Quand et comment est né ce projet de station de traitement d’effluents vinicoles?
M. Faugerolle: Ce projet de station de traitement des effluents vinicoles est né en 2012. Il est porté par M. Benillan maire de Blaignan, Mme Berrouet ajointe au maire de Saint-Yzan et moi-même maire de Couquèques. Etant tous trois viticulteurs, nous étions conscients des enjeux environnementaux dans nos exploitations, et dans cette optique nous avions le désir de gérer l’eau des chais. Pour réaliser ce projet, nous avons d’abord créé un collectif avec les viticulteurs du bassin Versant de Saint Yzan et nous sommes rapprochés de la fédération des cuma pour nous accompagner dans la réalisation.
Quelles ont été les étapes primordiales à la réalisation de cette station?
Mme Berrouet: Il a fallu trois ans avant de pouvoir arriver à la réalisation. Première étape: trouver un terrain accessible, proche d’un cours d’eau ou d’un exutoire, éviter les zones inondables et la proximité avec les habitations. Nous avons très rapidement été près de 60 viticulteurs motivés et engagés, ce qui nous a permis de dimensionner notre projet et ainsi partir sur la recherche d’un terrain de 1,5 ha. Deuxième étape: une fois le terrain trouvé, de nombreuses analyses ont été menées: sol, sous-sol, hydrologie, inventaire des espèces protégées. En 2014, après un retour positif de ces analyses, nous avons pu présenter notre projet en commission, avec enquête publique, pour l’obtention d’un arrêté définitif de droit d’exploitation. Troisième étape: nous avons lancé un appel à projet à la suite duquel nous avons décidé de travailler avec la société Agro Environnement. La station a été livrée en mars 2015 et l’inauguration a eu lieu en juillet 2016.
Comment dimensionner ce projet?
M. Barrere: Comme l’a dit Mme Berrouet, nous étions près d’une soixantaine de viticulteurs à vouloir nous impliquer dans cette démarche, soit près de 1.200ha. Avec l’aide de l’animateur de la fédération des cuma, nous avions estimé un rendement moyen de 50hl/ha et une consommation d’eau de 2,3l par litre de vin. Cette estimation nous a donné un volume d’effluents de 13.800m3. Grâce à ces données, nous avons pu dimensionner le bassin principal.
Comment avez-vous organisé la collecte des effluents vinicoles?
Mme Berrouet: Nous avons demandé à chaque adhérent d’avoir un volume de pré-stockage qui permette de garder les effluents une semaine chez lui. Nous nous sommes basés sur 100l pour 12hl d’effluents. Pour la collecte, nous étions d’abord partis sur l’embauche d’un salarié à 35h mais nous nous sommes rapidement rendu compte que la charge de travail n’était pas assez importante. Nous faisons appel aujourd’hui à un prestataire extérieur, qui conduit le tracteur avec la tonne à lisier de la cuma pour 20€/h ht.
Où en est la cuma aujourd’hui?
Mme Berrouet: Depuis la mise en route de la station, les récoltes ont été difficiles, nous n’avons pas encore pu faire marcher la station au maximum de sa capacité. Nous cherchons aujourd’hui à stabiliser le système, c’est-à-dire maîtriser les analyses d’effluents, ainsi que l’organisation de la collecte. Nous sommes très satisfaits du procédé de filtration des effluents, par oxygénation, car nous ne faisons appel à aucun produit. C’est un système simple et fonctionnel. Nous essayons au quotidien de sensibiliser nos voisins ainsi que nos adhérents au traitement de la totalité des effluents vinicoles mais aussi phytosanitaires, et pourquoi pas développer cette activité à l’avenir.
Quelques chiffres clés :
- Montant de l’investissement: 1.408.406€ (dont 60% d’aides)
- Nombre d’adhérents: 67 (à la création 57)
- Surface concernée: 1350 ha (à la création 1200 ha)
- Coût: 85 €/ha (à la création 105 €/h)
Article extrait du numéro spécial Entraid’ Gironde & Lot-et-garonne – Février 2020.