Dans le réseau cuma, on a l’habitude de coopérer. Au-delà même parfois des frontières habituelles de chaque cuma, délimitée par une circonscription territoriale. C’est ainsi qu’entre les éleveurs en cuma du Pays d’Auge et les producteurs céréaliers de la Plaine de Falaise, des liens sont en train de se nouer avec un échange de fumier luzerne.
Une poignée d’adhérents de la cuma de Sassy, particulièrement attentifs à l’équilibre agronomique et financier de leurs exploitations de grandes cultures, envisage d’introduire de la luzerne dans leur assolement. Celle-ci pourrait être valorisée dans la zone d’élevage voisine du Pays d’Auge. A l’inverse, un courant d’exportation de fumier du Pays d’Auge vers la Plaine de Falaise pourrait se développer.
Pour Florian Frémont qui suit ce projet à la Frcuma de Basse–Normandie, la complémentarité entre les deux groupes distants seulement d’une trentaine de kilomètres, est évidente.
Export de luzerne
«Dans la Plaine de Falaise, 7-8 exploitations, bio et conventionnelles, envisagent d’implanter une centaine d’hectares de luzerne avec la conviction que celle-ci représente une super tête d’assolement», explique-t-il. L’implantation serait raisonnée sur 4 à 5 ans avec des variétés de précocité différente, de manière à garantir de la souplesse dans le calendrier de récolte. A raison de 4 coupes par an, le volume récolté annuellement serait de l’ordre de 1.200 tonnes, récoltées par auto-chargeuse à 35 à 50 % de taux de MS.
De manière à rationaliser le transport et surtout garantir un fourrage de qualité, le projet prévoit en effet la création d’un séchoir. Les responsables penchent en faveur de la technique de séchage par «déshumidification». Le bâtiment, localisé dans la zone de production de la luzerne, serait également alimenté en plaquettes forestières issues du bocage normand.
La luzerne, une fois séchée, serait conditionnée en bouchons ou en big baller. Des cuma sont intéressées pour prendre en charge la récolte et les transports: fourrages, bouchons, plaquettes forestières… Une structure ad hoc devra cependant être créée pour formaliser la mise en oeuvre de ce projet basé sur des contrats d’approvisionnement pluriannuels, assujettis à des clauses de qualité. A noter: pour amortir le coût du séchoir, d’autres matières premières pourraient être séchées en dehors des périodes réservées à la luzerne.
Import de fumier
En retour, ces exploitations céréalières sont preneuses de fumier. C’est pourquoi, la fédération des cuma de Basse-Normandie propose une calculette d’échange luzerne – fumier. Ce circuit d’échanges de matières premières entre régions proches représente «un véritable projet de territoire», assurent les responsables de cuma.
Les avantages de l’échange fumier luzerne
Luzerne | Céréaliers (Plaine de Falaise) : - Introduction d'une bonne tête d'assolement, favorable à la structure des sols. - Restitution de 30 à 40 points d'azote à la culture suivante. | Éleveurs (Pays d'Auge) : - Accès à une ressource alimentaire riche en protéines, tracée, à un coût et une qualité maîtrisés. |
Fumier | Céréaliers (Plaine de Falaise) : - Restauration du taux de matière organique des sols grâce à l'apport de fumier qui permet en même temps de diminuer les achats d'engrais. | Éleveurs (Pays d'Auge) : - Possibilité de valoriser les fumiers et/ou copeaux de bois produits en excédent dans certains élevages. |