Les valeurs de débit de chantier ‘à dire d’expert’ s’avèrent insuffisantes pour qui veut s’en servir pour organiser et prévoir au plus juste l’activité d’un nouvel investissement. Les déplacements de l’andaineur entre l’exploitation et les parcelles représentent en effet un temps non négligeable.
Pour y voir plus clair, le service agroéquipements de la fncuma suit, avec l’appui des animateurs du réseau, une population de compteurs connectés Karnott. Le but est de chiffrer les débits de chantier réels, en tenant compte du temps passé sur la route.
Seules les activités correspondant à de vrais travaux sont prises en compte, mais certaines parcelles peuvent être traitées en plusieurs fois. Cela explique qu’on parle de surface travaillée du chantier et non de surface de la parcelle elle-même.
Déplacements andaineur: chiffrer les pertes de temps
Les tendances n’ont rien de nouveau: chacun sait qu’on perd moins de temps dans une parcelle grande et en longueur que dans une parcelle petite et biscornue ! Mais ici la différence est chiffrée. Ce sont autant d’éléments utiles pour mieux organiser les travaux et, dans une cuma, pour mieux arbitrer les ordres de passage entre adhérents. Se baser uniquement sur l’ordre dans lequel arrivent les réservations peut conduire à multiplier exagérément les kilomètres sur route.
Notre andaineur double a fait l’objet d’un suivi durant une saison chargée: plus de 480ha travaillés au cours d’une soixantaine de chantiers. Le tracteur parcourait à chaque fois une moyenne de 26,4km aller et retour. Le compteur connecté montre d’abord que l’andaineur a passé 65% de son temps en parcelle, pour 21% en déplacement et 14% en temps morts (réglages, contrôles, etc.). Une fois dans la parcelle, il abattait en moyenne 4ha/h, mais si on tient compte également des trajets et des temps morts, le débit global descend à 2,6ha/h.
Si on applique à ces débits constatés sur le terrain, les hypothèses de travail de notre andaineur étalon étudiées dans l’article précédent, la facture des déplacements apparaît clairement.
Entre un débit au champ de 4ha/h et un débit tout compris ramené à 2,6ha/h, le coût de chantier grimpe de 14 à 18,10€/ha, hors main-d’œuvre. Un saut de 29%. Avec le chauffeur, la facture passe de 19,50 à 26,60€/ha, soit 36% de hausse. Et avec un GNR à 2€/l, la différence est encore plus marquée.
L’effet parcellaire
Les enregistrements réalisés par le compteur connecté prouvent que la taille des chantiers influe sur le débit de façon significative. En effet, il n’a atteint que 3,4ha/h dans les plus petits (moins de 5ha), contre 4,4ha/h dans les plus gros (10 à 26ha).
Une différence qui se manifeste également dans la vitesse moyenne mesurée dans le champ, manœuvres comprises: 6,2km/h dans le premier cas, 7,6km/h dans le second. Dernière information surprenante: durant sa saison, notre andaineur a parcouru 884 km au sein des parcelles, contre presque 700km sur la route. Un partage à presque 50-50 entre herbe et bitume.
Les déplacements sont inévitables mais savoir ce qu’ils coûtent permet de mieux réfléchir à un changement de pratiques, à une optimisation des ordres de passage entre adhérents voire à des échanges de parcelles.
Rayons X
Cet article et ses données sont issus d’un travail d’enquête et d’étude économique publié dans l’univers Rayons X. Six andaineurs sont passés au scanner économique de la rédaction d’Entraid. Les voici :
Fellas Juras 801: prix d’achat et coût de détention
Krone Swadro TC 760: prix d’achat et coût de détention
Claas Liner 2700: prix d’achat et coût de détention
Kuhn GA 7501+: prix d’achat et coût de détention
Pöttinger TOP 762 C: prix d’achat et coût de détention
Vicon Andex 764: prix d’achat et coût de détention