Elle a mal commencé et se termine en demi-teinte. La campagne de maïs 2024 est très ambivalente. Malgré un retard pendant tout le cycle de développement de la plante, les rendements sont en hausse, estimés à 99,5 q/ha. La production de maïs grains s’établit à 13,9 millions de tonnes, soit 10 % supplémentaires par rapport à 2022.
Une campagne de maïs 2024 à la bourre
Boostées par un retard et une impossibilité de semer des céréales à paille cet hiver dans une grande partie du pays, les surfaces de maïs se sont développées. Soit environ de plus de 12 % par rapport à 2023 avec 1,39 million d’hectares emblavés. Pour rappel, les surfaces étaient à leur plus bas niveau en 2022 avec 1,23 million d’ha. « L’amplification des surfaces de maïs est également le résultat d’une demande de maïs plus importante pour la méthanisation, explique Aude Carrera, animatrice filière maïs chez Arvalis. À cela s’ajoutent aussi des bonnes réserves hydriques, favorables à la croissance du maïs. »
Toutefois, la campagne ne s’est pas déroulée comme prévu. Les semis ont été largement retardés. « 20 % des surfaces ont été emblavées après le 20 mai et 10 % en juin », ajoute l’animatrice. Les conditions humides ont rendu les travaux des champs difficiles, notamment pour le travail du sol. « Cela a pu créer des tassements dans certaines zones de parcelles et impactant l’enracinement des maïs, précise-t-elle. Résultats, les levées étaient très hétérogènes. » Peu poussant, les maïs ont été en proie aux ravageurs.
10 jours de retard
La suite de la croissance du maïs a été plutôt favorable : de la pluie jusqu’à, au moins, la floraison, peu de stress hydriques… La plante a bien poussé, mais n’a pas réussi à combler son retard. Les rayonnements faibles ont étalé les floraisons avec la moitié seulement des maïs fleuris à la fin juillet. Les maïs ont poursuivi leur développement avec une dizaine de jours de retard.
L’été, ensuite, a été très contrasté avec d’un côté une sécheresse entre le 14 juillet et 15 août et de l’autre, une bonne efficience de l’eau d’irrigation. « On estime que le maïs irrigué a été bénéfique de 3,9 q/ha avec 10 mm, annonce Aude Carrera. Ceci, lorsque le maïs était bien implanté. En moyenne, les producteurs de maïs ont économisé un tour d’eau. »
Des frais de séchage
Mais jusqu’au bout, la campagne de maïs 2024 aura été compliqué. Et c’est sans compter sur la pluie, qui s’est installée en octobre et a ralenti, une fois de plus, la récolte. La pression maladie s’est exacerbée, dégradant la qualité des grains. La tempête a provoqué de la verse. « Finalement, les maïs ont été récoltés avec trois semaines de retard en moyenne », comptabilise l’animatrice. Sans parler de l’humidité des grains, qui implique des coûts de séchage exorbitants et ainsi détériore la marge du maïs.
Mais le maïs européen peut compter sur la faible valeur de l’euro pour devenir compétitif sur les marchés. Cependant, en Europe de l’Est, et principalement en Ukraine, la récolte s’annonce bonne et les surfaces sont déjà prévues en hausse en 2025. Dans le monde, en Argentine, les semis se déroulent correctement alors qu’au Mexique la production est revue à la baisse.
Cette année, comme en 2023 et en 2022, montre que les agriculteurs doivent apprendre à gérer au mieux les risques climatiques, liés aux marchés, mais aussi à l’agronomie », conclu Franck Laborde, président de l’association générale des producteurs de maïs, l’AGPM.
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