Deux cuma de Gironde ont investi dans un parc d’outils interceps pour se lancer dans le désherbage mécanique de la vigne. La faible productivité de ces outils amènera sans doute les adhérents à devoir acheter leur propre matériel. Mais dans la phase d’apprentissage, de découverte de la technique, le partage s’est imposé. Vincent Boule, président de la cuma St Fiacre, explique : «Je souhaitais passer au travail du sol avant même qu’on parle de restrictions sur le glyphosate, et je cherchais comment. Je suis en vente directe et c’est attendu par les clients. En discutant avec des collègues, nous avons réalisé que nous étions plusieurs dans le même cas. Nous avons imaginé de faire la démarche ensemble pour partager les investissements et les expérimentations».
Désherbage mécanique de la vigne : pas d’outil universel
Ces viticulteurs ont bien compris qu’il n’existe pas d’outil universel en la matière. «Nous avons tous types de terre, argilo-calcaire, argile, sable, limon battant, et du plat autant que des dévers. Il faut donc des matériels diversifiés». Investir dans une palette assez large va leur permettre de constater lequel convient mieux dans telle ou telle situation. La liste comprend des disques émotteurs, des doigts Kress, des lames, des rotofils, des outils animés…
Un total de 145 000 € pour 8 machines, qui ont bénéficié d’une aide PCAE. Précision : cette cuma de Gironde déborde aussi sur la Charente Maritime.
Merci aux adhérents en bio
Du côté savoir-faire, les adhérents de la cuma en bio apportent leur expérience. Il faudra notamment vérifier l’efficacité, le débit de chantier, le bon enchaînement entre différentes interventions au cours de la saison. «On s’entend bien, on veut progresser ensemble», souligne Vincent Boule. L’expérimentation concerne aussi le volet économique : chaque outil aura une comptabilité séparée pour bien suivre les frais d’entretien.
A Braud et St Louis, la cuma s’est lancé dans une démarche similaire, mais à plus grande échelle. Elle compte aussi plus d’adhérents. Un total de 16 machines, pour un investissement de 271 000 €, a fait son entrée dans le parc collectif. Son président Eric Ninaud relève les contradictions du moment: «Notre vin se vend mal et en même temps les acheteurs sont de plus en plus exigeants sur les modes de production. Seuls, nous serions incapables de supporter les investissements nécessaires pour réduire les herbicides».
Désherbage mécanique de la vigne : objectif vignes propres
Sur le plan technique, ils ont besoin d’apprentissage. Là aussi, l’expérience d’adhérents en bio va bénéficier au groupe. «Depuis 11 ans que mon exploitation est convertie, témoigne Laurent Mauvillain, j’ai pu constater combien il faut s’adapter aux types de sol et à la météo». Même s’ils concèdent qu’il leur faudra supporter quelques adventices par ci par là, les adhérents de la cuma sont attachés à avoir des vignes propres. D’où cette volonté de bien maîtriser le désherbage mécanique.
Centrale indépendante
Pour que les outils hydrauliques soient interchangeables, ils ont tous été choisis avec une central indépendante. Le parc comprend essentiellement plusieurs châssis Solemat et Orizzonti avec éléments interchangeables (lames, disques, etc). On compte aussi un rotofil, qui permet au moins de limiter la végétation quand le sol est trop frais pour être travaillé. Il assure au passage un épamprage. La cuma de Braud et St Louis s’est d’ailleurs associée avec une autre du secteur pour se fournir en fil de rechange, avec une remise appréciable. La déclaration de récolte a servi de base au calcul des engagements et de la facturation des charges fixes. Par contre, chacun sera responsable de ses pièces d’usure.
Ces deux cuma ont été livrées fin 2020-début 2021, le gros des premiers hectares aura lieu au printemps 2021. A suivre…
En complément :
Conséquences de l’interdiction du glyphosate en arboriculture et viticulture.
Une journée technique « Zéro herbicide en vigne, c’est possible ».