Sylvie Méchin, précurseure de la féminisation viticole

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Sylvie Méchin, précurseure de la féminisation viticole

Sylvie Méchin cumule deux fonctions essentielles au sein de la cuma la Colette. Elle est trésorière mais aussi gestionnaire du site de retraitement des effluents.

Sylvie Méchin est installée dans le Cher depuis 1980 en tant que viticultrice. Elle cultive 7,5 ha de vignes bio à Saint-Satur, sur l’AOC Sancerre. Mais elle est aussi très active au sein d’une cuma depuis 2008, en tant que trésorière et responsable de la station de traitement des effluents.

Aujourd’hui trésorière de la cuma et responsable de la station de retraitement des effluents, Sylvie Méchin ne vient pas du milieu viticole. Elle n’a pas non plus suivi de formation particulière dans le domaine de la viticulture. Elle s’installe néanmoins sur l’exploitation familiale de son mari en 1980. « À cette époque, j’étais l’une des seules femmes à avoir un statut d’associée exploitante », se rappelle la viticultrice. Elle poursuit :  « Il n’y a pas eu de difficulté particulière sur l’exploitation en tant que femme, seuls les voisins étaient surpris de voir une femme au volant d’un enjambeur dans les vignes, d’autant plus quand j’étais enceinte. » En 2003, elle s’engage dans l’Union viticole sancerroise. Elle est la première femme à y siéger. Ce qui représente une certaine reconnaissance de son travail. Son investissement se concentre alors dans les commissions de terrain, notamment sur l’intégration environnementale des exploitations viticoles de l’appellation.

Un projet de station de retraitement des effluents

Plusieurs viticulteurs s’engagent en 2008 dans un projet de grande ampleur sur le traitement des effluents viti-vinicoles des exploitations. Ils créent alors la cuma de la Colette dans l’objectif de traiter les effluents d’une soixantaine de viticulteurs du Sancerrois. Soit plus de 1 400 ha de vignes pour 65 exploitations.

Lors de l’AG de constitution, Sylvie est nommée secrétaire. La cuma acquiert un terrain en plein cœur du vignoble afin d’y installer une station de retraitement des effluents. Elle investit dans le système Cascade Twin dont le process est de traiter les effluents phytosanitaires grâce à la biomasse aérobie (de type stockage aéré). Une technologie développée par Agro Environnement et Bucher Vaslin. Ce procédé permet de traiter sous certaines conditions les deux types d’effluents : phytos et viti-vinicoles.

La station de traitement des effluents de la cuma la Colette.

La cuma investit dans une station de retraitement des effluents viti-vincoles et phytosanitaires.

Un challenge professionnel à relever

Lors des vendanges 2010, la coopérative met en service son installation. Les adhérents se rendent compte alors du temps nécessaire pour la maintenance du site. « Lors de la planification du projet, nous avions sous-estimé ce poste », se souvient Sylvie. C’est tout naturellement qu’elle prend en charge la gestion du site. C’était un vrai challenge de faire éclore ce projet et une certaine fierté d’en avoir la charge. Elle a suivi ce dossier de A à Z. Dès le départ, la vigneronne s’investit à 200 % dans la gestion du site de la cuma.

« En 2011, j’ai priorisé mon temps sur la cuma pour que l’outil soit fonctionnel. Sur l’exploitation, nous avons dû embaucher temporairement de la main-d’œuvre pour compenser mon manque de présence. » Ses missions sur le site sont multiples : contrôle visuel de l’installation tous les deux jours, contrôle des dispositifs de sécurité, maintenance du site en période de vendanges tous les jours, vérification de l’absence de rejet pendant le traitement des effluents phyto, astreinte en cas de panne, analyse des matières et tenue d’un registre sur les apports et les sorties d’effluents.

Femme engagée

Depuis dix ans, Sylvie occupe deux postes clés pour la cuma de la Colette, puisqu’en 2013 elle prend le poste de trésorière en plus de celui de gestionnaire de la station de retraitement des effluents. Elle apprécie ces missions et les réalise avec cœur, au même titre que ses missions à l’union viticole en tant que trésorière adjointe. Les adhérents lui ont toujours fait confiance. Les échanges se font avec bienveillance. « Si c’était à refaire, je le referais. La cuma c’est une grande famille qui permet de nouer des liens humains ». Elle n’a pas souffert d’attitudes sexistes : « J’ai eu quelques difficultés, mais seulement avec des techniciens de maintenance qui doutaient de mes capacités sur des aspects techniques, mais rien de plus. »

La transmission de ces engagements est désormais en cours. « En 2015, mon mari a pris sa retraite, indique-t-elle. J’ai donc fait évoluer ma façon de travailler en ayant davantage recours à des prestataires de services pour les travaux mécanisés. Cette solution me permet de réfléchir sereinement à la transmission de mon exploitation et mon départ en retraite. D’autant plus que notre fille n’envisage pas, pour le moment, de reprendre l’exploitation. »

Transmettre les connaissances pour la gestion de la station de retraitement des effluents

Le CA de la cuma anticipe depuis quelque temps la transmission des différentes missions occupées par la viticultrice. Au niveau du poste de trésorière, la passation devrait se faire facilement. La charge de travail est moindre et plus simple à intégrer dans un emploi du temps. Une femme adhérente de la cuma est d’ailleurs intéressée pour reprendre la suite. Reste à transmettre les connaissances.

Pour la gestion du site, la transmission est plus complexe. Malgré le fait que le système de la station de retraitement des effluents soit en partie autonome, cela demande néanmoins une astreinte journalière sur site (environ 300 heures/an). Et le sujet de traitement des déchets n’est pas très vendeur ! À cela s’ajoute un projet d’aire de lavage annexée à la station de retraitement des effluents. Ce qui nécessitera aussi des besoins de maintenance.

Aujourd’hui, différentes hypothèses sont dans la balance :

  • délégation du site à un prestataire ;
  • prise en charge d’un binôme d’adhérents ;
  • mise à disposition d’un salarié d’une structure…

La transmission du site sera l’un des derniers challenges que Sylvie entend relever au sein de la cuma. Car elle ne conçoit pas de partir avant qu’une solution pérenne soit trouvée pour  son remplacement.

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