L’eau sera-t-elle plus rare en 2100 ?

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L’eau sera-t-elle plus rare en 2100 ?

D'ci 2100, selon l'Inrae, les phénomènes météo seront plus incertains et davantage marqués dans certaines régions.

L’Inrae a modélisé des projections climatiques et hydrologiques d’ici 2100. Sans surprise, d’ici là, la température aura augmenté et la ressource en eau sera limitée.

Les chercheurs de l’Inrae ont tenté de scénariser le climat en 2100 grâce à certains outils et projections du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat). Ils ont pour cela mis au jour les connaissances issues d’une étude précédente, Explore 2070.

Climat 2100 : des variations prévues

Sans surprise, selon Éric Sauquet, responsable de l’étude, « d’ici à la fin du siècle, la France va subir une hausse des températures moyennes de 4 degrés, voire de 4,5 degrés en été. » Toutefois, des variations peuvent intervenir vers 2050 avec des hausses plus ou moins modérées selon les émissions de gaz à effet de serre (selon les hypothèses du GIEC).

Quant aux précipitations, les incertitudes sont élevées. Cependant, il faudra s’attendre « à une hausse de la pluviométrie en hiver, notamment dans le nord de la France, précise le chercheur. En revanche, l’été sera davantage marqué par moins de pluies. Un phénomène encore plus flagrant dans le Sud-Ouest. » Et de préciser que la variabilité d’une année sur l’autre reste forte et que des hivers secs ou très humides sont possibles.

climat 2100

D’ici à 2100, le climat va évoluer et les phénomènes climatiques vont s’exacerber.

+ 25 % d’évapotranspiration

Tout comme pour les étés. « Le risque demeure avec une hausse des précipitations journalières », ajoute Éric Sauquet. Ainsi, cumulés, les effets de températures et de précipitations rendent l’évapotranspiration potentielle en nette augmentation. D’environ 25 % en moyenne. Les précipitations journalières risquent d’être plus intenses. « Il faut rester prudents, car les modèles climatiques utilisés ne donnent qu’une estimation très imparfaite des changements possibles de pluies fortes », tempère Éric Sauquet.

Pour ce qui est de la recharge des nappes phréatiques, elle serait en légère augmentation, surtout dans le nord et l’est de la France. Des scénarios différents pour le pourtour méditerranéen, la Bretagne et les massifs montagneux.

Un climat accentué ?

Les chercheurs s’accordent à dire que l’évolution des débits annuels moyens des cours d’eau en France est très incertaine. Peu de changements sont à noter, hormis dans la partie sud du pays, notamment les contreforts des Alpes et des Pyrénées, où des baisses importantes seront à prévoir.

En se focalisant sur les saisons, les débits d’hiver devraient augmenter de 15 % alors que dans le sud, ils chuteraient de 10 %. « En été, ils devraient s’affaiblir en raison d’une évapotranspiration plus importante et de moindres pluies », commente Éric Sauquet.

Si on s’intéresse aux crues maintenant, même s’il reste beaucoup d’incertitudes, il faut tout de même s’attendre à davantage de pluies extrêmes et une saturation des bassins versants.

Climat 2100 : le double des surfaces concernées par des sécheresses

Pour les sécheresses, phénomènes tant redoutés, il faut distinguer leurs types :

  • Météorologiques ;
  • Du sol ;
  • Hydrologique ;
  • Hydrogéologique.

Pour celle météo, l’extension spatiale des sécheresses a tendance à s’accroître. Le pourcentage de la surface française touchée par une sécheresse pourrait doubler (de 10 à 20 %). Leur fréquence dans le tiers sud de la France pourrait tripler, voire quintupler.

Mêmes constats pour les sécheresses du sol avec une fréquence multipliée par trois et une répartition géographique plus élevée. La durée de ces épisodes risque également de s’amplifier. Les sécheresses hydrologiques seront, elles aussi, plus sévères dans le sud de la France.

Se partager l’eau

Outre ces résultats, les chercheurs considèrent leur étude comme une étape. « Nous avons maintenant les données et outils pour pouvoir suivre les avancées du changement climatique« , estime le chercheur. « Ces résultats impliquent beaucoup de réactions des acteurs du territoire, fait remarquer Sonia Siauve, chercheuse à l’Inrae. L’augmentation de l’évapotranspiration et la baisse des débits des cours d’eau remettent en lumière la dynamique du partage de l’eau. »

Les chercheurs estiment que la première des solutions est la sobriété et l’adaptation des stratégies dans le temps selon des données objectives. « Il y a un réel manque de compréhension sur le changement climatique, ajoute Sonia Siauve. Avec cette étude, on peut espérer inciter les acteurs des territoires à adapter leurs stratégies. » Là où certains opposeraient les solutions dites « grises », avec des aménagements issus du génie civil, contre celles « vertes « , qui s’inspirent de la nature, tous sont conscients qu’il ne faut pas opposer les solutions, mais bien adopter celles qui correspondent au terrain. Car il existe un panel de solutions.

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