La création de la cuma Chez Bertaud a eu lieu alors que plusieurs voisins faisaient face à un problème de mise aux normes de leur installation et au besoin de trouver quelqu’un pour distiller leur production. La mise en commun des moyens a permis d’être en conformité avec à la réglementation, d’amortir l’installation et d’automatiser le process. Au début, deux alambics (16hl et 22hl) étaient utilisés pour la distillation en cuma. Puis l’augmentation du nombre d’adhérents et des volumes à traiter a permis l’achat d’un troisième alambic (25 hl). Ainsi naquit la cuma pour la distillation!
En 2018, un nouvel adhérent a rejoint le collectif, ce qui a porté la surface de vigne à distiller à un peu plus de 70 ha. Le passage à trois alambics demande une mise aux normes : circuit d’eau fermé, bassin à vinasse… Cela demande également une bonne organisation car la capacité arrive à saturation. Sur la campagne 2020-2021, la période de distillation a duré presque six mois, allant du 14 octobre au 26 mars.
«Nous sommes satisfaits d’avoir créé cette cuma de distillation. Le fonctionnement est très familial avec un lien étroit entre adhérents, habitant tous à proximité. L’entente, la confiance réciproque et la transparence restent les maîtres mots pour garantir un bon fonctionnement», affirme Thibault Brisson, distillateur à la cuma.
Il poursuit: «En plus, cela permet à l’adhérent de bénéficier du statut de bouilleur de cru. Ce qui est recherché par les grandes maisons de cognac. Un atout pour mieux valoriser sa production. Autre point non négligeable, cela permet de mutualiser un alambic tout en apportant de la traçabilité pour plusieurs sociétés, comme c’est le cas dans le cadre d’une société père et fils.»
La force du groupe
L’opportunité de rassembler plusieurs sociétés au sein de la cuma présente différents avantages. Celui de libérer du temps pour effectuer d’autres travaux ou pour améliorer sa qualité de vie. C’est aussi l’occasion de créer du lien, d’échanger sur les pratiques et de partager les avis sur la qualité des eaux-de-vie… Pour les producteurs de Pineau, cela permet d’avoir son propre pineau fait avec sa production. Ce qui n’est pas facile avec les bouilleurs de profession.
Éclairage réglementaire
Lorsque la distillation a lieu en cuma, le matériel est dans la coopérative mais chaque viticulteur reste indépendant. La cuma doit cependant présenter un cautionnement bancaire dans la mesure où elle est amenée à gérer des alcools dont elle n’est pas propriétaire. Pour cela, elle doit informer les services des douanes des volumes traités et des stocks de manière que le comptable public indique dans un formulaire Cerfa, le montant à cautionner. Ce cautionnement autorise certaines dispositions comme le non-paiement de certaines taxes.
Attention : la cuma, détient l’alambic en tant que personne morale (soit par achat, location ou prêt), mais elle est obligée de désigner les personnes utilisatrices. Par souci de clarté, il doit donc y avoir un règlement intérieur et des bulletins d’engagements. Chacun distille à tour de rôle, « officiellement » lui-même, dans les faits, les douanes savent que les viticulteurs s’entraident. Puis chacun fait sa déclaration… La cuma doit garantir une parfaite traçabilité.
Et les adhérents, comme s’ils étaient distillateurs pour leur propre compte, doivent faire une déclaration avant les travaux au moins trois jours avant le démarrage. Pour cela, un formulaire Cerfa est à retirer auprès des douanes. Ce document servira aussi à dresser l’inventaire des stocks détenus par les viticulteurs.
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