Matthieu Goehry, président de la Frcuma Grand Est, a fait le déplacement au Salon de l’Agriculture à Paris le 25 février dernier pour signer la charte pour le développement de la méthanisation en Grand Est. Cette charte propose de fédérer autour des thématiques suivantes : approche territoriale ; agriculture et environnement ; compétitivité et innovation ; formation ; acceptabilité ; financement.
Il s’agit d’un projet ambitieux puisque, dans un contexte d’évolution des modes de production d’énergie, le déploiement de la méthanisation doit trouver sa place au sein du mix énergétique de la région Grand Est et des nombreux enjeux qui lui sont liés. Bien plus qu’une nouvelle technologie, la méthanisation peut devenir un véritable atout de développement durable du territoire.
Le rôle des cuma dans la filière méthanisation
La mise en route d’une unité de méthanisation doit être réfléchie en lien avec l’organisation logistique et d’épandage des digestats. Notre expérience dans le domaine de la logistique et de l’organisation des chantiers agricoles nous montre que l’arrivée d’une unité de méthanisation entraîne des quantités transportées importantes, des besoins en équipement différents (valoriser au mieux le digestat sur ces cultures différentes) et qu’il est nécessaire de réfléchir à ce sujet avant de se lancer dans un projet de méthanisation.
Plusieurs questions se posent aujourd’hui par rapport aux projets de méthanisation :
- le matériel d’épandage actuel est-il adapté pour une bonne valorisation des digestats (tonne à lisier, épandage sans tonne, dispositif d’enfouissement) ?
- le matériel actuel est-il adapté pour faire du transport et à quel(s) coût(s) ? Ne faut-il pas mutualiser un matériel spécifique pour les distances plus importantes ?
- ne faudrait-il pas investir dans des lieux de stockage décentralisés pour réduire les pointes de travail au moment des épandages et se rapprocher des parcelles ?
- comment mettre en adéquation et organiser les volumes à épandre et les périodes légales d’épandage ?
A lire sur cette thématique :
La méthanisation fertilise les projets en cuma
Epandage de lisier : quand investir conduit à se développer
Méthanisation : les cuma à fond dans leur rôle
Les avantages d’être en cuma
La gestion en amont et à l’aval des unités de méthanisation en cuma permet aux éleveurs de rester maîtres de leurs productions sur toute la filière, d’être autonomes et de gérer l’organisation de l’épandage. Dans les projets collectifs, les agriculteurs rencontrent souvent des difficultés à travailler à plusieurs s’ils n’ont jamais travaillé ensemble avant (investissements lourds en commun, difficultés de relations humaines, d’organisation des chantiers d’épandage, etc). C’est un avantage pour eux d’être en cuma, car ils ont déjà l’habitude de travailler ensemble au quotidien, ce qui permet de pérenniser les unités de méthanisation sur le long terme.
Par ailleurs, l’acceptabilité sociétale des projets de méthanisation est parfois un vrai frein au développement des unités de méthanisation. Sur le terrain, certains projets de méthanisation ont vu le jour grâce au financement participatif : les habitants peuvent ainsi participer financièrement au projet et se sentir impliqués différemment. Ces dispositifs aident les agriculteurs à mieux communiquer sur les côtés positifs d’un projet de méthanisation. Il est aussi possible si besoin de faire appel à des spécialistes sur la communication (énergies renouvelables, locales, coût, etc).
Les actions du réseau
La Frcuma Grand Est peut :
- apporter le premier niveau d’information aux agriculteurs qui se posent des questions, et renvoyer vers les Chambres d’Agricultures si besoin
- accompagner, aider à la vie du groupe au quotidien (qui fait quoi et quand en cas de panne, du renouvellement du matériel, des moteurs, quelles sont les responsabilités de chacun, à quels moments le groupe doit-il se réunir pourquoi ?)
- faire intervenir les bons interlocuteurs au bon moment (bureaux d’études, ADEME, fabricants de malaxeurs, etc) pour aider à prendre des décisions de façon objective
- être force de proposition et apporter un appui technique au niveau du calcul de coûts de transport de matières/digestat (références grâce aux cuma organisées autour de l’épandage)
- accompagner la création d’emploi en cuma : un salarié de la cuma peut réaliser le transport/ l’épandage, assurer la gestion des déchets verts ou biodéchets et toute la gestion de l’unité de méthanisation, ainsi que toutes les tâches liées à ce type de production
- contribuer à diminuer les impacts négatifs des chantiers d’épandage de lisier en proposant des solutions alternatives et complémentaires à l’organisation tracteur + tonne à lisier
- proposer des formations, comme par exemple « maîtriser mon projet de méthanisation en collectif« .
Pour tous renseignements, contacter la Frcuma Grand Est : 03 83 54 31 24 [email protected].