L’andainage interroge toujours : herbe à la fauche ou pas? Dans le cadre du projet Opti-Herbe, les cuma de l’Ouest ont organisé un essai de récolte en avril 2022. Objectif : « Déterminer l’impact du regroupement d’andains sur la cinétique de séchage et la qualité de fourrage lors de la récolte d’herbe en ensilage. » C’est une question récurrente dans les cuma. Vaut-il mieux former un seul andain groupé dès la fauche, ou attendre et repasser un coup d’andaineur au dernier moment ?
Un ray-grass à plus de 6 t MS/ha
L’opération s’est déroulée dans la Sarthe, sur un ray-grass d’Italie en première coupe. Il affichait un rendement de 6,1 t MS/ha, et 17 % de MS. Les techniciens disposaient d’un combiné de fauche Pöttinger de 10 m, avec conditionneur et tapis groupeur, et d’un andaineur à tapis ROC de 9,50 m.
L’essai a comparé deux itinéraires. D’un côté, la fauche avec formation d’un seul andain groupé. Et de l’autre, la fauche sans toucher aux trois andains, l’andainage ayant lieu deux jours après, juste avant l’ensilage.
L’andainage à la fauche a freiné le séchage
Séverine Bourrin (frcuma Ouest) en tire une conclusion nette. « Dans les conditions climatiques de cette année, rosée importante et temps frais le matin, le fourrage étalé a séché plus vite et dès le début, pour atteindre le taux souhaité en trois jours (entre 30 et 35 % MS). Le fourrage groupé n’a pas pu évacuer l’humidité emprisonnée dans l’andain. » En effet, le gros andain unique affichait seulement 22,6 % MS au terme des trois jours, quand le fourrage étalé frôlait les 35 % MS.
Les courbes 2019 présentent l’impact du type de fauche sur l’évolution du taux de MS :
Celles de 2021 illustrent l’évolution du taux de MS en fonction du type d’andain :
2022 : voici les courbes qui montrent la rapidité du temps de séchage avec des andains groupés :
Conditions plus séchantes
Autres modalités pour un essai réalisé dans le Maine-et-Loire en 2021, avec la cuma la Christophine. Il s’agissait cette fois de faire travailler un groupe de fauche de 9 m Kverneland, avec conditionneur et tapis groupeur. Les organisateurs ont comparé trois techniques :
- un seul andain de 4 m grâce au regroupement permis par les deux tapis
- trois andains séparés mais serrés (1,55 à 1,60 m)
- deux andains larges (2,70 m de chaque côté, 1,60 m au centre)
Quels résultats?
À l’arrivée, on retrouve le même différentiel, mais avec une dynamique nettement plus grande. En effet, au terme des premières 24 h, le fourrage étalé affichait déjà une moyenne de presque 33 % MS, l’andain central étant un peu moins sec et les deux extérieurs un peu plus. D’autre part, les trois andains serrés séparés ont séché un peu plus vite que les trois regroupés, mais sans gros écart entre eux. Et cela, avec une journée de plus pour monter à un niveau similaire, respectivement 33,8 et 33,2 % MS. « Dans les conditions de cet essai, explique Séverine Bourrin, l’itinéraire fourrage regroupé dès la fauche a l’intérêt de ne pas donner un fourrage trop sec en deux jours. » En effet, l’équipe d’ensilage a parfois besoin de temps pour se rendre disponible. Et, inversement, « la modalité andain étalé (…) aurait permis de gagner un jour de séchage. »
Un fort effet météo
Dans un autre essai réalisé en Normandie en 2019, par Littoral Normand, cuma Basse-Normandie et Elvup, les organisateurs tenaient un discours différent. Dans les conditions climatiques du moment, il avait fallu faner ou étaler au maximum les andains de ray-grass d’Italie, pour descendre au taux de matière sèche recherché dans un délai de quarante-huit heures. D’autant plus qu’il avait plu avant de faucher.
Enfin, en 2020 et 2021, d’autres essais se sont également déroulés, en Côtes-d’Armor, Orne et Vendée. Ils montraient eux aussi des disparités importantes dans les résultats en fonction du fourrage : rendement, état d’avancement, humidité au moment de la fauche et des conditions météo (humidité, vent, température). Il faut donc savoir s’adapter.
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