« Les agriculteurs sont attendus sur la réduction des émissions d’ammoniac »

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« Les agriculteurs sont attendus sur la réduction des émissions d’ammoniac »

Avec des investissements dans certains matériels, les cuma tentent de réduire la pollution de l'air en agriculture.

Mélodie Chatain, ingénieure d’étude chez Atmo Grand Est, livre quelques éléments sur la qualité de l’air et les actions que peuvent mettre en place les agriculteurs pour l’améliorer.

Rencontre avec Mélodie Chatain. Au programme :  pollution de l’air dans l’agriculture, et actions à mener.

De quoi parle-t-on lorsqu’on étudie la qualité de l’air ?

Il faut d’abord distinguer les gaz à effets de serre, notamment le dioxyde de carbone, le méthane ou encore le protoxyde d’azote, qui engendrent un réchauffement global de la planète, des polluants atmosphériques. Ces derniers ont un impact direct sur la qualité de l’air, qui se caractérise par la concentration des polluants présents dans l’air. Ce peut être le dioxyde d’azote, les particules ou encore l’ammoniac.

On distingue deux types de polluants :

  • Les polluants primaires qui sont émis directement dans l’air par des sources de pollution ;
  • Les polluants secondaires, ceux formés dans l’air à la suite de réactions physico-chimiques.

Quelle différence y a-t-il entre les émissions et les concentrations d’un polluant ?

Les émissions correspondent à une quantité de polluants libérée dans l’air par une source. Le stockage des fumiers et du lisier engendre des émissions d’ammoniac par exemple.

Les concentrations, elles, sont dépendantes des émissions et notamment de la proximité avec la source d’émission, des conditions météorologiques (vent, pluie, chaleur…)

Quel est le lien entre la qualité de l’air et agriculture ?

À proximité des sources, de fortes concentrations en ammoniac peuvent être responsables de dégradation de la santé des populations exposées, notamment pour les agriculteurs. En plus de ces effets directs, l’ammoniac réagit avec d’autres gaz dans l’air pour former des nouvelles particules. Or, les particules sont également responsables d’atteintes respiratoires et cardiovasculaires.

Les particules formées (nitrate d’ammonium notamment) sont issues de la réaction entre l’ammoniac et les oxydes d’azote, majoritairement émis par le trafic routier. Ces réactions sont favorisées par des températures plutôt basses et des conditions ensoleillées. Conditions qui correspondent également aux périodes avec des concentrations élevées en ammoniac, car propices à l’épandage des effluents d’élevage et des engrais azotés.

Les agriculteurs dans tout ça ?

Le secteur agricole est le principal émetteur d’ammoniac (91 %) dans la région Grand Est en 2022 avec différentes sources d’émissions comme la fertilisation minérale et le stockage (52 %), l’épandage des engrais organiques (13 %) ou encore les bâtiments d’élevage (24 %).

Un projet sur le terrain grâce aux cuma

Face à ce constat, la cuma du Bois de Cerf s’est lancée dans une démarche de réduction de leurs émissions d’ammoniac grâce au projet Réac’air. Lauréat 2023 de l’appel à projets AgriQ’Air porté par l’Ademe, il est d’une durée de trois ans et comporte plusieurs étapes.

La première visait à créer et dispenser au groupe une formation. Le sujet : le lien entre la qualité de l’air et l’agriculture en 2024. La seconde sera de diagnostiquer les émissions d’ammoniac au sein de la Cuma et des exploitations. Puis, établir et mettre en œuvre un plan d’action pour tenter de les réduire en 2025. Une solution d’épandage en cuma avec une tonne à lisier couplée à une rampe à pendillards est au programme. Tout comme la couverture de fosses à lisier.

Enfin, des mesures seront effectuées afin de pouvoir tirer des conclusions sur l’impact de ces changements de pratiques sur les concentrations en ammoniac dans l’air.

Pour plus d’information, retrouvez aussi ces articles sur www.entraid.com  :

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