Dans le quotidien de 4 salariés de cuma du Puy-de-Dôme

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Dans le quotidien de 4 salariés de cuma du Puy-de-Dôme

Benjamin Domas, salarié de la cuma des Châteaux à Condat-Lès Montboissier dans le Puy-de-Dôme.

Quand on est employé dans une cuma, les journées se suivent mais ne se ressemblent pas, tant les tâches sont variées. Rencontre avec quatre salariés du Puy-de-Dôme aux parcours et aux aspirations différentes. Entre confiance des adhérents, liberté dans l’organisation du travail et désir, ou non, de s’installer, le statut de salarié en cuma reflète plusieurs réalités.

SOMMAIRE

Ces témoignages de salariés de cuma reflètent bien la philosophie du système cuma : celle du partage. Partage de matériels, partage de valeurs mais aussi partage de salariés. Selon un récent rapport de la fncuma (*), le salariat en cuma a le vent en poupe. « On note un fort développement de l’emploi salarié en cuma, principalement en CDI, avec 5 500 emplois. 40 % de ces salariés ont moins de 30 ans. D’autre part, plus de 10 % des cuma employeuses forment au moins un apprenti », peut-on lire dans ce bulletin. La Fédération départementale du Puy-de-Dôme n’échappe à cette tendance avec des salariés aux profils variés. Rencontres.

Benjamin : l’expérience et la liberté

À la cuma des Châteaux, située à Condat-lès-Montboissier, dans le Puy-de-Dôme, l’expérience et la jeunesse se côtoient. Avec Benjamin Domas, 36 ans, salarié agricole depuis 13 ans. Et Thomas Monery, 22 ans, employé, quant à lui, depuis peu. Ces deux profils se complètent.  À terme, un partage des tâches se profile. Il sera effectif à l’issue de la période de formation que suit actuellement Thomas sous la tutelle de son aîné.

Salarié en cuma depuis 13 ans

Benjamin, lui, n’a pas besoin d’apprendre son métier. Il le connaît par cœur et jouit de la totale confiance des adhérents de la cuma. Passé par Agri Emploi 63, il est « totalement hors cadre familial ». Il nourrit cependant une passion pour le monde agricole depuis toujours. Cela fait donc treize ans qu’il est salarié. Il n’échangerait pas sa place tant ce métier lui offre satisfaction et liberté. « Mon taux horaire est annualisé et je suis à 39 heures. Je vais faire logiquement beaucoup plus d’heures d’avril à novembre pour les ensilages, les moissons puis les semis. Ces périodes sont prioritaires dans mon planning et je m’efforce d’être le plus disponible possible », souligne-t-il.

Passionné de mécanique

« Et l’hiver, je ne travaille que trois jours par semaine », ajoute-t-il. Une organisation qui convient parfaitement à ce papa de deux petites filles. Car une fois la grosse période passée, le salarié se concentre sur le bricolage et l’entretien annuel des machines. Cela tombe bien pour ce passionné de mécanique. Quant à ses périodes de vacances, là encore tout est question de bon sens. « Je m’organise, comme pour le reste en fonction des besoins des adhérents. Je prends généralement des congés fin août à l’issue des moissons. » Et pour ce qui est de la communication, tout est très fluide. Les adhérents sont très à l’écoute et tiennent plus, selon Benjamin, « de collègues de travail que de patrons ».

Adrien et Maxime : objectif installation

Si pour Benjamin, l’installation n’est pas dans les plans, le projet de voler de ses propres ailes est bien souvent dans la tête des salariés. C’est le cas de Maxime Serindat, salarié de la cuma de Pont David basée à Bertignat. Ainsi que d’Adrien Senetaire, salarié de la cuma des Hautes Combrailles, domiciliée à Pontaumur. Respectivement âgés de 22 et 21 ans, les deux jeunes hommes ont fait le choix de s’aguerrir un peu avant de plonger dans le grand bain. C’est après un Bac STAV et un certificat de spécialisation (CS) en élevage laitier que Maxime est embauché en 2019 directement à l’issue de ses études. Parcours similaire du côté d’Adrien, titulaire d’un brevet professionnel responsable d’entreprise agricole (BPREA) et d’un CS en mécanique. Il rejoint la cuma en qualité de salarié après y avoir passé son apprentissage.

Les salariés de cuma projettent de reprendre la ferme familiale

Tous deux issus du milieu agricole, ils ont l’ambition de reprendre la ferme familiale. Pour Maxime, « l’idée est de reprendre la ferme de mon papa à 1 000 mètres d’altitude en salers croisement charolais avec un objectif d’agrandissement. Mais pour l’heure, ce n’est pas complètement possible, je suis donc installé de mon côté sur une petite surface de 15 hectares en race salers et j’ai un contrat annualisé à la cuma ». Côté organisation, « c’est la météo qui commande mais généralement, je tourne chez les adhérents de la cuma en fonction des besoins et la période printemps et été est toujours plus fournie ».

Une organisation solide

Côté planning, l’histoire est bien huilée puisque « le planning s’établit deux mois à l’avance et que les relations entre les adhérents sont très bonnes ». Et, il vaut mieux puisque le jeune homme, soutenu par un saisonnier à la grosse saison, tourne sur une quinzaine d’exploitations. De son côté, Adrien nourrit aussi le souhait de s’installer dans les prochaines années sur la ferme de ses parents apportant sa pierre à l’édifice familial par le biais d’un agrandissement de cet élevage bovin viande charolais. Une exploitation sur laquelle il est déjà puisqu’adhérente à la cuma des Hautes Combrailles et faisant partie des trois exploitations sur lesquelles le jeune homme intervient régulièrement.

Une certaine liberté pour les salariés de cuma

« Je connais bien les exploitations sur lesquelles je travaille, la confiance est donc tout à fait de mise. J’interviens selon les demandes et selon la saison avec un été consacré aux travaux des champs et un hiver plutôt dédié à l’entretien des machines. Ce que j’apprécie le plus dans ce boulot, c’est le contact et la liberté que j’ai la chance d’avoir. Cela permet aussi de se faire une expérience », toujours un plus dans un métier en constante mutation.

Lucas : une double activité pour une seule passion

Des salariés de cuma ou mis à disposition dans le cadre d'un groupement d'employeurs.

Pour Lucas Barrier, tant qu’il trouve ce qu’il aime dans son métier de salarié, il « continue ».

À 29 ans, Lucas Barrier est salarié mis à disposition dans le cadre d’un groupement d’employeurs à la cuma de Tortebesse et à la cuma de l’Emery (Prondines). Non issu du milieu agricole, il a pris goût au domaine grâce à un oncle agriculteur et c’est donc naturellement qu’il s’est orienté vers un bac pro conduite et gestion d’exploitation agricole (CGEA) avant de travailler pour le service de remplacement. Quand l’occasion de travailler au sein d’un groupement d’employeurs s’est présentée, « je l’ai saisie y voyant l’opportunité de me faire une nouvelle expérience ».

Quand les salariés de cuma ont aussi leur propre activité

Il partage aujourd’hui son temps entre son planning dans les cuma et sa propre ferme de 25 vaches allaitantes, située à Bourg-Lastic, étendue sur une quarantaine d’hectares. Une double activité qui nécessite une organisation rigoureuse : « Plusieurs jours par semaine, j’assure la traite matinale de 5 à 7 heures chez l’un des adhérents puis j’enchaîne sur ma journée de huit heures. En fonction des périodes d’activité, j’interviens plus ou moins et le reste du temps je me consacre à ma propre activité. » Une flexibilité rendue possible grâce à « des patrons très arrangeants ». Pour lui, pour l’instant, pas question de changer. « Tant que je trouve ce que j’aime dans mon métier de salarié, je continue. »

Pour plus d’information, retrouvez aussi ces articles sur www.entraid.com

(*) La fncuma publie tous les deux ans les chiffres clés des cuma. Issus des datas du réseau cuma alimentées par les logiciels utilisés par plus de 90 % des cuma, ils montrent toute la dynamique de ces coopératives dans le paysage agricole français.

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