Chaque printemps, l’EARL de Saint-Doué, dans le Morbihan, ensile 180 ha de cive pour son digesteur, puis sème 180 ha de maïs pour son cheptel laitier. Entre temps, elle prépare le sol et procède à l’épandage de 6 000 m3 du digestat qui nourrit sa culture fourragère. Et tout cela se fait en trois semaines. « C’est important de faire vite », insiste Jean-Luc Le Bénézic, conseiller en agronomie Eureden. Qu’elle soit à vocation énergétique ou fourragère, « il faut être réactif pour récolter l’interculture au bon stade. Puis il faut implanter le plus rapidement possible le maïs derrière, de manière à bénéficier de la structure du sol. Ainsi, nous avons en continu des plantes vivantes dans le sol. On approche quasiment le principe de la permaculture. » L’agronome précise, par exemple, l’effet positif sur le phénomène de réssuyage, ou sur le démarrage de la culture, paramètre crucial de son rendement final.
Le strip-till sur l’automoteur épand et travaille le sol
Face à cette obligation, le cultivateur de maïs avance quelques contraintes. L’astreinte d’élevage d’une part, qui a tendance à perturber les plannings établis. L’arrivée de la méthanisation, il y a deux ans, a de plus induit des changements pour la ferme morbihannaise. Déjà, « c’est un peu un second troupeau à gérer », compare Thierry Magré, l’un des trois associés à la tête de l’entreprise.
Ensuite, la mise en silo du seigle (à partir de fin avril) accentue le pic de travail déjà bien prononcé, tout en réduisant la fenêtre d’action pour l’implantation de semis du maïs. « Avant, nous commencions dès mars la préparation de nos parcelles de maïs », précise Thierry Magré.
De la délégation et le strip-till contribuent à résoudre l’équation. Qui plus est, la technique satisfait l’orientation TCS que l’exploitation suit depuis 1997. En remplacement d’un combiné strip-till et semoir monograine, l’EARL de Saint-Doué a en effet acheté un semoir 8 rangs et importé d’Allemagne un strip-till enfouisseur de lisier. « Nous avons contacté une ETA équipée en automoteur d’épandage qui a joué le jeu », indique l’éleveur.
Le strip-till épandeur, un système efficace et économique
La saison venue, l’entrepreneur envoie sur la ferme de Saint-Doué ses ensembles de ravitaillement et le Xerion avec son enfouisseur à disques. Ce dernier sert dans les sols superficiels et caillouteux du parcellaire. Pour les champs plus propices a un travail sur 15 à 20 cm de profondeur, il attèle le strip-till 8 rangs de son client. En une semaine, le chantier d’épandage et de préparation du sol est ainsi fait.
« Nous connaissions la technique. Nous savions que ça fonctionnerait dans notre terrain sablo-limoneux, assez séchant donc. L’intérêt du trip-till est qu’on ne dessèche pas autant la terre. C’est avantageux par les temps qui courent. » L’agriculteur, témoin sur un atelier au Mécaélevage d’Évellys, le 25 mai 2023, tire un bilan positif des deux premières campagnes de semis du maïs sur ce nouveau schéma.
Outre la division par deux ou trois du temps de travail nécessaire, il juge l’itinéraire globalement performant sur le plan économique. « L’épandage nous revenait à 2,20 €/m3 auparavant », se souvient Thierry Magré. Certes, le changement de technique a induit une augmentation de ce montant d’environ un euro. « Mais avec cet euro en plus, nous avons fait faire la préparation du sol. »
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