Pas moins de 15 cuma du Cher ont passé le cap d’investir dans une solution de désherbage mécanique, courant 2018-2019, afin de satisfaire aux besoins de leurs adhérents. Cette vague d’acquisition traduit une volonté de réduire les produits phytosanitaires. Une manière de répondre aux divers problématiques dans le domaine du désherbage: résistance des adventices, suppression des matières actives. Les matériels achetés: 2 herses roto-étrilles, 12 herses étrilles, 4 bineuses de précisions.
Réduire progressivement les phytos
Dans la majorité des cas, la technique de désherbage mécanique est utilisée en complément de la lutte chimique. Cette stratégie vise à réduire l’utilisation des phytos. Mais l’adoption du désherbage mécanique peut aussi être la condition pour développer de nouvelles cultures avec un cahier des charges strict.
Du quinoa zéro désherbant chimique
La cuma de Mornay Berry a ainsi fait l’acquisition d’une bineuse avec guidage par caméra optique pour la production de 80ha de quinoa, qui demande zéro désherbage chimique. Pour Frédérique Hanquiez président de la cuma, l’appui de la cuma a été essentiel: «Sans la cuma, je n’aurais jamais pu répondre à ce marché de niche qui est une réelle opportunité pour nos exploitations. De plus, étant novice dans cette nouvelle production, on avance à plusieurs et on se sent plus en sécurité.
Cette opportunité ouvre aussi la possibilité d’utiliser le matériel sur nos autres cultures. Sans le quinoa ont aurait jamais fait le pas aussi vite.» La question que beaucoup d’agriculteurs posent aux conseillers du réseau cuma est la suivante: «Comment mettre en œuvre cette technique du désherbage mécanique sur le terrain, en collectif, et quels outils utiliser face aux contraintes pédoclimatiques?»
L’organisation, clé de la réussite
Le premier élément de réponse est l’organisation, pour intervenir au bon moment. Aujourd’hui chaque cuma travaille bien sûr différemment, mais on observe trois modèles d’organisation:
- La cuma pour se faire la main: des adhérents s’engagent sur une partie de leur surface pour se faire la main sur le matériel, ou sur des outils dont ils ne se serviraient pas systématiquement en conventionnel. La cuma est ainsi un lieu de partage de connaissances, de conseils, entre adhérents, tout en ayant une sécurité sur l’investissement. Un accompagnement technique du groupe est possible en s’inscrivant dans les démarches des groupes dits «30000» ou en GIEE (groupement d’intérêt écologique et environnemental).
- La cuma avec toutes options: la cuma mutualise l’ensemble du panel de désherbage (herse, houe, bineuse) ce qui permet à l’adhérent, quelle que soit la situation (type de sol, culture), d’avoir un matériel disponible au même tarif que les autres.
- La cuma en chantier de désherbage: une organisation poussée (chantier collectif, mise à disposition de main d’œuvre, tracteur) permet d’optimiser la surface de travail et l’efficacité des matériels.
«Avant de se lancer dans la technique, il faut savoir si nous avons du temps disponible pour intervenir dans le bon créneau, afin d’être efficace», nous précise Johann Coquery, président de la cuma des Chênes. «Dans notre cas nous avons opté pour le chantier collectif (semis-désherbage), car on ne souhaite pas s’arrêter de semer quand il faut désherber au moment le plus propice» (72 heures à 92 heures après le semis).
Des matériels innovants permettent la mutualisation
Les débits de chantier ont longtemps été un frein au désherbage mécanique. Les innovations technologiques ont rendu les outils performants. Le guidage par caméra permet notamment de biner du blé à plus de 10km/h. Les performances des outils de désherbage mécanique sont désormais optimisées. Et ils sont capables de s’adapter à un grand nombre de cultures et de situations. Notamment, les herses étrilles à réglage automatique, un système permet d‘automatiser la profondeur de travail de chaque dent. L’outil travaille de manière homogène en prenant en compte la topographie et la dureté du sol.
Ces systèmes innovants font gagner en précision et en rapidité de travail. Cependant ils sont onéreux à amortir à l’échelle d’une exploitation. Les cuma offrent une solution efficace pour apporter un cadre sécurisé aux agriculteurs. Et les accompagner vers ces nouvelles pratiques afin de maintenir la triple performance de leur exploitation. Le réseau des cuma accompagne aussi ce mouvement, en proposant des démonstrations et des conseils personnalisés.
Des dispositifs pour l’accompagnement des groupes innovants
Deux dispositifs, GIEE et groupe Ecophyto 30000, permettent de financer l’accompagnement technique des groupes qui s’engagent dans la transition agro-écologique. Une opportunité à saisir pour les cuma! La fédération régionale accompagne ainsi déjà deux cuma labélisées GIEE.
Les accompagnements peuvent porter sur la mise en place de techniques ou de systèmes innovants permettant la réduction de l’utilisation des phytos (désherbage mécanique, semis sous couvert, introduction de nouvelles cultures…); l’amélioration de l’autonomie alimentaire (développement de mélanges, de cultures protéiniques…).
Le projet d’acquisition d’un matériel spécifique peut être l’occasion d’engager ce type de démarche. Le dispositif assure le financement partiel du conseil et du suivi défini avec la cuma et mis en œuvre par la structure d’accompagnement. Un suivi et un conseil par exploitation sont prévus. L’accompagnement peut se dérouler sur 3 ans.
Une cuma peut ainsi présenter un projet au bénéfice d’une fraction de ses adhérents, sans engager les autres. N’hésitez pas à vous rapprocher de votre animateur cuma pour en savoir plus.
Article extrait du numéro spécial Entraid’ Centre Val de Loire – Octobre 2019.
En complément: GIEE et cuma: même combat.