Le séchage du foin grâce à la méthanisation, c’est possible ! Jules Charmoy dirige avec sa compagne une exploitation de polyculture élevage en Dordogne. Il cherche à nourrir son troupeau de limousines en valorisant au maximum les prairies, afin de tendre vers l’autonomie fourragère. « Nous avons malheureusement des terres humides et froides, dans lesquelles il est difficile de réussir du foin de qualité ». Il a donc exploré les solutions de séchage, en allant visiter des installations dans différentes régions de France.
En parallèle, il cultive aussi le souhait de tendre vers l’autonomie énergétique. Il s’est précédemment investi dans l’huile carburant et dans l’estérification des graisses animales, deux filières qui ont perdu de leur pertinence. Puis il a monté avec d’autres partenaire une SAS vouée à la méthanisation, Méthacycle, qui transforme notamment les effluents de l’élevage.
Séchage du foin grâce à la méthanisation
Et c’est dans le montage du projet que le lien s’est fait avec le séchage de foin : « Nous cherchions à valoriser la chaleur issue du groupe électrogène, et l’idée d’une plateforme de séchage multiservices est apparue intéressante pour les partenaires de la SAS ». En effet, outre son élevage, et des agriculteurs voisins, on y trouve une coopérative bio qui collecte des céréales destinées à l’alimentation humaine, la Corab, et une sarl de négoce filiale de la fdcuma, Agrocycle. Elle aussi a besoin de sécher, du grain cette fois.
Un projet global
« Nous avons conçu le projet dans sa globalité, la méthanisation et le séchage. Un dossier pas facile à boucler mais entre la Région, le Département et l’Agence Bio, les aides nécessaires ont être décrochées. Le séchoir valorise la chaleur de refroidissement du cogénérateur via un échangeur. Un déshumidificateur est également présent dans le circuit. Il fait gagner 10°C, mais il n’est pas toujours nécessaire de l’activer. L’air de séchage bénéficie également d’un préchauffage substanciel grâce à une toiture solaire qui est partie prenante du bâtiment. Celui-ci possède deux espaces : d’un côté une classique grange à foin avec sa griffe de manutention, et de l’autre trois cellules avec plancher perforé (système Les Mergers), pour le reste des produits. Le séchage s’y réalise au sol, et la manutention est effectuée au godet.
De la viande d’herbe
Grâce aux associés de la SAS et à d’autres clients, le séchoir tourne presque toute l’année. Pour l’herbe, le résultat est indéniable : « J’obtiens un fourrage de très bonne qualité selon les critères classiques, sans compter les vitamines et autres composants qu’on devine dans cette herbe très verte. Le séchage permet vraiment de produire de la viande à partir d’herbe, comme le souhaitent de nombreux consommateurs ». Cette herbe est récoltée à 50% de matière sèche, avec une autochargeuse simple, choisie pour son faible poids vu la fragilité du terrain. Entre deux fauches, Jules Charmoy sèche aussi de l’herbe en prestation. Elle est alors reconditionnée en balles rectangulaires grâce à une presse fixe.
Séchage de grain et de bois
Du côté des cases, différents produits peuvent bénéficier d’une cure d’air chaud. A ce jour, après une saison et demie, l’installation a vu passer des céréales et du tournesol de la coopérative partenaire et de l’exploitation, notamment de blé destiné à la panification, des noix de l’exploitation, et, en prestation, du bois broyé issu de déchetterie. Un faisceau de partenariats locaux contribue à compléter l’agenda du séchoir. Un automate aide à piloter la conduite du séchage, à partir des informations venant de sondes d’humidité. C’est un domaine où un apprentissage reste nécessaire. L’Agence Bio finance d’ailleurs un suivi pour affiner les paramètres et faire gagner du temps aux futurs gestionnaires d’installations similaires.
Après la méthanisation, le tracteur au gaz en ligne de mire
Dans les années qui viennent, la méthanisation permettra peut-être à l’exploitation de Jules Charmoy d’accéder à plus d’autonomie énergétique, en plus de l’autonomie fourragère. Il faudrait toutefois que des véhicules à gaz arrivent sur le marché. L’offre reste à ce jour très limitée.
En complément :
Notre dossier Rayons X sur l’épandage du digestat et des effleunts d’élevage.