Dans les Monts du Livradois-Forez, les exploitations d’élevage, sont de plus en plus soucieuses de maîtriser les charges d’alimentation, en particulier l’achat de correcteur azoté. En parallèle, des exploitations en productions végétales souhaitent diversifier leur rotation et travailler avec les éleveurs du secteur. A la fois pour des raisons économiques, environnementales et d’organisation du travail.
Dans ce contexte, «pourquoi ne pas évaluer l’intérêt de produire localement des protéines ?». C’est la réflexion qui anime quatre exploitations adhérentes de la cuma engagées dans le Giee : deux en productions végétales et deux autres en production laitière, distantes de moins de 10 km.
Au programme, essais et visites
Didier Batisse, l’un des quatre exploitants qui est aussi salarié à mi-temps de la cuma est en première ligne : «Je crois que nous avons un potentiel dans nos terres pour faire pousser certaines cultures comme le trèfle et en faire bénéficier les éleveurs. D’autres cultures méritent que l’on fasse des essais comme le lupin. Certaines, comme les méteils grains ou fourrages, semblent réellement intéressantes. La féverole ou le pois de printemps sont à étudier aussi. Ces cultures pourraient en partie être récoltées par la cuma qui est équipée (auto chargeuse, ensileuses, faucheuse…) et cela re dynamiserait aussi l’esprit collectif», argumente-t-il.
Juliette Pinguet, de la chambre d’agriculture qui accompagne ce GIEE, mentionne les visites qui ont déjà eu lieu : «Le 6 juin, nous avons visité dans le cadre de la journée Innov’Action, la plate-forme d’essais mise en place à Montpensier avec le GDA. L’idée, c’est de voir quelles seraient les sources de protéines les mieux adaptées aux exploitations du groupe et de jouer sur leur complémentarité. Nous avons commencé aussi à travailler sur les problématiques de coûts alimentaires et de rotations. Un des points intéressants avec ce type de nouvelles cultures, serait en effet de pouvoir étaler les pointes de travaux.»
Les premiers essais d’implantation devraient débuter cet automne et en parallèle, une formation est prévue pour approfondir toutes ces questions.
Deux exploitations voisines, l’une en élevage et l’autre en productions végétales, pratiquent opportunément l’échange paille - fumier. « Pour des raisons agronomiques, notre Gaec n’a jamais souhaité vendre de la paille », indique Yves François, agriculteur en productions végétales dans l’Isère. Depuis quelques années, l’enlèvement de paille par une ferme bovine distante de 6 km, ne remet pas en cause la fertilité des sols de l’exploitation d’Yves François. En effet, l’accord conclu prévoit une réciprocité. Les restitutions de fumier de bovin issu de l’élevage compensent les exportations de paille de l’exploitation céréalière. De cette manière, le taux de matière organique des sols n’est pas dégradé. Concrètement, l’éleveur vient, dès la fin des moissons, avec sa presse pour récolter puis enlever le volume de paille dont il a besoin. En parallèle, le Gaec d’Yves François enlève sur l’élevage, avant de l’épandre sur ses terres (avec le matériel de la cuma intégrale de la Plaine de Faverges), le volume de fumier correspondant. « On est parti sur la règle suivante : 1t de paille équivaut à 4t de fumier. Le tonnage échangé varie selon les années. Cela peut être une cinquantaine d’épandeurs de 10-12 t de fumier par an, parfois un peu plus », explique Yves François. La cuma de la Plaine de Faverges dont Yves François était le président jusqu’en mai 2017, intervient depuis 3-4 ans, dans la récupération sur une plate-forme de déchetterie, de broyats issus de déchets verts. Ceux-ci sont co-compostés avec du lisier de porc avant d’être enfouis dans les parcelles d’adhérents de la cuma. |
Lisez notre précédent article issu du supplément spécial Space sur Entraid :