La moissonneuse avec chenilles de la cuma de Bouglon (Lot-et-Garonne) a rendu un fier service cet automne. Habituellement, les chenilles sont installées pour moissonner quelques dizaines d’hectares dans des champs humides. Cette année, elles auront servi à récolter quelque 600 ha. Bilan de 15 campagnes d’utilisation avec l’avis de la cuma sur les chenilles pour moissonneuse.
Avis vidéo de la cuma sur les chenilles Tidue pour moissonneuse
« Sans les chenilles, notre moissonneuse batteuse ne pourrait pas travailler dans de nombreuses parcelles de nos adhérents cette année, déclare Pascal Derc, membre de la cuma, au volant de la New Holland CX7.90 du groupe. Nos boulbènes sont trop humides, voire à blanc d’eau. »
Les terres ne sèchent pas, tandis que le maïs grain menace de se dégrader sur pied. Les adhérents font face à des conditions pédoclimatiques humides depuis l’automne dernier. Ils n’avaient pu semer que peu de surfaces en céréales d’hiver. Les principaux revenus de leurs grandes cultures dépendent des cultures de printemps. Le train de chenilles joue donc un rôle crucial.
La cuma a acheté un train de chenilles pour la récolte du grain en 2008. Elles sont de la marque Tidue, interchangeables avec les roues avant de la moissonneuse. Pour information, l’entreprise Camso a depuis intégré Tidue, fabricant italien de systèmes de conversion à chenilles, en 2013.
Avec leurs 920 mm de large et leurs trois galets, les chenilles satisfont les adhérents par la portance qu’elles procurent. Équiper de chenilles une moissonneuse requiert un pont arrière moteur, présent sur la machine de la Cuma. Sinon, elle risquerait d’être très compliquée à manœuvrer au champ. « Les roues arrière laissent les plus grosses traces suite au passage, constate Pascal Derc. Mais ajouter des chenilles sur le train arrière coûterait cher, et augmenterait trop le prix de revient. »
Avec ou sans chenilles, tarif identique
Le prix de revient, justement, tend à évoluer. « Le service coûtait 117 €/ha avec chauffeur jusqu’en 2023, annonce Sébastien Blard, président de la cuma de Bouglon. Il est fort probable que nous majorerons ce tarif pour la campagne 2024. En effet, la moissonneuse consomme plus que d’habitude. » Et le président d’en expliquer la raison : « Les conditions plus boueuses que les années précédentes accentuent le patinage. Le maïs est récolté à un fort taux d’humidité, ce qui requiert davantage de puissance pour animer les organes de battage et de séparation des grains. Enfin, comme il faut intervenir avec les chenilles dans un nombre accru de parcelles, les distances parcourues sur route seront supérieures aux années précédentes. »
Toutefois, le fait d’appliquer un tarif unique pour l’emploi de la moissonneuse demeurera. Que la machine soit utilisée avec son train avant équipé de roues ou de chenilles, le prix est le même. Idem pour l’ordre d’intervention. Les premiers bénéficiaires paieront autant que les derniers. « Le groupe apprécie cette manière de fonctionner, par ailleurs très simple à gérer », note Sébastien Blard.
En 2008, la cuma avait acheté le train de chenilles 40 000 €. Elle avait amorti l’investissement sur 10 ans. L’objectif, toujours en vigueur aujourd’hui, était de fournir aux adhérents un prix d’utilisation inférieur à une machine en propriété ou au tarif d’une entreprise de travaux agricoles.
Avis positif sur les chenilles pour moissonneuse après 15 campagnes
Quel bilan tirer des chenilles de la cuma ? Les adhérents sont satisfaits de cet équipement après 15 campagnes. « Techniquement, au champ, notre solution nous convient, analyse Sébastien. Le principal défaut réside dans la trop lente vitesse de déplacement sur route, où nous nous limitons à 17 km/h. Nous devons relier de nombreuses parcelles dans un rayon de 20 km autour de notre bâtiment. Le parcellaire est morcelé et les surfaces varient de 1 à 10 ha. Acheter un train de chenilles monté d’origine pourrait nous autoriser de rouler à 25 km/h. »
Au chapitre entretien, la cuma ne constate que peu de charge, à savoir un anecdotique changement d’huile dans les moyeux des chenilles. Depuis 16 ans, les chenilles ont officié de 0 à 70 ha/an, puis 600 en 2024. Les bandes caoutchouc sont toujours celles d’origine et ne montrent pas de signes d’usure nécessitant un remplacement. Remplacer l’équipement du train avant de chenilles à roues, et inversement, nécessite trois à quatre personnes pendant une demi-journée.
Provisionner le remplacement des bandages caoutchouc
Remplacer une paire de bandages caoutchouc coûte cher dans l’absolu : compter entre 20 000 et 25 000 €. Les facteurs d’usure sont les trajets sur route et la température élevée du bitume.
Dans les champs, les contraintes de frottements et de poids sont supportées par le sol, plus meuble que les enrobés routiers. Camso, qui équipe des machines chenillées en première monte et des systèmes de conversion comme celui de la cuma de Bouglon, se veut rassurant. Selon l’entreprise, il est fréquent de rencontrer des bandages caoutchouc installés depuis plus de 15 ans, en particulier sur les chenilles à usage occasionnel.
Toutefois, il est utile de connaître le prix de tels équipements, pour en provisionner le remplacement le cas échéant.
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