Eurotier, le salon allemand de l’élevage, donne les signes de l’émergence d’une filière insectes. L’organisme de recherche et développement DLG met ces animaux en avant sur son stand. D’autre part, au moins quatre sociétés exposent des équipement et services pour l’élevage d’insectes. L’une d’elle, Flyvis Farming, cite une prévision très optimiste de la Rabo Bank. Le marché des protéines d’insectes devrait être multiplié par 50 entre 2021 et 2030.
Une médaille d’argent
WEDA constitue évidemment la première d’entre elles puisqu’elle a reçu une médaille d’argent au palmarès des innovations. Son équipement Dry.Sec permet d’obtenir automatiquement un substrat d’une consistance précise, nécessaire au bon développement de la mouche noire soldat (Hermetia illusens). En fait, il s’agit d’une des deux espèces en vue dans le domaine de l’élevage d’insectes, avec le vers de farine (Tenebrio molitor).
Les insectes, un élevage très industrialisé
Ainsi, les sociétés en pointe dans l’élevage industriel comme Big Dutchman, se penchent vers les insectes. Effectivement, ces animaux affichent des qualités attractives par les temps qui courent. D’une part la capacité à valoriser des sous-produits. Ensuite, une forte efficacité dans la transformation des aliments associée à de faibles besoins en eau. Enfin, les insectes fournissent différents produits. Soit des larves complètes. Soit encore d’un côté une graisse de qualité comparable à celle de l’huile de palme ou de coco, de l’autre un concentré de protéines. Et n’oublions ce qui reste, mélange de déjections, de mues et de substrat non consommé. Autrement dit du fertilisant.
D’abord pour les animaux domestiques
Les larves ainsi produites entrent aujourd’hui majoritairement dans la composition d’aliments pour animaux domestiques. Nos interlocuteurs signalent aussi un début d’utilisation en pisciculture, mais le prix de revient semble encore élevé pour concurrencer le soja auprès des monogastriques. On imagine aisément que l’élevage d’insecte pour ces usages sera une activité à forts investissements, avec beaucoup d’automatisation, et très intégrée. Ainsi, un exposant cite le cas d’un élevage qui consomme 100t d’aliment par jour. Livin Farms parle carrément d’ « usines à insectes« .
Une cohérence de l’élevage d’insectes avec la méthanisation
Toutefois, parmi les acteurs rencontrés à Eurotier, une société affirme jouer sur une échelle plus modeste. Il s’agit de Madebymade, implantée près de Leipzig. L’entreprise élève des mouches soldats et explique que l’élevage de cette espèce s’avère complémentaire de la méthanisation. En effet, il faut un peu de chaleur pour assurer sa reproduction (30°). D’autre part, les larves peuvent se nourrir de substrats initialement destinés au méthaniseur. Il en sort des produits à bonne valeur ajoutée, et quand même en bout de course des effluents qui donnent du gaz.
En complément :
- des points de vue sur les insectes en alimentation humaine, publiés par The Conversation, de Christophe Lavelle, et de Tom Bry-Chevalier.
- un article de la revue sésame sur l’élevage d’insectes en France.