Le nombre d’exploitations décline toujours. Elles sont moins nombreuses et plus grandes. Entre 1990 et 2010, la SAU moyenne des exploitations de plus de 100 ha est passée de 156 à 175 ha. Mais avec des variations profondes entre productions.
Ainsi le nombre d’exploitations céréalières entre 2000 et 2010 n’a pas baissé. Et leur taille a proportionnellement augmenté moins vite que les autres exploitations.
A l’inverse, dans l’élevage laitier, la part des petits troupeaux a fondu au profit des moyennes et grandes étables. Les changements de productions, caractérisés dans certaines régions par de nombreuses cessations laitières, ont sans doute alimenté un phénomène de « vases communicants ».
Des exploitations qui se différencient
Les auteurs de la note économique publiée par le Ministère de l’agriculture ont étudié la stratification des exploitations selon leur taille économique. Pour chaque filière de production (OTEX(1)), les statisticiens ont retenu trois groupes d’exploitations en fonction de leur capacité de production (PBS(2)) : le top 10 des «plus grandes», les 40% «moyennes» et les 50% des «plus petites». Précision : la SAU n’est pas le seul critère pour catégoriser la taille économique d’une exploitation. Ex : une exploitation 20 ha en maraîchage sera considérée grande.
Rationalisation du travail
Dans le top 10, les exploitations viticoles et hors-sol (porcins, volailles et autres granivores) sont sur-représentées. Ces grosses structures concentrent l’essentiel de l’emploi salarié. Ainsi, les exploitations viticoles emploient 21% de la main-d’œuvre agricole totale, mais plus de 36% de la main-d’œuvre salariée.
A contrario, dans les petites exploitations, l’emploi salarié et non salarié est en décroissance. Les exploitations les plus grandes emploient davantage de main-d’œuvre. Toutefois, «la dimension économique augmente plus vite que la main-d’œuvre en moyenne, de sorte que le potentiel de production par unité de travail augmente de façon significative avec la taille», préviennent les auteurs de la note. Et ceci, quelle que soit l’OTEX.
Plus de 200 K€ de capital/UTA
En termes de capital d’exploitation «hors foncier», on observe aussi de grandes disparités selon les productions. En céréales, bovins et hors-sol, le capital d’exploitation est plus élevé. Il dépasse en moyenne les 200.000 €/UTA (3). Avec parfois des effets de seuil. Ce niveau de capital par unité de travail augmente clairement avec la taille économique de l’exploitation. Même chose pour l’endettement.
Quant à la rentabilité des exploitations mesurée en EBE(4)/UMO (5) non salariée, elle progresse aussi avec la taille. La probabilité d’avoir un EBE négatif est moins importante si l’exploitation fait partie du Top 10. Toutefois, cette tendance statistique est parfois contredite sur le terrain. On rencontre assez souvent des exploitations de tailles modestes qui parviennent à dégager un revenu positif grâce à une bonne maîtrise technico-économique et à une grande cohérence des investissements, souvent limités.
De fortes disparités
L’agriculture demeure plus que jamais un secteur économique hétérogène. Car en parallèle des structures de production qui grossissent et se modernisent, on voit aussi éclore en périphérie des villes, des micro-exploitations où travaille une seule personne. S’y installent par exemple des maraîchers ou des producteurs de volailles fermières en circuits courts qui recourent à peu d’investissement en foncier, en matériel ou en bâtiment.
Le panorama agricole se prête donc mal à une lecture monolithique. Mieux vaut prendre des pincettes pour décrypter les profondes mutations en cours.
(1) OTEX : orientation technico-économique des exploitations (indicateur de spécialisation économique des exploitations)
(2) PBS : production brute standard (potentiel de production des exploitations permettant de les classer selon leur dimension économique)
(3) EBE : excédent brut d’exploitation
(4) UTA : unité de travail agricole
(5) UMO : unité de main-d’œuvre
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