Quelle stratégie pour la valorisation des couverts végétaux ? Enfoui, le couvert d’interculture améliore l’offre d’azote disponible pour le maïs en pleine croissance. S’il contient des légumineuses, il peut ainsi fournir en moyenne une trentaine d’unités d’azote à la culture de maïs. Récolté en dérobée, la culture intermédiaire améliore le stock fourrager de l’élevage. Néanmoins, le plan de fumure devra bien prendre en compte les exportations qu’induit ce choix.
Valorisation des couverts végétaux : une destruction après le 15 mars risque de pénaliser le maïs qui suit
Le couvert enfouis est un petit plus sur la fertilisation azotée. L’ampleur de l’effet dépend déjà de la quantité d’azote dans les résidus. En elles-mêmes les espèces (ou les familles) qui composent un couvert d’interculture jouent peu de manière directe. Néanmoins, leur rapport C/N (rapport entre leur teneur en carbone et leur teneur en azote) est aussi très déterminant de la fourniture d’azote à la culture suivante.
Les couverts ne comprenant pas de légumineuses (graminées, composées, phacélie…) présentent des valeurs C/N élevées (> 20). C’est d’autant plus vrai s’ils sont détruits tardivement. Ce type de biomasses a donc un faible potentiel de minéralisation de l’azote contenu dans les résidus lignifiés. In fine, il peut conduire à une faim d’azote temporaire, préjudiciable au démarrage de la culture de maïs. En revanche, les couverts contenant une proportion significative de légumineuses présentent un C/N plus faible, y compris à des stades de destruction plus tardifs. L’azote contenu dans leurs résidus est plus rapidement minéralisé et disponible pour la culture suivante.
Préserver aussi la structure du sol
En pratique, pour le calcul de la dose d’azote à apporter sur maïs, dans la méthode du bilan, cet effet fertilisation est pris en compte par deux postes: le reliquat avant implantation (Ri) et la minéralisation des résidus du couvert enfoui (MrCI). La quantité d’azote fournie à la culture suivante peut être estimée par une mesure de la biomasse du couvert avant sa destruction (voir méthode Merci).
En sortie d’hiver, lorsque le sol n’est pas encore très bien ressuyé et en l’absence de forte gelée, le broyage est l’opération la moins difficile à mettre en œuvre. Cette solution est adaptée à presque toutes les situations, sauf si le sol est trop humide et peu portant. Un travail superficiel du sol convient également, en sol bien ressuyé. Une humidité trop élevée lors du passage peut avoir des conséquences sur l’implantation du maïs qui suit, notamment en itinéraire sans labour. En cas de labour, l’intervention doit être réalisée peu de temps avant le semis du maïs. Au préalable, il est nécessaire de détruire la culture intermédiaire, si possible avant mi-mars, avec un passage d’outil (broyeur, déchaumeur…).
La valorisation fourragère des couverts végétaux appelle de la vigilance
L’exploitation d’une culture intermédiaire en dérobé permet de constituer un stock fourrager supplémentaire. Une récolte précoce est conseillée pour ces cultures fourragères conduites en dérobées. Déjà, la valeur alimentaire de l’herbe diminue nettement au-delà du stade ‘début épiaison des graminées’. De plus, une récolte précoce limite l’assèchement du sol. Or, ce phénomène peut se révéler préjudiciable au maïs qui suit. Par ailleurs, ces couverts exploités en fourrage exportent des quantités non négligeables d’éléments minéraux. Il conviendra donc de bien adapter la fertilisation. Autrement, c’est un risque de carences (azote, voire potassium) qui pèse sur le maïs suivant. Le chantier de récolte mettant en œuvre des engins lourds, de bonnes conditions sont donc primordiales pour préserver la structure du sol et la capacité d’enracinement du maïs.
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