Centipède, le RTK communautaire gratuit

Basé sur le bénévolat

Des passionnés ont alors pris le relais sur le territoire. Le réseau actuel de bases RTK doit donc son existence à des unités de recherche, à des agriculteurs qui ont financé la leur, et à un administrateur ‘bénévole’ qui vérifie en permanence que tout fonctionne bien. Citons aussi quelques Chambres d’agriculture (Somme, Eure-et-Loir…) qui ont elles aussi investi dans des bases pour apporter le service à leurs ressortissants. Enfin, dernier point et pas des moindres : le signal est gratuit, étant issu de ce réseau de volontaires.

Un centimètre en moins tous les 10 km

Pour autant, le réseau Centipède ne couvre que les zones où quelqu’un a financé une base. Il faut pour cela acheter les composants et la monter soi-même, ou se procurer un kit prêt à installer. Soit quelques centaines d’euros à investir. C’est le prix à payer, sachant qu’on perd environ 1 cm de précision tous les 10 km en s’éloignant d’une base existante. D’autres préalables s’imposent pour bénéficier du réseau Centipède.

Payer ou pas pour débloquer

Clélie Choiselat, référente nouvelles technologies à la fédération des cuma de Bretagne, explique. « Il faut d’abord disposer d’un matériel équipé d’un autoguidage RTK, avec son modem et son antenne. Qui, ensuite,  soit débloqué pour fonctionner avec un signal différent de celui du constructeur. » Cette ouverture logicielle peut demander le paiement d’une licence, selon la marque et la politique commerciale du concessionnaire. À voir au cas par cas. « L’autre obligation est d’équiper le modem d’une carte SIM pour qu’il communique avec la base Centipède. » Elle sera si possible de type multi-opérateurs pour mieux affronter les zones blanches. Certains prennent pour cela un abonnement à part, d’autres demandent une option ‘données’ avec deuxième carte SIM dans leur abonnement téléphonique. « On rencontre aussi des agriculteurs qui se passent d’une carte SIM, et activent simplement le partage de connexion avec leur téléphone. Cela demande des manipulations pour connecter la console à chaque fois, mais c’est faisable. »

Clélie Choiselat accompagne les groupes dans le maquis des nouvelles technologies.

Enfin, avec Centipède, l’utilisateur doit se connecter à une base, la plus proche de chez lui. Mais si cette dernière tombe en panne, c’est à lui de refaire la manipulation pour en chercher une autre, ce n’est pas automatique comme avec les systèmes du commerce. Ceci dit, les antennes sont fiables et le réseau est assez dense. D’autre part, étant un réseau communautaire gratuit, Centipède ne dispose pas d’un service après-vente. À chacun de se débrouiller avec les confrères du groupe de discussion en ligne. Il y a donc bien un choix stratégique au départ : payer avec un service en face, ou disposer gratuitement sans garantie.

Une base pour la cuma

À Amanlis (Ille-et-Vilaine), la cuma bénéficie du réseau RTK pour l’autoguidage d’un de ses tracteurs, sans compter ceux des adhérents. Jean-Camille Gourdel, un des responsables, explique le cheminement. « Nous avons découvert l’existence de ce réseau et nous avons eu envie d’essayer. J’ai acheté les composants nécessaires et j’ai assemblé la base. Le plus compliqué a ensuite été la programmation sur le micro-ordinateur. » Son bâtiment d’élevage présentait tous les atouts pour y installer cette base : « Il est situé au centre de la commune, un peu en hauteur. Avec le robot de traite, il bénéficie d’une connexion internet par la fibre, je reçois un e-mail en cas de problème de réseau, et il y a toujours quelqu’un à proximité pour surveiller. » Le RTK montre son intérêt dans cette cuma : la précision du guidage, la qualité de semis du maïs, et la conservation des lignes d’une année sur l’autre. Clélie Choiselat précise l’intérêt de s’équiper d’une base au sein d’une cuma : « Les bénéficiaires sont autonomes dans la gestion de l’antenne, que ce soit sa connexion internet ou son alimentation en électricité. Et d’autre part, ils sont certains qu’elle est située à proximité de leurs parcelles. »

Jean-Camille Gourdel n’a pas hésité à sortir la boîte à outils.

La base RTK Centipède de la cuma d’Amanlis prend place en haut d’un bâtiment de l’élevage laitier.