«La qualité des sols est le facteur le plus limitant après 1000 à 2000 ans d’agriculture. Nous n’avons aucune idée en Europe de l’Ouest de ce qu’est un sol qui fonctionne bien et combien de temps il faudra pour l’atteindre», explique Frédéric Thomas à son auditoire d’agriculteurs ce 21 janvier en Loire-Atlantique.
Lire les épisodes de cette série d’article :
Semis direct : Constat des besoins de changement et approche économique
Passage à l’action: bâtir des objectifs en mettant en pratique l’agriculture de conservation
Agriculture de conservation : Comment développer des sols performants ?
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Garantir la circulation de l’eau et de l’air
La monoculture et le fait de laisser des terres nues sont une agression biologique. Si le sol fonctionne, le semis direct marche. «Mais, parfois, le sol n’est pas prêt à recevoir cette technique», tempère le spécialiste. Travailler le sol peut donc être nécessaire pour le restructurer afin d’obtenir une structure en forme de pavés autobloquants. Objectif: favoriser la circulation de l’eau et la colonisation des racines tout en conservant la solidité.
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Comme on l’entend souvent de la part des pratiquants de l’agriculture de conservation, «il n’y a pas de dogme en la matière». Chaque sol évolue à son rythme et ce qui marche chez les uns peut se transformer en fiasco chez les autres.
Limiter le poids des machines et localiser le trafic
«Halte au tassement» est une injonction que l’on entend de plus en plus souvent, y compris dans la bouche des «non-pratiquants». Les sols cultivés sont soumis à rude épreuve avec des contraintes mécaniques croissantes dues à l’augmentation du poids des chantiers agricoles. Sur ce point, Frédéric Thomas conseille d’avoir une approche globale, que les Anglo-saxons nomment «Hollistic Management». «Peut-être mieux vaut-il perdre 15 mn et rater le transbordeur plutôt que de réduire à néant les efforts de toute une année pour préserver ses sols». C’est le trafic sur un sol travaillé qui est compactant: le sol est affaibli (désorganisation, terre fine, lissage), puis compacté par les passages répétés sur la parcelle.
Passer le relai à l’activité biologique
L’élevage de vers de terre reste le meilleur moyen d’organiser ses sols. Sans travail intensif et sans pesticides inadaptés, on compte entre une et trois tonnes de vers de terre à l’hectare pour 4000 à 5000 km de galeries. «Les vers de terre sont l’expression de l’activité biologique dans les sols (environ 25%) et remuent entre une et trois tonnes de terre par jour».
Les populations de vers de terre sont influencées par des facteurs comme le travail du sol (population divisée par deux en système labour) et la rotation (travail occasionné par la récolte de cultures sarclées et réduction de la fourniture de ressources alimentaires.
Etablir une stratégie d’équipements
L’un des premiers équipements pour le Sdiste, avec un plan de financement pas trop compliqué, est la bêche. Pour le reste, «il n’y a pas de machine idéale capable de tout faire dans toutes les conditions. Il faut par contre choisir celle adaptée aux conditions les plus souvent rencontrées sur l’exploitation», conseille Frédéric Thomas. Les petites machines et les petits tracteurs laissent une liberté de choix pour les outils. L’investissement en groupe reste le plus intéressant.
Gérer différemment le salissement et les ravageurs
«Vous allez changer de ferme», lance Frédéric Thomas. En se tournant vers l’agriculture de conservation, on quitte des problèmes qu’on avait bien inventoriés pour trouver d’autres soucis. En semis direct, si les résidus sont un obstacle immédiat (semis, adventices, ravageurs), ils sont un atout dans le temps (humidité, matière organique, fertilité biologique).
La qualité du semis commence avec la récolte et la répartition des pailles et des menues pailles. «Mieux vaut une bonne moissonneuse-batteuse qui fait bien son travail plutôt que passer le déchaumeur». Plus on broie fin, plus les pailles se décomposent rapidement. C’est un mode de gestion du niveau du mulch. Avec des brins larges, la décomposition est ralentie mais avec moins de pression sur l’azote dans les sols.
Les graines d’adventices s’épuisent très doucement et lèvent à 1 cm de profondeur. Les graines de ravenelle par exemple peuvent vivre 40 ou 50 ans. Le semis direct ne garantit pas un avenir sans ray-grass, «mais il y en aura moins», explique Frédéric Thomas, la nature ayant horreur du vide. En semis direct, c’est la rotation qui remplace la charrue pour la gestion du salissement. Elle permet d’anticiper et de limiter les maladies et ravageurs.
S’il n’y a pas de règles en matière de salissement, Frédéric Thomas explique que «97% des adventices sont contrôlées grâce à la rotation et au semis direct. En deux ans, 80% des graines à la surface du sol sont éliminées».
Face à un problème de ray-grass, il est obligatoire de s’en sortir, même si économiquement ça n’est pas rentable. Face à la problématique, deux méthodes : soit on laboure et on enterre (on repousse le problème), soit on change la rotation pour «brouiller les pistes».
Développer des couverts
«Les racines remplacent l’acier et la photosynthèse le gasoil, les nodosités remplacent l’urée et la diversité une partie des produits phytos».
Deux principes: couvrir les sols en interculture et semer tôt et bien. Le couvert a un coût qui doit être vu comme un investissement et une culture à part entière. Les semis des couverts doivent être faits le plus tôt possible avec l’humidité résiduelle présente dans le sol après moisson. Ils sont compliqués à implanter; pour les soigner, «un semoir à dent est presque indispensable».
A condition de semer en amont, la grosse période de croissance de la biomasse intervient entre le 15 septembre et le 15 octobre. «On est souvent déçu des couverts à la sortie de l’été quand c’est sec, mais en réalité ils se développent davantage au niveau racinaire. Puis à l’automne, avec l’eau, la biomasse se développe », rassure Frédéric Thomas.
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