Risque d’intensification ?
Concernant les impacts sur l’environnement (air, eau, sols), les points de vigilance sont la qualité des gisements en matière d’agents pathogènes ou de polluants chimiques ; les émissions d’odeurs issues du stockage des matières organiques sur les sites ; le respect de bonnes pratiques d’épandage du digestat pour éviter surdosage et volatilisation (au même titre que l’épandage de fumiers, lisiers ou engrais minéraux) ; le suivi régulier du taux de matière organique et de la fertilité biologique des sols.
Les craintes viennent également des conséquences sur l’évolution des systèmes agricoles : la création d’un méthaniseur ne risque-t-elle pas de conduire à l’intensification des pratiques (conduite culturale des cive, temps de présence des animaux en bâtiment) ? Quelle compétition avec les cultures alimentaires ? Quelle compatibilité avec l’agriculture biologique ? Mais aussi du point de vue économique : quel risque d’endettement des agriculteurs ? Quelle charge de travail supplémentaire ? Quel effet sur le capital et la transmission des exploitations agricoles ?
Méthanisation vertueuse : bonnes et mauvaises pratiques
Pour aider les porteurs de projet à imaginer des projets vertueux, plusieurs outils sont disponibles à commencer par cette synthèse réalisée par Aile aidant à se poser les bonnes questions. Dès 2016, France Nature Environnement (FNE) publiait de son côté le Méthascope2 à destination des associations du mouvement, mais aussi des acteurs de la filière (collectivités, industriels, agriculteurs). Ce guide apporte des éclairages sur les bonnes et mauvaises pratiques en matière de méthanisation vertueuse et propose une grille d’évaluation des projets. Par exemple, sur le critère « origine et nature des intrants », il indique : « la production de cultures principales ou intermédiaires dédiées à l’énergie doit être compatible avec l’agroécologie. Ce type de cultures ne doit en aucun cas recevoir des amendements chimiques (fertilisants, pesticides) très coûteux énergétiquement et à fort impact sur l’environnement. » Le Méthascope identifie des pistes d’améliorations et prône la concertation territoriale dans la construction des projets.
Calculateur de GES
Depuis janvier 2024, une nouvelle version 3.0 de l’outil d’aide à la décision DIGES 33 complète l’arsenal : il s’agit d’un calculateur destiné à tous les acteurs de la filière méthanisation, dont la mise au point a été coordonnée par l’Agence de la transition écologique (Ademe). Sa vocation est d’établir le bilan annuel des émissions potentielles de GES générées par les méthaniseurs en place ou en projet, au regard des émissions de GES évitées. Il intègre en outre une estimation du stockage de carbone par les cive, un bilan énergétique, un bilan des flux d’azote, ainsi que des indicateurs complémentaires relatifs à l’économie circulaire et à la biodiversité.
DIGES 3 prend en compte toutes les étapes de la méthanisation pour la rendre plus vertueuse : production des cive et cultures principales ; stockage des effluents ; collecte et transport des substrats ; prétraitement ; fonctionnement du digesteur ; gestion du digestat ; gestion du biogaz. En face, il quantifie les émissions de GES évitées par la substitution d’énergie ; la substitution des traitements de référence (gestion des effluents d’élevage, traitement des déchets, production de CIPAN) ; la substitution des engrais ; la captation du bioCO2.
Pour aller plus loin dans la méthanisation vertueuse
1. Les externalités de la méthanisation. Synthèse des données de la littérature. Avril 2023. Disponible sur aile.asso.fr, rubrique Biogaz / Ressources et outils.
2. Disponible sur fne.asso.fr, rubrique Je m’informe / Nos publications.
3. Consulter sur librairie.ademe.fr, Rechercher « DIGES 3 »
Et aussi : www.infometha.org, site d’information collaboratif visant à rassembler les connaissances scientifiques sur la méthanisation et ses effets.
Pour plus d’information, retrouvez aussi ces articles sur www.entraid.com :