La cuscute parasite les cultures de luzerne et de trèfle, jusqu’à détruire les pieds contaminés. Elle diminue ainsi le rendement de la culture. Son impact est réel sur les entreprises de déshydratation et sur les résultats économiques des éleveurs. Un comité « cuscute-luzerne », constitué de semenciers, déshydrateurs, représentants agricoles, instituts technique et de recherche, et animé par la FREDON-Nouvelle Aquitaine a sonné l’alerte récemment. La détection et la lutte contre cette adventice parasite sont primordiales pour le maintien des productions de luzerne en France, fourrage comme semences, nécessaire pour notre autonomie protéinique. Bonne nouvelle : l’analyse d’images aériennes s’avère très prometteuse pour mieux la contrôler.
L’importance d’une détection précoce
La contamination de la luzerne par la cuscute se fait pas multiplication végétative mais aussi par les très nombreuses graines produites par le parasite. « Elle est moins bien détectée qu’avant, souligne Khalid Koubaiti (ingénieur Fredon Nouvelle Aquitaine), car les agriculteurs disposent de moins de temps pour la surveillance des parcelles. Or, il est important de mettre en place des moyens de lutte le plus tôt possible, dès que la présence du parasite est avérée. » Concrètement, il faut repérer les taches claires dans la végétation, qui témoignent d’un début d’épuisement des plants par la cuscute. Cela dès qu’elles mesurent de l’ordre de 20 cm de diamètre. L’exploitant vient alors détruire la zone touchée.
Des images de drone pour détecter la cuscute
« Avec des organisations de producteurs, nous avons testé la détection par drone, poursuit Khalid Koubaiti. » Les partenaires ont fait appel à la société Téléspazio, connue notamment pour ses prestations de détection de datura par analyse d’images aériennes réalisées avec des drones (service GeoAdventice). Les résultats sont très prometteurs. Francis Jumel, du service agriculture de cette entreprise, précise : « Le projet est bien avancé. Il nous reste à finaliser l’algorithme d’intelligence artificielle en lui fournissant des images complémentaires ».
Un plan d’action nécessaire
Cette étape finale nécessite une nouvelle mobilisation, comme l’explique Khalid Koubaiti. « Pour réduire la progression du parasite, nous aimerions lancer un plan d’action de biosurveillance sur le territoire avec les acteurs de la filière luzerne les plus concernés. » En Nouvelle Aquitaine, il s’agit en particulier des déshydrateurs de luzerne et des multiplicateurs de semence. La Région et le Feader encouragent d’ailleurs cette démarche.
Trois axes de prévention
En absence de moyen de lutte chimique efficace contre la cuscute, la prophylaxie est de rigueur. Les conseils de base retenus dans la filière luzerne pour la lutte contre la cuscute sont les suivants :
- Utiliser des semences certifiées, qui garantissent l’absence de graines de cuscute. Le risque de présence de cuscute dans les semences foraines est important.
- Prendre les précautions nécessaires pour éviter la contamination de la parcelle par les outils et d’apport de fumier.
- Surveiller sa parcelle dès la reprise de végétation et éviter ainsi l’installation du premier foyer. L’utilisation de drone est plus appropriée pour les grandes parcelles.
Que faire en cas de cuscute présente ?
En cas de présence avérée de cuscute, plusieurs mesures s’imposent :
- Limiter la dissémination dans la parcelle et entre les parcelles. Concrètement : éviter les passages d’outils en présence de cuscute, bien nettoyer le matériel, détruire les zones infectées en bord de parcelle.
- Ne pas récolter les zones contaminées par la cuscute, et dans le cas contraire, nettoyer scrupuleusement le matériel de récolte entre deux parcelles.
A ce jour, observer, détecter et détruire la cuscute dès son apparition reste la seule stratégie de lutte admise.
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- L’avenir du désherbage vu par les multiplicateurs de semences.
- La récolte fragmentée de la luzerne à l’essai.
- Un séchoir en cuma pour la luzerne.