«Mon père m’a plutôt poussé à sortir de l’agriculture, pour que j’ai un salaire fixe et des vacances, loin des astreintes d’élevage de mon enfance.» Cette position, Maxence l’a tenue jusqu’à ce que le virus agricole ne se réveille sous forme d’apiculture. «Comme tous les anciens à l’époque, mon grand-père possédait des ruches. Finalement, je me suis pris au jeu. D’ailleurs, j’ai commencé à fabriquer mes propres ruches, à élever mon premier essaim et à m’intéresser au rôle des pollinisateurs et à la sauvegarde de l’abeille noire.»
Installation en apiculture: les ruches ont remplacé le troupeau allaitant
Ainsi, loin de se laisser abattre par les critiques de son entourage à l’énoncé de sa volonté de vivre de la production de miel, il travaille individuellement chaque point négatif pour trouver une réponse. Philosophe, il se dit qu’il sera prêt le jour où son extracteur tombera en panne la veille de la récolte ou s’il devient allergique aux piqûres d’abeilles.
Depuis le 1er janvier dernier, Maxence est officiellement installé comme agriculteur. Fraîchement diplômé d’un BPREA, il a repris les 100ha de son père, dont 35ha de prairies. 26 ruches ont remplacé le troupeau de vaches allaitantes. L’objectif est d’atteindre 50 ruches et de rester le plus artisanal possible. L’intégralité de la première récolte estimée à 300 kilos sera commercialisée facilement en vente directe, par le bouche-à-oreille. Un magasin de producteurs l’a d’ores et déjà contacté mais Maxence souhaite prendre le temps de la réflexion avant de s’engager.
La SEP? «Un lieu rassurant»
Comme son père 25 ans avant lui, Maxence a assez naturellement rejoint la Société en participation (SEP). Huit exploitations agricoles ont mis en commun leur parcellaire et travaillent ensemble. «Chacun apporte sa pierre à l’édifice. Pour ma part, je souhaitais passer en bio, la conversion a commencé en mai. Un autre membre de la Sep était déjà certifié bio. L’assolement est réfléchi en commun, j’ai été attentif au choix des autres membres de la Sep en matière de couverts végétaux (moutarde, féverole, lin) pour favoriser les abeilles.»
Maxence estime être chanceux. «J’ai des amis qui travaillent très dur en maraîchage ou polyculture élevage. Installés seuls, ils ont toujours les mêmes dettes 5 ans après.» Grâce à l’adhésion à la cuma Centre Meuse, il peut utiliser du matériel neuf et performant à moindre coût. Quant au soutien de son père, à présent convaincu, et des membres de la Sep, ils figurent selon Maxence parmi les facteurs-clés de son installation.
«Notre groupe est un lieu rassurant, où règne le respect de chacun. Avec un âge des participants qui varie de 30 à 48 ans, l’expérience des anciens bénéficie aux jeunes.»
L’apiculture pour le plaisir retrouvé de se lever le matin
Chaque fois que le groupe évolue, un nouvel équilibre doit être trouvé. Au quotidien, une réunion hebdomadaire sert à planifier les travaux et à échanger. Sans aucune pression pour continuer à participer au groupe, Maxence entend que «le plaisir reste au cœur de cette aventure humaine».
Et c’est aussi le plaisir de se lever le matin que Maxence a retrouvé, en plus de la liberté acquise de s’organiser comme il le souhaite. «Je fais mes propres expériences. Je teste des couverts mellifères, des haies, je réfléchis. Tout ne marche pas, mais je redonne du sens à mon travail.»
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