Nouveaux agriculteurs installés en France : qui sont-ils ?

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Nouveaux agriculteurs installés en France : qui sont-ils ?

L'étude Agrinovo pour comprendre les origines des évolutions de pratique en lien avec le renouvellement de générations d'agriculteurs en France.

Agrinovo, une étude de la Chaire mutations agricoles, décrypte le renouvellement des générations agricoles. Ses auteurs dévoilent les enseignements le 20 mars à l’ESA d’Angers.

Sur avril 2024, la Chaire mutations agricoles interrogeait des agriculteurs installés en 2018 ou en 2022. Si des questions caractérisent leur exploitation actuelle, d’autres se penchent sur l’origine sociale des nouveaux agriculteurs, leur parcours scolaire, professionnel et même résidentiel… L’équipe de chercheurs en sociologie et économie de l’École supérieure d’agricultures en présentait les résultats, le 20 mars à Angers, après le travail d’analyse des 3 400 réponses exploitables. L’étude Agrinovo sur les nouveaux agriculteurs installés propose ainsi cinq, voire six profil-types.

Les multiples facteurs des évolutions de pratiques agricoles

Agrinovo nouveaux agriculteurs

À gauche de l’image : Antoine Dain Caroline Leroux et Caroline Mazaud, chercheurs de l’ESA présentaient les résultats d’Agrinovo.

Un simple clivage nima / ima s’avère réducteur, selon Caroline Mazaud, la chercheuse en sociologie au Laress qui a coordonné ce travail : « Nos analyses montrent que le fait d’être enfant d’agriculteur ou non ne suffit pas à expliquer la diversité des conceptions du métier. »

Comprendre les origines des évolutions de pratique en lien avec le renouvellement de générations nécessite donc de chercher plus loin. « D’autres facteurs, tels que le niveau de qualification, l’expérience professionnelle antérieure ou encore les ressources précédemment accumulées, jouent aussi un rôle déterminant dans les parcours et les visions du métier d’agriculteur aujourd’hui. »

La transmission par filiation demeure un pilier structurant du monde agricole français

Un premier point est que l’installation d’enfants d’agriculteurs reste majoritaire. Caroline Mazaud introduit : « 55 % ont un moins un parent agriculteur. » Notant une diminution de l’indicateur, elle précise qu’au bout du compte, « 77 % de nos répondants affirment une proximité familiale avec un agriculteur. »

Ainsi, le modèle d’installation le plus attendu reste au rendez-vous, avec un tiers des répondants qui se retrouvent sous un intitulé « héritiers bien préparés ». Ces agriculteurs qui se destinent de longue date au métier ont très souvent la motivation de suivre une voie parentale et ont suivi une formation agricole. « Ils se distinguent enfin par leur jeunesse. 80% ont moins de 35 ans au moment de leur installation », contre moins de 50 % pour le reste de l’échantillon.

Une seconde catégorie d’installés issus du milieu agricole s’oppose à la première sur de nombreux points. Les « héritiers sans vocation », comme le terme l’indique, ne se prédestinaient pas à reprendre le flambeau familial. Plus des deux tiers n’ont ainsi pas suivi de formation agricole initiale.

De plus, 92 % ont exercé un métier éloigné de l’agriculture avant de s’installer. Naturellement, ils sont devenus agriculteurs plus tardivement, mais les auteurs soulignent la sur-représentation des femmes (61 %) dans ce groupe de l’échantillon.

Agrinovo apporte une segmentation plus fine également du côté des récents installés qui n’étaient pas issus du milieu agricole. L’étude pointe en effet l’approche différente du métier d’agriculteur entre les profils « reconvertis des classes moyennes » et « reconvertis des classes supérieures ».

Pas de trajectoire unique et linéaire selon l’étude Agrinovo sur les nouveaux agriculteurs

Les premiers représentent 20% de l’échantillon et s’installent bien souvent en créant leur propre exploitation qu’ils orientent vers les circuits courts, le bio, avec une approche indépendante. Antoine Dain, postdoctorant impliqué dans l’analyse, note par exemple leur particularité de plus souvent « accéder à l’agriculture via des agences foncières. »

La seconde classe (8 % de l’échantillon) se caractérise par un niveau d’étude plus élevé. Ces personnes, « après avoir occupé des postes de cadre, deviennent agriculteurs », relève la synthèse. Se sentir utile constitue une motivation importante du projet agricole de ces répondants. Pour certains, c’est en reprenant finalement une exploitation familiale. Les chercheurs observent dans ce cas une plus forte propension à s’intégrer dans des organisations professionnelles telles que des cuma. C’est une tendance qui se retrouve aussi chez les « héritiers bien préparés ».

Enfin, l’étude sur les nouveaux agriculteurs Agrinovo dessine un dernier portait type, intitulé « Classes populaires rurales hors cadre ». A priori moins attendu au départ, il représente tout de même 16 % de l’échantillon. « Ce sont des Nima qui ont, souvent, suivi une formation initiale agricole et vivaient en zone rurale. On peut sous-entendre que vivre à proximité leur a donné envie de s’élever socialement via le métier d’agriculteur. »

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