Cive d’hiver : ne pas faire n’importe quoi !

Partager sur
Abonnés

Cive d’hiver : ne pas faire n’importe quoi !

Si le taux humidité est trop élevé à la récolte, un préfanage sera nécessaire (©Arvalis).

Si on attend d’une cive d’hiver qu’elle produise un maximum de biomasse, son introduction dans la rotation doit être réfléchie de manière à ne pas pénaliser les autres cultures du système. La bonne cive procure les bénéfices agronomiques d’une culture intermédiaire.

« Pour rester cohérent par rapport à la rotation, il faut bien identifier les cultures avant et surtout après la cive », conseille Nicolas Dagorn, ingénieur bioressources chez Arvalis. La cive d’hiver se positionne entre une culture récoltée en été et une culture implantée au printemps suivant. Dans une rotation blé maïs, elle remplace facilement un cipan ou une dérobée. Ce n’est pas le cas dans un système colza blé orge où la succession de trois cultures d’hiver ne lui laisse pas de place. « L’idée est alors d’introduire un maïs, un tournesol, un soja ou un sorgho selon le contexte pédoclimatique, pour placer une cive avant la culture de printemps. » Rompre le cycle des cultures d’hiver de cette manière apportera un avantage agronomique certain.

Réussir une cive d’hiver

Il faut bien réfléchir la conduite de cette succession de cultures. Tout d’abord la date de semis de la cive. La recommandation est fin septembre début octobre pour favoriser la biomasse. Par rapport à un semis fin octobre, l’ingénieur table sur « un gain de 1 tMS/ha. » Question densité, 300 grains/m2 assure une bonne implantation. Plus le semis est précoce, plus la densité peut être diminuée. On soignera le semis pour favoriser une levée rapide.

Un optimum de récolte début mai

La récolte est une histoire de compromis. Elle dépend de la culture suivante, des objectifs de l’agriculteur et de la région. Le seuil de rentabilité se fixe entre 4 et 6 tMS/ha. « On récolte de mi-avril jusqu’à mi-mai. La contrainte est d’implanter la culture suivante en limitant le risque d’échec. » En zone superficielle ou séchante, une récolte mi-mai compromet la réussite du maïs ou du tournesol. À l’inverse, un soja ou un sarrasin semés fin mai début juin acceptent une récolte de la cive courant mai. Le gain de biomasse entre fin avril et début mai est de 1 à 2 tMS/ha/semaine. « Il y a une explosion de la végétation de la mi-montaison jusqu’à la floraison. Ceci incite à retarder la coupe. Mais le calcul est mauvais si la culture principale est ratée ensuite. »

Essai de culture destinée à la méthanisation

Les graminées sont plébiscitées car elles assurent le rendement. Ici, un seigle au premier plan (©Arvalis).

Un équilibre est donc à trouver entre le gain sur la cive et la perte de rendement de la culture suivante. Or l’optimisation n’est pas une mince affaire. D’autant plus qu’il faudra jongler avec le climat de l’année, l’organisation des chantiers successifs de récolte et de semis, l’importante charge de travail et peut-être l’appel à des prestations extérieures.

Les graminées, stars des cive d’hiver

Le choix de l’espèce se réfléchit selon la région, la rotation et la date de récolte. « Les graminées sont privilégiées car elles assurent le rendement », rappelle Nicolas Dagorn. Dans les essais Arvalis, l’orge, les seigles fourrager et forestier, le triticale et l’avoine diploïde présentent tous un très bon potentiel, en conditions optimales comme dans le Sud-Ouest. Mais si la région est sujette au risque de gel (< -10°C), on délaissera l’avoine au profit du seigle fourrager plus rustique. Ce dernier est apprécié pour sa forte production de biomasse. Attention toutefois au risque de verse qui affecte fortement son rendement. « Une solution est d’ajouter du triticale pour apporter de la tenue à la culture ou de semer un mélange tel que seigle orge triticale. »

Certaines variétés de triticale sont très productives. « Sur trois de nos sites, elles sortent en tête dans les comparaisons pluriannuelles. » Quant à l’orge, plébiscitée dans le bassin parisien, sa culture peut être un échec en cas de forte attaque de pucerons. On choisira des variétés tolérantes à la JNO (Jaunisse nanisante de l’orge) pour préserver le rendement et éviter de faire grimper l’IFT (Indicateur de fréquence de traitements phytosanitaires).

Puisque l’objectif est de récolter le plus tôt possible, la précocité à épiaison constitue un autre critère essentiel. « Le seigle fourrager démarre vite au printemps, contrairement au seigle forestier plus tardif. » En cas de risque d’hydromorphie, un ray-grass italien complétera les seigle et triticale, trop sensibles. « Toutes les espèces sont intéressantes à condition d’adapter la conduite en fonction des conditions pédoclimatiques, de leur précocité, de leur sensibilité aux bioagresseurs et de leur tolérance au gel. »

Associer d’autres espèces

Les légumineuses comme la vesce velue, la vesce commune et la féverole s’associent bien aux graminées. Elles enrichissent le digestat en azote et les résidus de culture fourniront de l’azote à moyen terme. « Avec 20 à 40% de légumineuses ajoutées au semis, le rendement de la cive est proche de celui de la céréale pure. » La vigilance sera d’opter pour des variétés précoces, capables de produire de la biomasse en même temps que les graminées.

En résumé, ce qu’il faut éviter pour réussir une cive d’hiver :

  • Négliger le choix des espèces et des variétés
  • semer trop tôt (mauvaise levée par manque d’humidité, verse au printemps, gel d’épi, salissement, JNO, maladies telluriques…)
  • Semer trop tard (perte de rendement)
  • Retarder la récolte et impacter la culture suivante

Les critères de choix des espèces de cive d’hiver

  • Adaptée à la succession
  • Le rendement
  • La précocité à épiaison
  • La résistance à la verse
  • La résistance au gel
  • La tolérance aux pucerons / JNO
Pour plus d’information, retrouvez aussi ces articles sur www.entraid.com :

Sélectionner deux matériels de la même famille pour les comparer