. Certes dans une cuma différente. Il y a donc de fortes variations d’une cuma à une autre. Dans les deux cas, on semble assez loin d’un semis dit « rapide », à plus de 11 ou 12 km/h sans manœuvres.

En intégrant les déplacements et les temps morts, le débit de chantier du semoir tombe à 1 ha/h. C’est le paramètre à prendre en compte pour chiffrer le potentiel d’une journée de travail. En appliquant nos hypothèses de coût de chantier détaillées dans l’article précédent, il en ressort que les temps improductifs coûtent 1 057 €/an dans l’exploitation de ce semoir, en charges de matériel, carburant et main-d’œuvre.

Soit un peu plus de 8 000 € sur 8 ans, durée d’amortissement considérée dans nos calculs. De quoi payer 22 % du prix de renouvellement d’un nouveau semoir acheté à 35 000 € ! Optimiser ces temps improductifs permettrait de diminuer le coût.

Une question de taille

En étudiant la taille des 89 chantiers, il s’avère que la surface intervient bien dans le débit mesuré. En effet, dans les surfaces de moins de 2 ha, en moyenne, le débit de chantier dans la parcelle se cantonne à 1,5 ha/h. On ne prend ici en compte que le temps productif.

Au-delà de cette surface, le débit progresse jusqu’à atteindre 1,9 ha/h dans la catégorie des parcelles de taille de 3 à 4 ha. C’est là qu’un plateau apparaît. Une sorte de limite au-delà de laquelle le débit ne progresse pas, mais stagne. Comme il y a trois ans, on caractérise bien qu’il n’y a plus de gain de productivité.

impact de la surface du chantier sur le débit de chantier du semoir monograine

Influence de la surface du chantier sur les performances du semis.

Si les déplacements sont inévitables, savoir ce qu’ils coûtent permet d’envisager une optimisation des ordres de passages entre adhérents de sorte à limiter les déplacements sur route, aussi pour chaque adhérent.

Savoir leur coût permet aussi d’envisager de regrouper les parcelles appartenant à des adhérents différents à défaut d’envisager des échanges de parcelles. Tout cela, en fonction des conditions pédoclimatiques, comme l’année 2024 nous l’a bien enseigné.

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