Grand écart des rendements dans l’Est de la France

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Grand écart des rendements dans l’Est de la France

Dans le Grand Est, les semis de colza s'achèvent, avec dans certaines parcelles, des sols un peu trop humides pour les travailler correctement.

Les céréaliers du Grand-Est ont, eux aussi, subi des pertes de rendements de la moisson 2024. Il manque en moyenne 20 q/ha mais les situations sont très hétérogènes creusant des écarts importants. Reportage.

Résultat mitigé pour la moisson 2024 dans le Grand Est. « Il y a de grandes déceptions pour certaines parcelles où le blé était bien développé, mais aussi de belles surprises là où la plante ne présentait pas beaucoup de grains », résume Bertrand Choné, agriculteur en Meurthe-et-Moselle. Une moisson qui a bouleversé les habitudes des agriculteurs alsaciens et lorrains.

Moisson 2024 dans le Grand Est, le grand écart

Ce constat, de nombreux agriculteurs de la région le partagent. En Alsace, par exemple, les rendements de blé tendre oscillent entre 55 et 100 q/ha, selon les organismes stockeurs du territoire. Du simple au double ! « Pour mes orges de printemps bio, les résultats vont de 10 à 45 q/ha », annonce Maurice Meyer, agriculteur dans le Bas-Rhin. « C’est le potentiel des terres qui détermine le rendement cette année. »

Il faut dire que la campagne céréalière n’a pas laissé beaucoup de répit aux agriculteurs cette année. « Si les rendements sont plutôt corrects dans certaines parcelles, les blés ont été beaucoup arrosés », estime Damien Fritsch, agriculteur dans le Bas-Rhin. « Ils ont accusé le coup. »

Il manque 20q/ha

À quelques centaines de kilomètres de la plaine d’Alsace, en Lorraine, les rendements ne sont pas mirobolants. En général, il manque 20 q/ha dans chaque production. « En blé, en moyenne cette année, je suis à 55 q/ha, contre 75 d’habitude », indique Bertrand Choné. « En colza, c’est moins catastrophique, mais je comptabilise un rendement à 25 au lieu de 35 q/ha les dernières années. »

La paille et l’herbe récoltées suivent la tendance des grains. Il y en a nettement moins. « On va réussir à couvrir les besoins de l’élevage grâce au stock de l’année dernière et aux arrangements entre collègues » annonce, soulagé, Matthieu Goehry, agriculteur dans le Bas-Rhin. Mais le bâtiment devrait être plein à ce jour, or ce n’est pas le cas. »

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Se rattraper en tournesol et maïs

Outre la quantité, les éleveurs ont également passé du temps pour pouvoir la récolter. « L’éleveur à qui j’ai vendu ma paille a dû la retourner au moins trois fois », signale Bertrand Choné. La qualité risque donc d’être altérée.

Mais ces agriculteurs n’ont pas perdu espoir et tablent sur une belle récolte de maïs et de tournesol. « Les maïs sont très beaux pour le moment », avoue timidement Damien Fritsch. « Mais la récolte est encore dans un mois et d’ici là, on ne sait pas quelle météo nous attend. » Alain Wack, agriculteur voisin, renchérit : « Tant que le grain n’est pas au sec, on ne peut pas se réjouir. »

En ensilage, les maïs murissent bien, avançant petit à petit les dates de récolte. Tournesols et sojas sont tout aussi prometteurs.

Humide… trop

Pressés de tirer une croix sur la moisson 2024, les céréaliers profitent de cette intersaison pour travailler les sols. La valse des déchaumeurs, décompacteurs, voire de charrues et fissurateurs pour restructurer le sols, continue dans les plaines du Grand-Est. « Depuis octobre dernier, il n’y a pas une semaine sans pluie », se désole l’agriculteur lorrain.

Des conditions parfaites qui pourraient faciliter l’implantation des couverts d’interculture, réaliser des faux-semis ou encore semer des colzas. Mais pour l’heure, nombreux agriculteurs n’ont pas réussi à les semer ou ont même abandonné la culture. « Nous n’avons pas atteint les 500 ha habituels de colza emblavés », calcule Bertrand Choné, président de la cuma des Trois cantons. « Les sols sont collants et vu les rendements, certains agriculteurs préfèrent se tourner vers d’autres cultures. »

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