Un semis délicat de la plante silphie
Une expérience positive, malgré quelques frayeurs. En effet : « nous avons semé début mai, dans un sol réchauffé et en faisant en sorte qu’il y ait de la pluie derrière. La levée n’a pas été parfaite, loin de là. Procéder au semis est assez délicat avec la silphie. Les semoirs sont également assez spéciaux dans l’idée de procéder de façon optimale. Je n’avais pas le meilleur équipement de mon côté. Il faut également faire des faux semis et travailler le sol plusieurs fois pour s’assurer d’être méticuleux », relate Cyril Condomines.
Sa silphie a poussé de façon hétérogène. Les adventices parsemaient à foison la parcelle. « Il n’y a pas de désherbage homologué. C’est une culture relativement nouvelle. J’ai été obligé de broyer, par angoisse du salissement. Depuis septembre, le redémarrage se fait. C’est vraiment une plante de patience. L’année d’implantation est clairement inquiétante. Aujourd’hui, les lignes apparaissent enfin et la parcelle commence à être agréable à l’œil », se réjouit l’éleveur, sur les bons conseils techniques du cofondateur de silphie France Amédée Perrein.
Investir pour l’avenir
Un véritable pari sur l’avenir que n’a pas hésité à tenir Cyril Condomines. « C’est un engagement sur 15 ans, voire davantage. Ce qui correspond aussi à son prix : 1 200 euros à l’hectare. C’est une diversification bienvenue pour l’alimentation animale, venue remplacer le Sorgho chez nous. Elle nécessite très peu d’eau et est résistante aussi bien à la sécheresse qu’aux inondations… Sa capacité à s’adapter est vraiment impressionnante. Elle est également peu gourmande au niveau fertilisation et offre une qualité nutritive très bonne, aux alentours de 20 % de protéines », explique l’éleveur.
Au sein de la fdcuma de Dordogne, Cyril Condomines fait partie d’un ensemble d’éleveurs adeptes de la silphie. Tous échangent via un groupe WhatsApp, que ce soit entre eux ou avec Amédée Perrein. C’est le cas de Benoît Ramière depuis maintenant 4 ans. « J’ai rencontré Monsieur Perrein. Il m’a expliqué clairement le protocole à suivre pour les semis. J’ai planté sur un hectare. Et il y a 2 ans, j’ai semé deux hectares de plus. C’est une plante très vertueuse que je conseille évidemment pour la méthanisation », assure Benoît Ramière.
Quel mode de récolte pour la plante silphie ?
La valeur méthanisation de la silphie est semblable à celle du maïs au mètre cube. « Avec un énorme avantage : la récolte à l’hectare est plus importante. D’autant plus que c’est une plante qui va créer des bulbes au niveau des tiges à chaque coupe pour se multiplier. Alors que la première année, une silphie compte 5 à 6 tiges, à son plein potentiel, elle atteint 30 à 40 tiges, voire plus. Mon champ implanté il y a 4 ans est vraiment foisonnant », dévoile l’éleveur.
Le mode de récolte est à l’heure actuelle sa seule problématique. « Pour la méthanisation, il faut récolter une fois par an. Avec 78 à 80 tonnes de matières brutes à l’hectare et 300 000 tiges, sans oublier des pieds qui mesurent en moyenne 3,35 m, des vents qui couchent la plante… c’est un casse-tête pour la ramasser. Elle est victime de sa bonne santé », sourit Benoît Ramière.
Alors l’agriculteur a décidé de s’inspirer de l’alimentation animale : procéder à deux coupes par an. « La plante n’est pas couchée et enchevêtrée. On le fera début juin et fin septembre même si je sais que la valeur méthanisation sera moindre. Peut-être que le volume et la matière brute aussi. Mais tant pis. La récolte sera beaucoup plus aisée en attendant que des équipements adaptés soient acquis via des cuma par exemple. En Dordogne, il se plante de plus en plus de silphie, j’ai bon espoir que cela arrive », conclut l’éleveur.
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